Depth of field 1 – Enjo

depth of field 1 enjo
Enjo 苑生
ISBN: 9782368776070
Boy’s love IDP, 2018
ISBN: 9784813031611 (JP)
Taiyohtosho, 2017 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: un peu

Shûichirô a abandonné ses rêves pour comprendre un ami cher. Son contact avec le franc Konno va-t-il lui redonner goût à sa passion?

Enjo sensei narre la romance entre un passionné de photographie qui profite pleinement de son passe-temps et un passionné de musique qui a tout abandonné suite à un traumatisme. Elle prend son temps pour approfondir la psychologie de ses personnages. Le narrateur principal, Hayakawa Shûichirô, est tiraillé entre divers sentiments qu’il éprouve au contact de Konno Ryôhei. D’ailleurs, n’arrivant pas à contrôler ses émotions, il tentera de les imposer violemment à son nouvel ami. L’auteure plonge vite le lecteur dans le passé de Shû, décrivant l’isolement qu’entraîne son don pour la musique et les différences sociales. De même, elle met en avant le comportement des gens envieux : le côté sombre de Yamashita se dévoile au fur et à mesure. Malgré son agression, Kon cherche à comprendre son ami perturbé. Ce comportement peut paraître un peu irréaliste, mais amorce parfaitement la suite du récit.

La mangaka utilise des traits fins assez réalistes. Elle transcrit parfaitement le sourire hypocrite de Shûichirô et le regard profond de Konno. Elle détaille également les décors. Le regard vide de Shû quand il perd pied contraste avec la douceur qu’il dégage face à la musique. Les trames d’ambiance ajoutent parfois une touche poétique ou humoristique. De même, Enjo sensei n’hésite pas à simplifier ses traits pour renforcer les moments amusants. Elle s’attache aux détails et son approche très esthétique se révèle dans ses vignettes. Ainsi, elle varie les angles de vues, les trames et transcrit graphiquement les émotions. Le découpage presque cinématographique dynamise la mise en page. Les scènes érotiques jouent sur les cadrages pour éviter la censure et ne montrent pas entièrement les parties intimes. La couverture attire le regard par sa composition simple et esthétique, illustrant le titre.

En résumé

Se rendant souvent sur le toit du lycée pour sécher les cours ou tuer le temps, Hayakawa Shûichirô a sympathisé avec Konno Ryôhei. Ce dernier est réputé d’un abord difficile, mais en réalité, ce passionné de photographie est tout simplement direct et franc. A force de voir son ami s’épanouir dans son passe-temps, Shû est partagé entre admiration et jalousie. En effet, il a décidé d’abandonner sa passion pour la musique. Alors il cumule les aventures avec les filles, et même les femmes plus mûres de l’école, afin d’oublier sa passion. Mais tandis qu’il se consolait auprès de la docteure de l’école, il est surpris par Kon qui cherchait un coin pour dormir. Son ami s’éclipse discrètement, mais Hayakawa se met alors à imaginer son ami à la place de sa partenaire actuelle…

En conclusion

Ce tome a obtenu la quatrième place du meilleur nouveau venu au Chill Chill BL award 2018. Il fait partie d’un diptyque, s’appréciant pleinement en lisant les deux volumes à la suite. Même s’il y a quelques faiblesses scénaristiques sur le développement de la romance, l’esthétique prenant beaucoup de place, ce manga est prenant.

Crazy fruits – akabeko

crazy fruits akabeko
akabeko
ISBN: 9782368777084
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784396784416 (JP)
Shodensha, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: un peu

Une plongée dans l’univers de la prostitution où l’amour a peu de place.

Dans ce recueil, akabeko sensei s’intéresse au milieu de la prostitution en suivant deux couples en devenir. Elle donne un aperçu cru, sans filtres des clubs d’hôtes et dépeint les brimades entre hôtes, les traumatismes, les viols et le manque de sécurité de ces métiers de la nuit. Ses personnages ont des personnalités assez complexes, même si le format court ne permet pas de les approfondir. L’amour se découvre par le sexe, sans forcément de sentiments. L’auteure maîtrise suffisamment son scénario afin de transmettre l’essentiel pour comprendre les contextes. Le second récit, qui occupe l’autre moitié du tome, propose une romance plus douce questionnant la différence d’âge.

La mangaka a un trait sensuel, légèrement anguleux. Les visages sont plutôt carrés, avec des yeux allongés et tombants. Elle traite les cheveux par des aplats noirs ou blancs. Il y a peu de décors et quelques trames d’ambiance. akabeko sensei ne censure par les scènes érotiques, détaillant même les différentes actions préliminaires.

En résumé

Crazy fruits / Crazy fruits – Spin off / Bonus track: Grâce à sa beauté, Ringo est le call-boy n°1 du club gay Fruits. Fier, il n’hésite pas à refuser un client trop insistant. Bien que le garde du corps Okura lui propose de le raccompagner, il préfère rentrer seul mais tombe sur le client éconduit qui l’attaque au cutter et le défigure. Ayant perdu tous ses clients, le jeune homme est remercié. Mais le banal Okura continue à prendre soin de lui. De son côté, le patron du club se rappelle sa rencontre avec Léo, un hôte hétérosexuel qu’il avait initié de force au plaisir anal, alors que ce dernier était brimé par ses collègues. Il le retrouve par hasard dans un bar…
La maison où tu es: Depuis le départ de sa femme, Banzai (40 ans) se laisse plutôt aller. Travaillant à domicile, le programmeur néglige complètement l’entretien de son appartement. Son ami lui recommande alors une agence de service d’entretien à domicile. Quand il voit le jeune Chiaki Minami se présenter, le quarantenaire doute d’abord de ses compétences. Mais devant son efficacité, il finit par être touché par l’entrain de l’homme de ménage…

En conclusion

Crazy fruits a obtenu la première place dans la catégorie BL profond au Chill chill BL awards 2019. Malgré l’impasse sur les sentiments, j’apprécie beaucoup ce titre. Comme Kano Shiuko sensei, l’auteure aborde les métiers du sexe sans pour autant embellir son approche. Les histoires sont avant tout sexy. Un titre qui donne envie de découvrir les autres œuvres de l’auteure.

Smells like green spirit : side B – Nagai Saburo

smells like green spririt side b nagai saburo
NAGAI Saburo 永井三郎
ISBN: 9782368776438
Boy’s love IDP, 2019
ISBN: 9784893938060 (JP)
Fusion product, 2013 (JP)
Manga
Ero-mètre: pudique
Recommandation: absolument

Des adolescents qui peinent à trouver leur voie, coincés entre ce qu’ils aimeraient être et les attentes de leur famille.

Dans ce second tome, Nagai Saburo sensei prend un ton plus dramatique. Elle aborde le thème de la pédophilie, de la tentative de viol et des traumatismes qui en découlent, ainsi que les conséquences des rumeurs suite à des quiproquos. Par ailleurs, elle décrit le changement des relations suite à un évènement traumatisant, la souffrance du rejet, le problème d’acceptation de soi ou de l’autre. Elle détaille également les réactions différentes des trois mères, entre acceptation, interrogation et refus total. L’auteure reste pudique sur la relation et les sentiments. La narration donne le point de vue de Mishima qui personnalise légèrement la conclusion des chapitres en partageant ses réflexions. La fin permet de découvrir ce que les trois héros sont devenus plus tard en prenant des chemins différents. En bonus, une anecdote sur Yanagida et le père américain de Tarô détend l’atmosphère lourde.

La mangaka apporte un travail particulier sur les regards. L’expressivité est poussée et permet de comprendre immédiatement le ressenti des personnages. Les trames d’ambiance se font plus discrètes. Le jeu des clairs-obscurs est privilégié avec le fond noir qui appuie la narration, les ellipses ou les souvenirs. La dynamique de la mise en page est avant tout au service du récit et sert également la lecture. Ainsi, Nagai sensei s’attarde principalement sur les détails des gestes. Les illustrations de début de chapitre sont très expressives, en rapport avec l’humeur du récit.

En résumé

Alors que Mishima Futoshi rentrait à pieds, son pneu de vélo étant crevé, il est accosté par le professeur Yanagida en voiture qui lui propose de l’aider. Sentant le danger, Kirino Makoto et Yumeno Tarô partent à sa recherche. Arrivés dans une usine désaffectée, le professeur lâche toute sa frustration sur le lycéen terrorisé puis l’agresse. Les deux autres garçons arrivent juste à temps pour empêcher l’irréparable. Fou de rage, Yumeno se jette sur le professeur pendant que Kirino libère leur ami. Mais alors que Tarô voulait avertir l’école, Mishima l’arrête. Yanagida disparaît alors sans laisser de traces…

En conclusion

Je trouve la métaphore de la boîte de pandore bien trouvée. L’auteure donne une vision assez réaliste de l’homosexualité adolescente. Ce manga est très loin de l’homo-romance et donne plutôt une perception sociale de l’homosexualité en milieu rural. A lire, même si on n’est pas fan de BL!
Mise à jour: Ce tome a obtenu la quatrième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2014.

Smells like green spirit : side A – Nagai Saburo

smells like green spirit side a nagai saburo
NAGAI Saburo 永井三郎
ISBN: 9782368776421
Boy’s love IDP, 2019
ISBN: 9784893937483 (JP)
Fusion product, 2012 (JP)
Manga
Ero-mètre: pudique
Recommandation: beaucoup

Difficile d’être différent quand on vit à la campagne.

Nagai Saburo sensei décrit, par tranches de vie, les difficultés que rencontrent les adolescents campagnards qui s’éveillent à une orientation sexuelle non hétéronormée. Parallèlement au harcèlement scolaire, elle développe les dégâts engendrés par les rumeurs, la pression sociale renforcée et les spécificités de la vie à la campagne. Le rejet de la différence semble assez frontal, entraînant facilement des violences psychologiques ou physiques. Par contre, l’auteure évite de tomber dans le mélodrame. Justement, elle aborde avec finesse les réflexions de Mishima, Kirino et Yumeno tout en les faisant évoluer doucement. Elle reste dans une approche plutôt réaliste.

Le graphisme de la mangaka est particulier: ses traits fins et épurés sont assez variés. Parfois, certains personnages ont un côté caricatural, avec des expressions exagérées. D’ailleurs, dans les effet comiques, les visages sont complètement déformés. Les cadrages sont dynamiques. Les décors bien que très travaillés sont peu nombreux. Il y a quelques trames d’ambiance. Mais Nagai sensei privilégie le jeu des contrastes noir et blanc. Elle joue également sur des effets graphiques pour exprimer le mal-être, les perversités ou l’imagination des protagonistes.

En résumé

Dans un collège au fin fond de la campagne, Mishima Futoshi est souvent harcelé à cause de ses cheveux longs et de son air efféminé. Il a tendance à se laisser faire, se considérant comme homosexuel. Alors pour s’apaiser, la nuit, il se travestit en cachette. Un jour, les meneurs des assauts dans la classe, Kirino Makoto et Yumeno Tarô, vont beaucoup plus loin en lui coupant les cheveux. Pourtant, Mishima trouve qu’au final, cette coupe renforce son côté mignon. Pourquoi ont-ils fait ça?

En conclusion

Ce premier tome installe et approfondit la relation entre les trois personnages principaux et se termine en plein suspense. Il est donc difficile de ne pas se jeter immédiatement sur le tome suivant! Certaines paroles sont assez dures. Mais ce manga, qui s’éloigne des romances des gakuenmono et des BL habituels pour s’intéresser principalement au contexte, mérite vraiment l’attention.

Le rouge & le noir 2 – Katsura Komachi

le rouge et le noir 2 katsura komachi
KATSURA Komachi 桂小町
ISBN: 9782368777022
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: (JP)
Kaiohsha, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: beaucoup

Juste un peu d’amour dans ce monde de brutes.

Katsura Komachi sensei conclut son histoire avec ce deuxième tome mêlant tendresse et mélancolie. Une certaine intensité se dégage de son scénario, un évènement dramatique précipitant l’émancipation des deux héros. Pourtant, la relation entre les deux amis se met lentement en place, entre amour, dévotion et peur de l’avenir. L’auteure affine également la psychologie de chacun: Yamato a tendance à cacher ses sentiments profonds, Yukio fuit les siens mais ils finiront par se dépasser en faisant des choix parfois très difficiles. Elle boucle la fin de son récit avec le début de Rouge. Les trois derniers chapitres offrent une note plus légère en présentant des anecdotes et le regard de quelques personnages secondaires.

Les traits toujours aussi fins de la mangaka dessinent de beaux ikemen. Les trames d’ambiance se font discrètes, illustrant surtout les sentiments. De même, les décors semblent s’effacer pour mettre en avant les expressions ou les actions. Même si la mise en page est assez classique, elle est très efficace et accompagne le regard. Katsura sensei joue sur les vides et les blancs des cases. Comme elle met en avant les sentiments pendant les échanges amoureux, les scènes érotiques sont censurées par les angles de vue et les cadrages, en montrant le moins possible. La couverture et l’illustration de frontispice offrent un diptyque se répondant; le changement d’expression de Yamato est magnifique avec le jeu du lit de pétales.

En résumé

En froid avec Yahagi Yukio, Bidô Yamato (17 ans) demande à Kaga Ai de lui apporter de la glace dans son appartement. Face à son cadet essoufflé et dévoué, il l’invite à diner. Quelle n’est pas sa surprise en apprenant que ce dernier ne sait pas utiliser des baguettes. En effet, le lycéen vit souvent seul, abandonné par sa mère aux soins de ses ex. Il lui propose alors de faire le ménage ou travailler pour lui en échange du logis. Pourtant, il a bien conscience qu’il ne pourra exaucer tous les souhaits de son admirateur. Alors que Yamato sèche le lycée, Ai confie à Yukio son inquiétude pour son sauveur, ayant deviné que ce dernier affiche un sourire de façade…

En conclusion

Une petite touche positive se dégage à la fin de ce tome, donnant envie de découvrir comment le couple changera le clan. Justement, le récit abordant principalement les sentiments et l’évolution de Yamato et Yukio dans cet univers mélancolique et sombre, on en oublie presque qu’il s’agit d’un BL.

Le rouge & le noir 1 – Katsura Komachi

le rouge et le noir 1 katsura komachi
KATSURA Komachi 桂小町
ISBN: 9782368777015
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784796410304 (JP)
Kaiosha, 2017 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

L’histoire de Yamato et Yukio, à 17 ans, juste avant qu’ils ne deviennent yakuza.

Katsura Komachi sensei offre une préquelle de Rouge développant l’histoire des fils de yakuza Yukio et Yamato. Par contre, elle se contente d’installer, dans ce premier tome, le contexte de leur relation puis la situation du clan. Elle décrit également la psychologie de ses deux protagonistes. Alors que Yamato conserve un côté capricieux, il s’avère être mûr et réfléchi pour son âge. Yukio, quant à lui, est très intelligent mais se retrouve pris entre sa mission confiée par son père et ses sentiments. Leur relation est pour l’instant bancale, influencée par leur place dans le clan. La narration alterne entre les deux amis. Ce récit occupe la première moitié du volume, l’autre moitié étant consacrée à la suite de Rouge. Ai apporte une touche de douceur et d’humour dans cette romance assez sombre. Il s’ouvre de plus en plus et il est agréable de le voir s’épanouir avec Nagato.

La mangaka dessine des personnages longilignes aux traits fins. Elle a tendance à faire des oreilles pointues qui donnent un certain charme à ses personnages. De même, la bouche d’Ai est pulpeuse et ses différentes moues sont craquantes. L’absence de pupille dans le regard de Yamato lui confère un air très sensuel. Les décors sont très présents. Les trames servent principalement à la coloration et aux ombres, donnant un côté réaliste. De gros plans et les cadrages cachent les détails dans les scènes érotiques. Les illustrations couleurs sont magnifiques, surtout la double page mettant en avant les tatouages des deux lycéens, avec une dominance de rouge et noir.

En résumé

Le rouge et le noir: En fouillant dans le coffre-fort du bureau de son père, Yahagi Yukio (8 ans) découvre qu’il est un yakuza. Devenu adolescent, il rencontre dans leur jardin Bidô Yamato, le fils du chef de leur clan, tandis qu’il critiquait ouvertement les changements de direction du groupe mafieux. D’abord mis en garde par le visiteur, ils commencent par se bagarrer. Ils développent ensuite une forte amitié, allant jusqu’à se prêter allégeance en échangeant une coupe de saké. En effet, le père de Bidô étant atteint d’un cancer, son fils est déterminé à prendre la suite du clan. Yukio (17 ans) décide alors de suivre son ami, même dans le lycée de délinquants Yashima…
ROUGE Apprendre à aimer / High score night!! / La paume de ces mains: Au festival scolaire, Nagato entraperçoit une belle jeune fille en marinière. Alors qu’il a invité des camarades de son ancien lycée, il trouve ces dernières en compagnie de Kaga Ai. Au fil d’une discussion sur le passé de Nagato, Ai apprend l’existence de Rena, l’ex de Nagato. Légèrement jaloux, il craque ensuite en entendant la description de la fille qui a fasciné son amant quelques heures auparavant, se reconnaissant…

En conclusion

Cette préquelle est plaisante à lire, malgré l’ambiance assez lourde. C’est un réel plaisir de découvrir l’évolution positive du couple de Nagato et Ai. La relation entre Yukio et Yamato se met doucement en place mais l’intrigue est suffisamment développée pour nous maintenir en haleine et nous donner envie de lire rapidement la suite. Un conseil: achetez les deux tomes ensemble. C’est très dur de ne pas les lire à la suite!

Inside full bloom – Kuki Wakame

inside full boom kuki wakame
KUKI Wakame 久喜わかめ
ISBN: 9782368776995
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784801964105 (JP)
Takeshobo, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: un peu

« La mélancolique histoire d’amour de deux jeunes hommes profondément blessés qui, ensemble, vont apprendre à se reconstruire. »

Pour son premier manga, Kuki Wakame sensei offre un one-shot au ton poétique et dramatique. Elle met en parallèle le langage des fleurs avec les sentiments de ses personnages. Comme une fleur qui s’épanouit jour après jour, Kana et Keigo, profondément blessés, s’ouvre douloureusement l’un à l’autre. Leur relation d’abord conflictuelle contrecarre tout consentement. Malgré une compatibilité sexuelle, leur caractère s’oppose. Ainsi, l’auteure aborde deux approches différentes: Kana préfère le secret alors que Keigo affirme ouvertement son orientation sexuelle. Pourtant leurs traumatismes influent énormément sur leur relation amoureuse. Même si des sentiments se développent au fil des discussions, leurs ébats, souvent forcés et parfois gratuits, occultent tout romantisme, brouillant un peu l’appréciation de l’histoire. Le scénario pêche donc légèrement par manque d’expérience mais se tient parfaitement.

La mangaka a un trait fin et épuré, assez anguleux. Elle a tendance à utiliser des touches et des lignes peu liées, donnant un aspect encore croquis pour les yeux ou la bouche. De même, elle se focalise sur certains détails comme les regards et tient compte du mouvement des cheveux. Elle maîtrise déjà son graphisme, beau et aéré, n’hésitant pas à simplifier et caricaturer les traits pour les passages humoristiques. Elle utilise peu de trames d’ambiance. Ses décors permettent de situer les actions. Ses cadrages et quelques angles de vue recherchés dynamisent la lecture. Les scènes érotiques ne sont pas censurées et plutôt détaillées. Sous la jaquette, il y a deux illustrations présentant Kana et ses amis.

En résumé

Saitô Kanaru est invité par ses amis Oshibu et Ono à un gôkon. Peu motivé, il accepte malgré tout, espérant passer une simple soirée à boire. Mais les étudiantes arrivent à deux accompagnées d’un garçon, Miura Keigo, qui remplace une fille qui s’est désistée. Au fil de la conversation, ce dernier annonce ouvertement qu’il est gay. Surpris et troublé, Kana se raffraîchit aux toilettes mais Keigo l’a suivi, ayant deviné que l’étudiant cachait son orientation sexuelle. Alors que Miura commence à lui faire des avances discrètes, Saitô boit plus que de raison et finit par perdre conscience. Il se réveille plus tard en plein ébats avec Keigo. Le lendemain, de retour chez lui, il s’effondre, ne pouvant contenir ses souvenirs traumatisants de l’époque du lycée.

en conclusion

Kana et Keigo pansent leurs blessures intérieures dans la douleur. Certains lecteurs pourront être gênés par les scènes non consenties. Personnellement, mes sentiments sont mitigés: j’ai apprécié cette vision de l’amour assez sombre, mais je trouve dommage que Keigo ne trouve de solutions qu’à travers la soumission sexuelle. D’autant plus que j’adore particulièrement le personnage de Kana. Placée 20ème au classement des nouveaux venus du Chill Chill BL award 2019, j’attends avec impatience de voir les prochaines œuvres de Kuki sensei.

Caste heaven 1 – Ogawa Chise

caste heaven 1 ogawa chise
OGAWA Chise 緒川千世
ISBN: 9782351809679
Taifu comics, 2016
ISBN: 9784799725436 (JP)
Libre, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: un peu

Le monde ne se résume-t-il vraiment qu’à manipuler ou être manipulé?

Ogawa Chise sensei dépeint la noirceur humaine à travers sa série en s’intéressant à différents couples qui se forment suite à un jeu imposant une hiérarchie. La narration varie selon le point de vue d’un personnage: pour ce premier tome, Azusa, Kusakabe et Kuze. L’auteure décrit parfaitement comment les brimades se mettent en place dans l’indifférence, comment les victimes peuvent se briser ou se rebeller et comment des sentiments contradictoires prennent forme avec l’effet de groupe ou l’isolement. De même, elle travaille la psychologie de ses protagonistes, même si certains ont des profils un peu clichés. Ainsi, Azusa, issu d’un milieu modeste, se retrouve confronté au privilégié Karino. De plus, les caractères de Kusakabe et Kuze s’opposent totalement: l’ancienne cible connaît les brimades et l’isolement bien avant le jeu et le beau gosse tire parti de son charme pour obtenir ce qu’il veut.

La mangaka possède un style graphique plutôt classique mais le traitement de ses visages simplifiés est assez reconnaissable. De même, ses uke sont typés: fins avec quelques traits efféminés. Les autres personnages ont des carrures variées. Sa mise en page est plutôt dynamique. L’équilibre entre les décors et les trames permet de jouer sur les clairs-obscurs et l’ambiance. La censure des scènes érotiques est discrète avec un jeu sur les angles de vue mais cela n’empêche pas de mettre une fine bandelette blanche. L’illustration de postface humoristique permet de détendre l’atmosphère plutôt lourde du récit.

En résumé

Dans ce lycée, le jeu des castes détermine la hiérarchie en classe. Organisé à l’improviste, chaque élève se doit de retrouver une carte cachée dans le lycée. La valeur de la carte confère un statut auquel ils doivent se conformer jusqu’à la prochaine partie. Celui qui ne respecte pas les règles devient automatiquement une cible, soit un souffre-douleur, désigné normalement par le Jocker. Azusa Yûya est un roi autoritaire qui manipule sans vergogne son courtisan Karino Kôhei. Il avait en réalité échangé sa carte de cible avec Kusakabe Atsumu. Lorsque le jeu est relancé, il pense profiter de l’affection de son sous-fifre pour conserver sa place. Cependant, il est poussé dans les escaliers avant d’être violé. Il réalise alors que Karino a décidé de se venger: devenu roi, le lycéen lui cède la carte de cible. Le cauchemar débute pour le roi déchu!

En conclusion

Ce manga a obtenu la dix-huitième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2016. Il dégage une certaine violence psychologique qui pourra déranger certains lecteurs. En effet, le viol sert avant tout à dominer et rabaisser. Ogawa sensei ne le remet pas en cause et Azusa semble de plus s’y habituer. Mais cela correspond au thème général. Par contre, j’adore le couple Kuze*Kusakabe.

Pas cet amour-là – itz

pas cet amour la itz
itz
ISBN: 9782368776766
Boy’s love IDP, 2019
ISBN: 9784879197818 (JP)
Sankohsha, 2017 (JP)
Titre original: ぼくらが恋を失う理由
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: beaucoup

Refuser un amour voué à l’échec en choisissant son propre happy end.

Dans ce spin-off de Comme neige au soleil, itz sensei développe une approche différente et mature de la romance homosexuelle et s’intéresse aux choix difficiles face à un amour impossible. Elle s’attarde principalement sur la psychologie de ses personnages souffrant d’un amour malheureux. Elle dépeint avec finesse le poids du secret et la peur des changements. De même, le rapprochement entre Ôshiro et Satoru semble tout à fait naturel. Le trentenaire conserve sa part de mystère jusqu’en fin de tome, malgré son côté expansif. Par ailleurs, la différence entre les réflexions d’un homosexuel qui semble s’assumer et un hétérosexuel qui doute de son attirance pour les hommes est bien menée. L’auteure n’hésite pas à se moquer gentiment de son premier manga au scénario romantique, où la relation paraissaient plus naïve et convenue. L’épilogue se déroule cinq ans plus tard confortant la fin ouverte.

Le style shôjo de la mangaka confère des traits épurés et fins. Bien que ses personnages possèdent une carrure masculine, ils ont tendance à se ressembler au niveau des visages. Les trames illustrent les sentiments des protagonistes ou appuient le jeu d’ombre et de lumière. L’auteure n’hésite pas à utiliser des ellipses et des cases vides pour aérer la lecture. Elle s’attarde beaucoup sur les regards et les petits gestes, abusant des cadrages serrés. Comme ses deux héros sont peu romantiques mais très bavards, les scènes érotiques sont peu développées et basées sur des instants importants. Par conséquent, leur première fois difficile en devient tendre et plaisante.

En résumé

Sakai Ôshiro refuse d’accepter l’amour qu’il éprouve pour Koba, son ami d’enfance. Il a décidé d’enfouir ses sentiments définitivement et a fui pour ses études à Tokyo. Mais à chaque fois qu’il revoit son ami, sa détermination s’ébranle et il a l’impression d’être pris dans un recommencement sans fin. Un soir, dans un bar, Inamura Satoru l’aborde. Ce trentenaire gay cherche à se rapprocher de lui et lui offre son soutien. Alors que Koba est muté dans un restaurant à Tokyo et passe la nuit chez son ami, Ôshiro rejoint Satoru et se confie facilement à lui…

En conclusion

Cette histoire dramatique mais qui finit bien, est agréable à lire. La mangaka a su faire évoluer ses personnages avec finesse et réalisme dans une relation mature. Par ailleurs, il est possible de lire ce manga indépendamment de l’œuvre d’origine. Ce récit me donne envie de découvrir d’autres œuvres de l’auteure. Alors je le recommande chaudement!
Mise à jour: Le titre a obtenu la vingtième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2018.

Twittering birds never fly 1 – Yoneda Kou

twittering birds never fly yoneda kou
Yoneda Kou ヨネダコウ
ISBN: 9782351807682
Taifu comics, 2013
ISBN: 9784813030133 (JP)
Taiyohtosho, 2013 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: absolument

Un yakuza débauché qui ne désire pas être aimé par celui qu’il aime. Le masochisme jusqu’au bout!

Yoneda Kou sensei présente une histoire d’amour dans le milieu de la mafia japonaise, avec un yakuza masochiste et son garde du corps impuissant. Le ton est réaliste. L’auteure maîtrise parfaitement son scénario et la relation amoureuse semble n’être qu’un détail. Elle se concentre surtout sur le psyché de ses personnages. La narration est faite du point de vue de Yashiro. Le passé est révélé au compte goutte: pour Dômeki, l’arrivée de sa sœur permet d’introduire l’essentiel alors que l’enfance de Yashiro occupe un chapitre à part entière. Ce premier tome met surtout en place les protagonistes.

La mangaka utilise un découpage cinématographique. L’équilibre des décors et la maîtrise des trames de coloration et d’ombre permettent d’ancrer facilement les scènes dans le temps et l’espace. Les traits fins sont assez réalistes: les hommes ont différentes carrures. Tous les genres sont représentés, tous les âges. Certains yakuza ont vraiment une tête antipathique ou patibulaire. La censure se fait par abstraction de détails. Les illustrations de début de chapitre mettent en scène les personnages avec un oiseau.

En résumé

Don’t say gold: Yashiro cherche à recruter Kuga (22 ans), un jeune chien fou qui est en train de massacrer ses hommes. Il le laisse chez son ami d’enfance et médecin Kageyama (36 ans). Mais l’homme fétichiste des cicatrices et brûlures est peu à peu attiré par le jeune homme.
Twittering birds never fly: Yashiro est le boss du clan Shinsai. Ce yakuza masochiste dépravé, embauche comme garde du corps Dômeki Chikara (25 ans), un homme taciturne impuissant.
A la dérive,sans couler, sans un cri: Au lycée, Yashiro cache ses bleus sous des manches longues même en été. Mais dans sa classe, Kageyama n’arrête pas de lui offrir des sparadraps. Une amitié se développe entre les deux lycéens solitaires: Yashiro satisfaisant sa libido masochiste avec des hommes peu recommandables et Kageyama, fétichiste des cicatrices…

En conclusion

Pour l’instant, la mise en place de l’histoire permet surtout de repérer les différents liens entre les personnages, spécifiquement la relation ambigüe entre Yashiro et Kageyama. Ce tome a obtenu la première place bien méritée du meilleur manga au Chill Chill BL award 2014.