Passions réfrénées – Nagi Wataru

passions refrenees nagi wataru
NAGI Wataru 那木渡
ISBN: 9782368777404
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784801960268 (JP)
Takeshobo, 2017 (JP)
Titre original: 恋愛不行き届き
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: un peu

La peur d’une sexualité différente dépassant les sentiments.

Nagi Wataru sensei met en scène deux étudiants hésitants sur leur sexualité mais attirés mutuellement. Elle aborde différents sujets comme la difficulté à accepter son homosexualité, la peur des réactions des autres, la pression familiale, en particulier quand le père est une personne publique. En revanche, elle choisit des personnages plutôt clichés: Wakamiya cache son homosexualité, Kirishima oscille entre bisexuel et hétérosexuel, Chôko représente les travestis et Enomoto, l’homosexuel refoulé psychopathe. Tandis que Kurama redoute de briser l’avenir d’un fils héritier, Kento nourrit un amour obsessionnel incontrôlable. Ainsi, la narration alterne entre les deux étudiants. L’auteure joue sur le contraste entre leurs pensées intérieures et ce qu’ils disent en public. En se montrant un peu exhaustive, elle précipite certains passages qui auraient pu être poignants comme le coming out. Par ailleurs, le comportement de Kirishima entraîne une relation non consentie violente, avec un traumatisme suggéré mais malheureusement peu développé.

La mangaka a un trait dédoublé légèrement anguleux. Elle marque bien les muscles et dessine des corps masculins assez réalistes; son style est plaisant. Les trames d’ambiance discrètes chevauchent parfois les décors. En plus, la profusion des dialogues surcharge certaines pages. Néanmoins, Nagi sensei offre quelques vignettes esthétiques, en particulier les passages à la mer. Elle varie beaucoup les angles de vue, dynamisant la mise en page. De même, elle superpose les fantasmes à la réalité, brouillant la compréhension mais illustrant le ressenti des héros. Les scènes érotiques non censurées transcrivent en détails la violence de certains rapports. Il y a également des coupes intérieures. En fin de certains chapitres, une planche donne une anecdote amusante, détendant l’atmosphère.

En résumé

Wakamiya Kurama confectionne les costumes du club de théâtre et participe donc à leur stage dans un hôtel en bord de plage. En réalité, la couture lui permet de s’évader. En effet, il cache son homosexualité et actuellement, il fantasme sur Kirishima Kento, le fils d’un gérant de magasin de tissus, également propriétaire de l’hôtel qui les accueille. Le club de théâtre ayant pour tradition d’organiser une partouse, Kurama préfère fuir. Mais excité par ce qu’il a vu, il plonge dans la mer pour se rafraîchir les idées. Croyant qu’il tente de se suicider, Kirishima vole à son secours. Mais comme il ne sait pas nager, il finit par boire la tasse. Finalement, le couturier le sauve et ils se parlent enfin pour la première fois. Il réalise alors qu’il désire que Kento devienne son premier homme.

En conclusion

Ce one-shot a obtenu la quinzième place du meilleur nouveau venu au Chill Chill BL award 2018. En effet, l’auteure maîtrise déjà bien son graphisme. Cependant, elle s’intéresse à un sujet sérieux, cherchant à dramatiser les sentiments des personnages et à décrire la difficulté à atteindre le bonheur pour les homosexuels (hommes ou femmes). D’ailleurs, ses maladresses (de débutante?) se ressentent dans ce scénario un peu ambitieux. Le thème du viol aboutissant à une romance peut choquer certains lecteurs. Néanmoins j’apprécie beaucoup l’approche de la mangaka qui pense à représenter l’avis des différents genres et sexualités.