Barbarities 3 – Suzuki Tsuta

barbarities 3 suzuki tsuta

SUZUKI Tsuta 鈴木ツタ
ISBN: 9782375063286
Taifu comics, 2024
ISBN: 9784799751923 (JP)
Libre, 2021 (JP)
Manga
Ero-mètre: pudique
Recommandation: beaucoup

« Tu dois faire passer une loi qui autorise deux hommes à se marier!!! »

Suzuki Tsuta sensei prend un ton un peu plus sérieux et dévoile quelques brides du passé de Montagu. Comme dans le tome précédent, elle continue de développer les intrigues et commence même à faire converger les indices pour poser quelques révélations. Elle alterne la narration entre ses deux héros, décryptant l’évolution de leurs sentiments sans toutefois les définir explicitement. Ainsi, le lecteur reste dans l’expectative. Bien que ce tome soit plus dramatique, avec quelques passages violents, les réactions d’Adam apportent une note comique par ses réactions excessives. Par ailleurs, le stricte Joël Letreux prend quelques initiatives. Le récit se concentre également sur l’égocentrique Simon. A travers Chris et Lucas, l’auteure s’intéresse au jugement sur l’apparence, les sources des complexes sur le physique. Par ailleurs, elle aborde l’influence des rumeurs. Elle maintient le suspense à travers tout le tome.

La mangaka a un trait épuré et fin, avec un style immédiatement reconnaissable. Dans les passages humoristiques, elle exagère les expressions. Par ailleurs, elle varie les physionomies, permettant de reconnaître facilement les personnages. Ses décors soignés s’estompent autour des personnages dès que le plan se rapproche. Les trames sont équilibrées tandis que les trames d’ambiance appuient les émotions. La mise en page est très dynamique. Suzuki sensei offre un résumé ainsi que des fiches sur les principaux protagonistes au début du tome. En début de chapitre, elle fait poser ses personnages, même secondaires, dans des illustrations.

En résumé

Par précaution, le prince Fredell décide de renvoyer son petit frère Lucas chez un oncle à Tance. Catastrophé de perdre son cher ami, Christopher, le jeune roi de Lorraine, demande alors au seigneur Montagu de créer une loi permettant le mariage entre deux hommes. Mais le sérieux juriste refuse. Pour consoler Chris, le vicomte Adam Eric Canning lui propose d’organiser une fête d’adieu. Mais est-ce bien prudent alors que des rumeurs sur Montagu circulent et que des conspirations se profilent?

En conclusion

Suzuki Tsuta sensei plonge les lecteurs dans les complots. Même si elle minimise la romance, elle offre quelques moments de séduction tout mignon pour montrer l’évolution de la relation. Son graphisme toujours aussi somptueux est un bonheur pour les yeux. Cette histoire plaira même à ceux qui ne lisent pas de BL mais qui apprécient les récits de complot. J’adore!

Scarlet secret – Serizawa Tomo

scarlet secret serizawa tomo

SERIZAWA Tomo 芹澤知
ISBN: 9782375063712
Taifu comics, 2023
ISBN:‎ 9784910526096 (JP)
Shucream, 2021 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

« Cette fois-ci, je resterai près de toi et je te protègerai quoi qu’il arrive. »

Serizawa Tomo sensei s’appuie sur les références historiques de la protohistoire japonaise et ajoute des éléments imaginaires pour créer une romance dramatique. Toutefois, elle a tendance à vouloir un peu trop expliquer son univers et donc casse parfois le rythme de l’enchainement de certains évènements. D’ailleurs, la fin semble un peu précipitée. La narration se base principalement du point de vue de Yamato. Ainsi, le lecteur l’accompagne dans sa découverte des secrets du palais et son intégration au service de Himiko. Les pouvoirs de Shiki apportent une petite note fantastique au récit. De même, la diplomate Nashime et les jumelles au service de Himiko ajoutent une touche humoristique. L’auteure aborde la question du destin, de la solitude, du devoir envers le peuple mais également la politique, l’influence des croyances. Elle s’attarde sur la douleur de Shiki, prisonnier de son don, en particulier sa responsabilité sur le traitement des épidémies.

La mangaka a un trait légèrement épuré, qui joue sur les pleins et déliés, et dégage ainsi beaucoup de douceur. Elle exagère un peu les expressions dans les passages humoristiques. Par ailleurs, elle soigne les décors, très présents. De même, comme il y a beaucoup de trames, cela donne un effet réaliste. Les trames d’ambiance se font d’ailleurs discrètes. Par contre, les flash-back se repèrent immédiatement à leur fond noir. La mise en page est plutôt classique mais propose des angles de vue très variés et quelques planches plus dynamiques. Dans les scènes érotiques, Serizawa sensei simplifie les parties intimes, avec en plus un contour blanc qui brouille les détails. En fin de tome, elle présente les personnages et fournit quelques croquis de recherche.

En résumé

Enfant, Shiki subissait souvent les moqueries des autres enfants à cause de ses yeux rouges et sa couleur de peau différente. Yamato, le fils du chef du village, venait alors à son secours. En effet, il adorait partager les connaissances de son ami, très observateur, qui arrivait souvent à prédire la météo. Mais lors d’une visite de la reine Himiko dans le village, cette dernière désigna Shiki pour l’offrir en sacrifice lors d’une cérémonie ancestrale. Depuis, Yamato vagabonde à travers le Yamatai, persuadé qu’il est encore en vie. Dix ans après ce dramatique évènement, un jour, il croise un beau jeune homme aux longs cheveux noirs et aux yeux rouges qui se baigne dans une rivière et reconnaît immédiatement son cher ami.

En conclusion

Ce one-shot obtient la huitième place du meilleur manga profond au Chill chill BL award 2022. Serizawa Tomo sensei mêle fiction et histoire pour construire son récit. Son graphisme plutôt réaliste donne ainsi vie à cette période encore emplie de mystère. Toutefois, elle a tendance à s’étaler dans ses explications et cela pourra gêner certains lecteurs. Pour ma part, c’est un énorme coup de cœur! Je suis conquise par cet équilibre entre découverte d’une période historique, imaginaire discret et romance toute en tension. Et quelle belle surprise pour moi de découvrir dans sa bibliographie certains titres qui m’ont servi à la rédaction de mon mémoire de master.

Momo & Manji 4 – Sakura Sawa

momo and manji 4 sakura sawa
SAKURA Sawa 紗久楽さわ
ISBN: 9782382761045
Hana, 2022
ISBN: 9784396785178 (JP)
Shodensha, 2021 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: un peu

« Le chemin pour qu’un couple arrive au paradis demande de la dévotion! »

Sakura Sawa sensei propose des tranches de vie permettant de découvrir le quotidien de la ville d’Edo. Par rapport au tome précédent, elle préfère narrer différentes histoires avec les différents protagonistes rencontrés jusqu’à présent. Ainsi, elle aborde l’érotisme du sumo, la vie dans la brigade des pompiers pour la jeune recrue Kintarô et la relation malsaine qu’entretient Sen et Kizashi. Momoki assume de plus en plus sa relation et avance vers l’avenir. Il essaie d’entrainer avec lui Manji qui a encore tendance à fuir son passé. La narration semble parfois un peu décousue, l’auteure présentant son récit comme une histoire contée. Elle semble vouloir partager les différentes informations qu’elle a obtenues durant ses recherches en les concentrant par thème. En fin de tome, elle révèle l’histoire du kagema Jûgoya, de la maison Tomoeya, ainsi que l’arrivée de Momo et son frère Samuru à Edo.

La mangaka a un trait léché, épuré, rappelant le style graphique des estampes. Les contours sont donc plus épais. Les décors et les vêtements sont soignés et documentés. Par ailleurs, les trames d’ambiance se font discrètes. La mise en page plutôt classique offre tout de même quelques agencements osés. Dans les scènes érotiques, Sakura sensei censure les parties intimes par un léger halo. Elle présente les personnages principaux en début de tome, puis pour la partie sur le passé, au début du chapitre. Les illustrations en début de chapitre reprennent le style des estampes. Contrairement au tome précédent, il n’y a pas de fiches explicatives.

En résumé

La courtisane Rui est tombé amoureuse de Momoki. Ce dernier vient souvent lui prendre de l’eau de beauté qu’elle prépare à ses heures perdues. Prenant son courage, elle lui déclare un jour ses sentiments mais comme elle s’en doutait, il refuse, ayant déjà un partenaire. D’ailleurs, depuis quelques temps, Manji adore expérimenter de nouveaux jeux érotiques avec son bien-aimé.

En conclusion

Sakura sensei offre à la fois un récit pédagogique et divertissant, en alliant des détails historiques avec des scènes sensuelles. C’est donc toujours un plaisir de retrouver les aventures de cet adorable couple qui surmonte petit à petit son passé. Et le développement des personnages secondaires renforce ce bonheur.

Barbarities 2 – Suzuki Tsuta

barbarities 2 suzuki tsuta
SUZUKI Tsuta 鈴木ツタ
ISBN: 9782375063118
Taifu comics, 2022
ISBN: 9784799735138 (JP)
Libre, 2017 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

« C’est comme si un mur s’était dressé entre nous. »

Suzuki Tsuta sensei met un peu de côté la romance pour nous plonger dans les complots politiques. Elle sème plusieurs indices et révèle l’instabilité qui menace les trois royaumes de son univers. De même, elle développe un peu plus les spécificités des différents pays. Ainsi, Joël ne semble pas être le seul menacé et les potentielles cibles se dévoilent au fur et à mesure. Les jeunes Christopher et Lucas apportent une touche de fraîcheur naïve, détendant l’atmosphère plutôt tendue. Comme dans le tome précédent, l’auteure alterne entre intrigues et fêtes des nobles, ajoutant quelques passages humoristiques avec les réactions du coincé Montagu. Elle introduit de nouveaux personnages aussi excentriques qu’Adam, en particulier la brigade du Sud menée par Liszt et Olivier ainsi que Simon, l’oncle de Chris. L’histoire bonus donne le point de vue amusant des serviteurs Paul Cailletet et Franck sur leurs maîtres.

La mangaka a son propre style, immédiatement reconnaissable. Elle a un trait épuré, fin, légèrement anguleux et parfois dédoublé, lui donnant du caractère. Elle met en avant les corps finement musclés d’Adam et Louis. De même, les costumes détaillés sont parés de dentelle, galons, broderies. Les décors apparaissent sur les plans larges. Les trames sont variées et nombreuses. Par contre, les trames d’ambiance discrètes accompagnent sobrement les émotions. La mise en page dynamique change souvent d’angles de vue. Par ailleurs, Suzuki sensei utilise des cadres épais et des espaces inter-iconiques larges, permettant ainsi d’aérer les vignettes chargées. Dans les scènes érotiques menées principalement par Gilles et Louis, elle censure les parties intimes avec des hachures. D’ailleurs, elle préfère éviter de montrer les détails en général.

En résumé

Depuis que Montagu Joël Letreux a rejeté ses avances, le vicomte Adam Canning se montre froid avec lui, ne le fréquentant que pour le travail. Il lui annonce alors son projet d’enquête sur les lettres de menaces. Persuadé que son garde du corps souhaite rentrer au plus vite à Xehana, Montagu demande l’aide de ses employés pour analyser les lettres qu’il a reçues. Un féru de papeterie devine alors l’origine du papier et de l’encre. Mais il revient voir plus tard son seigneur car il a reçu une invitation pour une réception au manoir des Godfrey, utilisant les mêmes matériaux que les lettres analysées. De son côté, Adam ne comprend pas pourquoi Joël empiète sur son travail et ne lui fait pas confiance…

En conclusion

Bien que ce tome ne se classe pas au Chill chil BL award 2018, les lecteurs le citent parmi les meilleures séries avec un sujet travaillé. De même, Adam Canning apparaît dans les seme maladroits et compliqués. Suzuki sensei avait commencé de manière classique et arrive à réorienter son récit avec brio pour le transformer en intrigue politique. L’amour cède un peu la place aux évènements importants, mais reste tout de même en fond pour apporter quelques moments de bonheur. Je suis complètement happée, j’adore nos deux héros mais apprécie encore plus le couple de Louis et Gilles.

Barbarities 1 – Suzuki Tsuta

barbarities 1 suzuki tsuta
SUZUKI Tsuta 鈴木ツタ
ISBN: 9782375062951
Taifu comics, 2021
ISBN: 9784799725726 (JP)
Libre, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: beaucoup

« Je suis un homme qui vit pour l’amour. »

Suzuki Tsuta sensei crée son univers en s’inspirant de l’histoire occidentale. Elle introduit d’abord les personnages avant d’installer peu à peu les différentes intrigues. Ainsi, conflits politiques, religieux et royaux s’entremêlent à la luxure et l’hédonisme des nobles. Adam, extravagant et conscient de sa beauté, s’attache à la seule personne qui se refuse à lui. Un jeu de séduction va donc naître entre lui et Joël qui s’avère peu intéressé par l’amour. L’auteure joue au yo-yo avec les émotions du lecteur par des rapports peu ou non consentis, les empêchant tout simplement d’aboutir. Elle met en avant certains personnages secondaires. Elle dévoile d’autres facettes de Joël et Adam dans une histoire bonus. D’ailleurs, les mœurs différentes entre les pays influent sur les relations.

La mangaka a un trait un peu anguleux, fin et épuré. Elle le simplifie dans les passages humoristiques, exagérant parfois les expressions. Elle soigne particulièrement les décors et les costumes. Par exemple, sous la jaquette, on peut admirer les détails de la fontaine qui se trouve derrière les deux héros. Quelques trames d’ambiance illustrent les émotions. La mise en page dynamique met en valeur la beauté d’Adam. Suzuki sensei ne détaille pas les scènes érotiques. Par ailleurs, elle évite de tout simplement les montrer si le consentement laisse à désirer.

En résumé

Le vicomte Adam Canning est assigné à la garde du seigneur Montagu, ministre de la justice de la couronne, menacé depuis sa dernière intervention. Mais le libertin qui ne vit que pour le plaisir de l’amour, s’ennuie avec son austère patron. A une soirée de la marquise Mac Todd, il croise Joël, le neveu de Montagu, et tombe immédiatement sous le charme du bel intellectuel coincé qui l’éconduit. Mais en pleine nuit, après avoir participé à une orgie avec la marquise et ses amies, le capitaine surprend le jeune Joël en train de s’approcher de leur lit. Il le tire alors à lui pour l’embrasser mais l’intrus se débat. Ayant réveillé la marquise, les deux hommes fuient. En fait, Joël cherchait une clé d’un coffre qui contiendrait des preuves irréfutables contre le marquis, en prison. Adam lui propose alors d’organiser un plan à trois avec la marquise…

En conclusion

Ce premier tome nous plonge rapidement dans l’ambiance. Comme à son habitude, Suzuki sensei alterne avec brio tension et humour. En plus, le travail de traduction d’Isabelle Eloy est d’excellente qualité, rendant les expressions et les tournures anciennes. J’ai par ailleurs un énorme coup de cœur pour cette série. Un titre idéal pour découvrir le BL avec une note classique!

Ginza neon paradise – Unohana

ginza neon paradise unohana
Unohana ウノハナ
ISBN: 9782375061114
Taifu comics, 2018
ISBN: 9784537133578 (JP)
Nihonbungeisha, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: un peu

Trois longues années d’attente à espérer le retour d’un ami.

Unohana sensei offre un mélodrame situé dans les années 1930-1940 avec un couple bancal non établi. Elle donne une vision de la guerre à travers les yeux d’Aoi et de Gunji par des flash-back et leurs souvenirs. La psychologie des différents personnages est assez travaillée. Le couple partage un amour inavoué perdu entre fierté et peur, et développe pourtant une relation consentie. Même si l’auteure aborde peu le versant de la guerre et ses conséquences, elle s’attarde sur les sentiments des personnages et pose un regard observateur sur ce qui les entoure. Pourtant, un message fort semble se dégager de l’ensemble. De même, elle donne un ton poétique à certains passages, en particulier en décrivant Ginza. L’apparition d’un rival amoureux, le lieutenant Walters, va permettre à la relation de s’affirmer.

La mangaka a un trait épuré et anguleux. Les personnages ont des visages ovales assez longs, des yeux étirés, des muscles fins. L’exagération ou la simplification des traits renforcent les expressions du visage et donnent même parfois un effet comique. Les trames d’ambiance participent également à la compréhension rapide des émotions. En outre, les décors sont détaillés. En effet, Unohana sensei précise, dans sa postface sous la jaquette, qu’elle a cherché à respecter au mieux les éléments historiques, même si cela était difficile. Elle y ajoute également des anecdotes sur la création du manga. La mise en page est dynamique, avec des angles de vue variés. Les scènes érotiques évitent de montrer trop de détails, jouant sur l’absence de quelques lignes ou la simplification des formes. Mais cela ne se remarque pas car cela colle parfaitement avec le graphisme général.

En résumé

Tokyo, quartier de Ginza, 1948. Dans un cabaret réservé aux forces d’occupation, Kenmoku Aoi traduit pour les militaires les paroles d’une chanson triste. Emu, il replonge dans ses souvenirs, attendant depuis trois ans le retour de son ami d’enfance mobilisé peu de temps avant la fin de la guerre. Ce dernier avait beau être un vaurien, il a toujours défendu Aoi, qui aimait l’anglais malgré cette période trouble. Arrive dans le cabaret Gunji Takahiko, accompagné d’une belle femme, Sayuri. Alors qu’il crée des tensions dans le bar, Aoi laisse éclater sa colère, qui domine sa joie. Le lendemain, après avoir discuté avec Hatsuko, la sœur de Takahiko qui a également reçu sa visite impromptue, il croise à nouveau son ami devant chez lui. Entre colère et joie, Aoi finit par pleurer dans ses bras. Mais pourquoi Gunji n’a-t-il donné aucune nouvelle alors qu’il était vivant?

En conclusion

Ce one-shot est émouvant. Il est difficile de ne pas s’attacher aux personnages, malgré le côté volage de Gunji. En plus, l’auteure donne envie de visiter Ginza!

Blue morning 8 – Hidaka Shoko

blue morning 8 hidaka shoko
HIDAKA Shoko 日高ショーコ
ISBN: 9782368777657
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784199607714 (JP)
Tokuma shoten, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: absolument

Kuze et Katsuragi vont enfin décider de leur avenir: entre amour et projets, le choix sera difficile.

Hidaka Shoko sensei conclut sa saga historique en offrant un dernier tome rempli de surprises et de révélations. Comme dans le tome précédent, Katsuragi continue encore à évoluer. Toutefois, tandis que Kuze réforme sa famille, l’ancien majordome a encore du mal à vraiment décider par lui-même, prisonnier de son passé. Mais l’entourage de Tomoyuki le guide doucement vers l’émancipation totale. Le mouvement révolutionnaire en marche se ressent déjà avec les jeunes générations. L’auteure continue à dénoncer les méthodes de la noblesse pour préserver coûte que coûte son rang sans pour autant mélanger son sang. De même, elle met en avant les industries montantes de l’époque: la construction navale, ferroviaire, le textile, avec la modernisation des techniques apprises à l’étranger. Le couple est partagé entre leurs projets et leurs sentiments enfin partagés, redoutant la séparation.

La mangaka a toujours un trait épuré aussi beau. Elle soigne les expressions des visages mais n’hésite pas à simplifier ses traits dans les rares passages humoristiques. De même, les décors sont soignés, en particulier les paysages qui s’étalent sur de grandes vignettes ou en pleine page. Les trames d’ambiance se font discrètes. La mise en page est dynamique avec des angles de vue variés jouant beaucoup sur les plongées et contre-plongées, des ellipses ou des emboîtements de cases. Les scènes érotiques montrent peu les parties intimes, jouant sur les cadrages. D’ailleurs, Hidaka sensei préfère se concentrer sur le partage des sentiments, s’attardant sur les gestes tendres et les regards langoureux. Preuve de son talent, l’histoire bonus en fin de tome n’a pas besoin de dialogue pour être émouvante. Le titre en argenté donne une petite touche somptueuse à la couverture.

En résumé

Kuze Akihito a rendez-vous avec les dix candidats sélectionnés par Amamiya Rinzaburô pour devenir étudiants au pair de la famille Kuze. Contrairement à ses instructions, il s’agit de descendants des anciens vassaux de la famille. En effet, le niveau d’excellence exigé par le vicomte n’a pas laissé trop de choix. Mais en entendant leur conversation à travers la porte et l’aversion pour certains de l’ancien système, il décide tout de même de leur exposer son plan. Même si l’ancien intendant trouve encore insensé de former tous ces jeunes en Angleterre pendant deux ans, il ne contredit plus Akihito. Ainsi, Katsuragi profite du calme de Kamakura pour réfléchir à son avenir avec son amant.

En conclusion

Ce tome a obtenu la première place de la meilleure série au Chill Chill BL award 2019. Kuze Akihito est classé deuxième meilleur seme et Katsuragi Tomoyuki premier meilleur uke. Plus épais, il mérite grandement sa place au classement. La fin positive et romantique me comble de bonheur. Mon cœur palpitait à chaque page. Un manga à lire absolument!

Momo & Manji 3 – Sakura Sawa

momo and manji 3 sakura sawa
SAKURA Sawa 紗久楽さわ
ISBN: 9782368777121
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784396784867 (JP)
Shodensha, 2019 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

Le grand et fort Momoki affronte son passé pour devenir digne de son tendre amant.

Sakura Sawa sensei s’intéresse au présent et au futur de son couple et concentre ce tome sur l’évolution de Momoki. Elle partage la vision de l’homosexualité à l’époque ainsi que les préjugés sur les kagema. Momoki mûrit et s’émancipe au fil des rencontres, affrontant son passé. Conscient du traumatisme de son partenaire, Manji le soutient tout en le laissant aller à son rythme. Leur amour sincère intrigue leur entourage. En introduisant des personnages du passé, l’auteure aborde également d’autres points de vue sur le mariage, l’amour et la dépendance. Par exemple, avec Kizashi, elle met en avant le mariage pour former un ménage, où l’amour n’a pas sa place. De même, Izayoi questionne la relation de dépendance dans l’amour. Toujours aussi précis sur les détails historiques, une fiche explicative sur les fundoshi conclut ce tome.

Le graphisme de la mangaka s’est affiné. Le jeu entre les traits épais et fins donne une réelle vigueur à son style. Au fur et à mesure que Momoki prend de l’assurance, son regard change et mûrit. Toujours inspirées des estampes, certaines vignettes dégagent énormément d’esthétisme, renforçant l’action ou l’expression. Par exemple, quand Momo recroise Sen, la vague reprend exactement le style de Hokusai. Ainsi, les paysages ou les foules s’inspirent totalement de l’ukiyo-e. Sakura sensei soigne particulièrement les décors, les kimonos et les tatouages. La mise en page, de premier abord classique, offre parfois des planches originales jouant sur les vides, des cadrages particuliers et l’esthétique poétique. De même, les illustrations en début de chapitre varient les styles. Par exemple, quand les personnages en super deformed présentent quelques positions érotiques, ils apportent surtout une touche humoristique. D’ailleurs, les scènes érotiques ne montrent pas trop les détails des organes sexuels.

En résumé

Un nouveau couple s’est installé dans le quartier où habitent Momoki et Manji. Comme le mari est pêcheur, tout le quartier est venu l’aider au ramassage des coquillages. Manji profite surtout du spectacle offert pas son petit ami à moitié dénudé, au lieu de s’activer. Le soir, les deux hommes préfèrent cependant déguster leur bento à l’écart. En effet, Momoki n’est pas à l’aise quand il y a foule…

En conclusion

Alors que la série aurait dû se terminer avec le second tome, l’auteure continue son histoire. Elle développe donc une intrigue sur la longueur. En effet, Kurikara no Kintarô semble jouer un rôle plus important dans le prochain tome. Le style graphique est de toute beauté et la maîtrise scénaristique et esthétique se ressent au fil des pages. Les explications historiques sont en plus insérées naturellement dans l’histoire. Comme j’adore les fundoshi, ce tome m’a totalement comblé!

Blue morning 7 – Hidaka Shoko

blue morning 7 hidaka shoko
HIDAKA Shoko 日高ショーコ
ISBN: 9782368775547
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784199606977 (JP)
Tokuma shoten, 2016 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: absolument

Tomoyuki est enfin libre de réaliser ce qu’il désire, sans rien devoir à la famille Kuze.

Hidaka Shoko sensei consacre ce tome principalement à Katsuragi. Elle maintient le suspense en ne dévoilant que quelques brides des nombreuses révélations. D’ailleurs, elle développe surtout la psychologie de ses personnages. La relation entre le maître et son ancien domestique évolue, n’étant plus influencée par une quelconque hiérarchie. Pouvant parler d’égal à égal, Tomoyuki, d’abord perdu, s’émancipe et va ensuite s’ouvrir un peu plus aux autres. Ainsi, il découvre un nouvel intérêt personnel dans l’usine de textile. Son changement entraîne également ceux qui l’entourent à évoluer, en particulier ses frères. Parallèlement, en introduisant le courtier Nakajima, l’auteure présente les stratégies boursières de l’époque, mêlant l’influence des grèves et des médias. Par ailleurs, elle donne un aperçu du développement des chemins de fer.

La mangaka n’hésite pas à simplifier ses traits pour renforcer les expressions, ajoutant une touche d’humour à ce récit plutôt sérieux et réaliste. Afin d’équilibrer les pages contenant beaucoup de dialogues, elle joue sur les respirations grâce aux vides. De même, les trames d’ambiance se font discrètes. Les décors sont bien intégrés. Par ailleurs, les angles de vue variés appuient la mise en page dynamique. Hidaka sensei censure les scènes érotiques en ne dessinant pas les détails des organes sexuels.

En résumé

Katsuragi a changé et commence à se plaindre ou partager ses inquiétudes. Après une nuit torride avec Akihito pour oublier son départ en Angleterre, il retrouve Amamiya dans la calèche qui le mène chez Ishizaki. L’intendant l’avertit alors de l’ire de Sôemon. Comme il a ignoré ses ordres de restructuration, le premier secrétaire croit deviner que sa gestion de l’usine de textile l’a contrarié. Il refuse également de connaître les projets de son amant, sachant pertinemment qu’il cherchera à l’arrêter. De son côté, Kuze désire tout recommencer à zéro. Il rend donc une visite impromptue à Katsuragi Takamasa. Pour cela, il s’adresse directement au cadet, Hiroyuki, conscient que son action risque encore de créer des tensions.

En conclusion

Comparé au volume précédent, ce tome permet à la série de monter à la seconde place au Chill Chill BL award 2017. Kuze Akihito est toujours classé troisième meilleur seme, Katsuragi Tomoyuki remonte à la seconde place du meilleur uke. A noter que l’auteure est une habituée du Chill Chill BL award, ses différentes séries étant souvent classées dans le top 20. En effet, elle arrive à casser puis reconstruire les convictions des lecteurs grâce à une bonne maîtrise du scénario. Toujours aussi passionnant, j’ai hâte de lire le dernier tome!

Blue morning 6 – Hidaka Shoko

blue morning 6 hidaka shoko
HIDAKA Shoko 日高ショーコ
ISBN: 9782368775219
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784199606472 (JP)
Tokuma shoten, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

Tomoyuki se résigne à suivre Akihito, n’étant plus sûr de rien à part ses sentiments amoureux pour lui.

Hidaka Shoko sensei continue à semer des indices au fil des chapitres, renouvelant son récit. Elle met en avant la vision moderne d’Akihito et son influence sur Tomoyuki. Indirectement, elle dénonce le rôle de la femme à l’époque, complètement soumise et considérée comme un simple ventre à produire un héritier mâle. Pourtant, Kuze et Katsuragi porte un regard tout autre, appréciant les femmes s’affirmant et les traitant d’égal à égal. En parallèle, l’auteure montre le développement du prêt-à-porter, l’influence américaine dans la conception et la production et quelques différents types de management. Justement, le premier secrétaire apporte également une vision moderne de la gestion. Tandis que la relation entre Akihito et son ancien intendant évolue, leur amour se renforce. La fin de ce tome plonge le lecteur dans un suspense insoutenable.

La mangaka soigne particulièrement les expressions et les postures de ses personnages. Elle simplifie les traits pour certaines scènes humoristiques. Par exemple, les petites têtes ou les moues des personnages sont toutes mignonnes. Hidaka sensei utilise un peu plus de trames d’ambiance. Elle rend avec précision le faste des résidences ou le calme de la campagne, dessinant les décors sur toute la longueur des vignettes. De même, elle différencie le style occidental et le style japonais jusque dans les petits objets du quotidien et les plantes des jardins. La mise en page est toujours aussi dynamique. Les scènes érotiques, assez détaillées, dégagent de la sensualité et jouent sur les cadrages pour éviter la censure.

En résumé

La soirée des Moriyama se conclut sur de grands chamboulements: Kuze Naotsugu ayant refusé de prendre la succession, Akihito se fait alors passer pour souffrant, aidé par les médias. Ne comprenant plus la stratégie de son maître, Tomoyuki se résigne à le laisser faire. Ishizaki Sôemon lui confie alors la direction d’une usine textile endettée avec pour consigne d’augmenter les profits. Il lui donne également un permis de circulation des chemins de fer pour Kuze qui lui permettra de désenclaver ses terres. Mais le premier secrétaire devine les réels desseins de l’entrepreneur qui cherche à s’accaparer de la famille Kuze. Caché dans un hôtel à Tsukiji, Akihito aime découvrir la vie simple du peuple en se promenant incognito, portant des vêtements négligés. En parallèle, il prépare son nouveau plan aidé d’Amemiya, de Katsuragi Takayuki devenu responsable des finances de la famille Kuze et Moriyama Kayoko, divorcée et installée en France.

En conclusion

Ce sixième tome a obtenu la treizième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2016. Kuze Akihito monte à la troisième place du meilleur seme mais Katsuragi Tomoyuki descend à la sixième place du meilleur uke. Il est amusant de voir les deux amants s’aimer enfin sans contrainte mais fuir le moindre conflit entre eux. La résignation de Katsuragi est presque inquiétante. De plus, l’auteure relance les questionnements sur les origines de Tomoyuki avec les Kuze. J’ai tellement envie de le soutenir!