Sleeping on the paper ship 1 – Yatsuda Teki

Couverture de Sleeping on the paper ship 1 de Yatsuda Teki, éditions Taifu

YATSUDA Teki 八田てき
ISBN: 9782375065198
Taifu comics, 2025
ISBN: 9784829686881 (JP)
France shoin, 2023 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: un peu

« J’étais définitivement possédé par ce dieu de la mort. »

Yatsuda Teki sensei mêle réalité et fiction, incluant également des évènements historiques à son récit. Elle brouille volontairement la première impression des lecteurs sur les personnages en dévoilant des facettes différentes au fil du récit, oscillant entre imagination ou folie. La narration alterne entre les deux héros, présentant deux visions différentes entre des survivants de catastrophe. En effet, Kei, hanté par son passé, trouve une certaine libération à travers l’écriture. Yôichi quant à lui manque cruellement de confiance en lui et a l’impression d’être une coquille vide. Malgré une attirance réciproque, le destin semble s’acharner sur les deux amants qui n’arrivent pas à avancer. Ainsi, l’autrice aborde la culpabilité du survivant, la difficulté à dépasser un traumatisme, le sentiment d’impuissance et de déconnexion dans un monde qui avance à un autre rythme. Elle interroge sur la manipulation, la malédiction, la différence entre amour et admiration.

La mangaka a un trait à peine épuré, plutôt fin et détaillé, presque réaliste. Elle le renforce par des décors soignés très présents, inspirés de photographies. Ainsi, elle utilise beaucoup de trames pour rendre les détails des ombres et des couleurs. Néanmoins, son style se simplifie dans les passages humoristiques. Par ailleurs, les trames d’ambiance, parfois graphiques, appuient les émotions. La mise en page très dynamique rythme la lecture. Les illustrations en début de chapitre dégagent un aspect poétique avec les personnage qui posent. Yatsuda sensei rend parfaitement l’ambiance, le style vestimentaire et les décors des différentes époques. Elle représente de manière métaphorique la mort qui accompagne parfois Kei. Dans les scènes érotiques, elle ne montre pas les parties intimes, jouant sur les cadrages et les angles de vue. Sous la jaquette, il y a une histoire à lire à la fin des deux tomes.

En résumé

Après avoir survécu à un accident durant l’enfance, Kitahara Kei écrit frénétiquement, comme possédé par le dieu de la mort. Toutefois, tous ceux dont il s’inspire dans ses scénarios, meurent dans d’étranges circonstances. Persuadé de devenir fou, il refuse depuis d’écrire et noie ses soucis dans l’alcool. Un soir, alors qu’il est frappé par des soldats américains, il est recueilli par Mikami Yôichi, photographe.

En conclusion

Yatsuda Teki sensei ancre d’abord son récit dans la réalité avant de perturber le lecteur en semant différents indices au fil de son récit, interrogeant sur la folie ou non de Kei. Elle crée ainsi tension et suspense. Son graphisme aux traits plutôt réalistes renforce l’immersion dans le récit. Toutefois, certains passages semblent confus ou trop expéditifs mais cela ne dérange en rien la compréhension générale. Hâte de découvrir la suite!

Le loup déguisé en agneau 2 – Kyugo

couverture de Le loup déguisé en agneau 2 de Kyugo, éditions Hana

Kyugo 九號
ISBN: 9782382765241
Hana, 2025
ISBN:‎ 9784199609732 (JP)
Tokuma shoten, 2023 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

« Tu es le seul à pouvoir changer qui tu es. »

Kyugo sensei propose de découvrir la suite de la romance entre l’ancien escroc Tatsumi Keigo et Kusakabe Daichi, devenu assistant social. Comme dans le tome précédent, elle alterne la narration entre les deux hommes. D’ailleurs, Tatsumi a beaucoup évolué mais a tendance à se mésestimer, culpabilisant de mentir parfois à son petit ami. L’introduction de Yano Tomoki permet de découvrir l’enfance et le passé violent de Kei. De même, le travail de Daichi montre les défaillances auxquelles se confronte le Centre de protection à l’enfance au Japon. L’agent de probation Tanuki met en avant l’importance de la réhabilitation ainsi que les failles du système. En effet, l’autrice installe une nouvelle intrigue, dénonçant les méthodes des yakuzas mais aussi de la police. Elle sème par ailleurs des indices, créant du suspense jusqu’à la fin. Elle aborde donc la manipulation, la vengeance.

La mangaka a un trait léché à peine épuré. Elle exagère les expressions dans les passages humoristiques. Elle utilise beaucoup de trames, donnant ainsi un effet réaliste. De même, les décors très soignés sont souvent présents. Par ailleurs, les trames d’ambiance appuient les émotions tandis que les flash-back se repèrent à leur fond noir. La mise en page très dynamique rythme la lecture et joue sur l’absence de cadre, les ellipses, les superpositions et les formes des vignettes adaptées au contenu. Dans les scènes érotiques, Kyugo sensei ne montre pas les parties intimes, sans contour, cachées par des trames ou des onomatopées. Dans les illustrations en début de chapitre, elle fait poser les personnages tout en montrant leur quotidien.

En résumé

Depuis que Tatsumi Keigo sort avec Kusakabe Daichi, il a retrouvé une certaine normalité, travaillant même comme barman. Il remarque par ailleurs qu’il devient de plus en plus possessif. Un soir, il recroise un camarade de l’orphelinat, Yano Tomoki, faisant alors remonter de douloureux souvenirs…

En conclusion

Ce tome obtient la troisième place du meilleur manga profond au Chill chill BL award 2024. Kyugo sensei propose une nouvelle intrigue mettant à l’épreuve la confiance encore fragile du couple. Plus qu’une romance, elle analyse les défaillances du système juridique, montrant ainsi les limites face à la violence et les difficultés d’en sortir malgré une bonne volonté. Son graphisme transcrit avec finesse les changements d’ambiance. Une lecture intrigante qui donne envie de découvrir la suite!

Tends les mains et vole – Yamada Nonono

Couverture de Tends les mains et vole de Yamada Nonono, éditions Hana

YAMADA Nonono 山田ノノノ
ISBN: 9782382765104
Hana, 2025
ISBN: 9784403667893(JP)
Shinshokan, 2021 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: un peu

« Quand je suis avec toi, j’ai l’impression que tout est possible. »

Yamada Nonono sensei narre une romance avec une note dramatique entre deux étudiants attirés mutuellement. Elle révèle au fur et à mesure les facettes cachées des deux personnages, entre le rêveur et innocent Chikara et le manipulateur Chihiro cabossé par la vie. Ainsi, en dévoilant également le secret autour du tatouage, elle aborde la question du jugement sur l’apparence, l’anormalité, la violence intrafamiliale, la peur du rejet. L’approche différente des recherches permet au deux hommes de débattre et se rapprocher. De même, leur vision opposée de l’amour va créer quelques tensions. L’autrice s’intéresse donc à l’importance de la réalisation d’un rêve, quelque soit l’âge, de l’influence bénéfique d’un soutien et à l’acceptation de l’autre tel qu’il est. Elle montre également les dangers d’un harceleur.

La mangaka a un trait épuré dont les pleins et déliés ajoutent du relief. Elle le simplifie dans les passages humoristiques. Les trames sont variées tandis que les trames d’ambiance appuient les émotions. De même, les flash-back se repèrent immédiatement à leur fond noir. Par ailleurs, les décors soignés apparaissent sur les plans larges. La mise en page est dynamique. Yamada Nonono sensei ne censure pas les scènes érotiques. Elle dessine d’ailleurs une scène par chapitre. Dans les illustrations en début de chapitre, elle fait poser les personnages, les intégrant parfois au récit.

En résumé

L’étudiant Morino Chikara se laisse facilement emballer par ses recherches sur un oiseau robot. Un professeur lui permet de se rattraper en effectuant une synthèse sur un sujet donné. Le jeune et brillant Satomi Chihiro lui propose alors de l’aider. Comme Chikara habite en face de l’immeuble de Chihiro, il accepte un soir de l’espionner à la demande de son amie Himeno Miki, qui a des vues sur ce dernier. Mais en voyant Satomi se masturber, Morino ressent de l’excitation. Toutefois, ce qui l’intrigue encore plus, c’est le magnifique tatouage sur le buste de son voisin.

En conclusion

Ce one-shot se classe deuxième meilleur manga profond au Chill chill BL award 2022. Yamada Nonono sensei s’éparpille autour de trop de sujets, enchaînant ainsi les évènements et les révélations. A cause du format, on a l’impression que tout est précipité et le suspense constant perd un peu de sa force. Toutefois, les thèmes abordés sont intéressants, même si non approfondis. Le graphisme est agréable. Attention, quelques scènes pourront choquer la sensibilité des lecteurs. J’ai tout de même apprécié cette histoire, notamment le passé dramatique de Chihiro et la candeur de Chikara. Impossible d’en dire plus sans spoiler, désolée. Une lecture qui ne touchera pas un public exigeant mais tout de même prenante!

Happy of the end 3 – Ogeretsu Tanaka

couverture happy of the end 3 ogeretsu tanaka hana

OGERETSU Tanaka おげれつたなか
ISBN: 9782382764770
Hana, 2024
ISBN: 9784801981843 (JP)
Takeshobo, 2023 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: absolument

« Une ordure comme toi ne risque pas d’avoir des amis. »

Ogeretsu Tanaka sensei conclut son récit en confrontant d’abord ses deux héros à une effroyable épreuve. Comme dans le tome précédent, elle s’attarde sur l’évolution des sentiments de ses personnages, en particulier le basculement de Haoren devenu instable suite à un énième traumatisme. Ainsi, elle aborde la difficulté à se reconstruire et à préserver son bonheur, le poids de la culpabilité, la facilité à fuir les responsabilités. Malgré son traumatisme, Chihiro s’efforce de rassurer son partenaire. Haoren, qui a le plus changé, préfère maintenant agir avant tout pour le bonheur de son bien-aimé, quitte à se sacrifier. Malgré les silences, le couple semble se comprendre de mieux en mieux, soutenu par Kaji et Matsuki. Ainsi, l’auteure s’intéresse aux efforts pour réaliser son rêve, l’influence positive de préparer son avenir. Elle maintient le suspense, surprenant le lecteur jusqu’à la dernière page.

La mangaka a un trait léché. Elle exagère légèrement les expressions, simplifiant un peu son trait dans les passages humoristiques. Elle utilise beaucoup de trames, donnant ainsi un effet réaliste, surtout pour les ombres et les motifs des tissus. De même, les décors très présents et soignés renforcent le réalisme. Les paysages d’Enoshima sont ainsi reconnaissables. Au lieu des trames d’ambiance, un jeu de lumière avec des décors estompés donne un effet de contre-jour. Les flash-back se repèrent immédiatement à leur fond noir. Ogeretsu sensei ne censure pas les scènes érotiques. Elle propose une mise en page très dynamique. Par ailleurs, elle renforce la profondeur avec des hachures au premier plan, permettent ainsi de se focaliser sur les points essentiels. Cette technique discrète fluidifie grandement la lecture. Les illustrations en début de chapitre présentent les personnages assis, dans un style plus dépouillé qui tranche avec le reste.

En résumé

Maya oblige Kashiwagi Chihiro à monter dans sa voiture en menaçant sa collègue lycéenne Komori Misato. Mais énervé par une remarque de Chihiro, il finit par le passer à tabac. Toutefois, des passants les surprennent en filmant la scène avant de prévenir les secours. Quand Chihiro se réveille plus tard à l’hôpital, Kaji vient d’abord prendre de ses nouvelles puis cède sa place à Haoren Kô. A la fois rongé par la culpabilité et en état de choc, Haoren se montre doux avec son bien-aimé en larmes, ne sachant comment le réconforter.

En conclusion

Ce tome obtient la quatrième place de la meilleure série au Chill chill BL award 2024. Ogeretsu Tanaka sensei offre une fable humaine émouvante qui m’a tiré quelques larmes. Les sentiments des personnages sont palpables. En plus, son graphisme plutôt réaliste et très expressif rend le récit encore plus saisissant. La lecture provoque ainsi une flopée d’émotions. Impossible de rester de marbre face à cette malchance affligeante qui touche ce couple se contentant pourtant de très peu de bonheur!

Boss and the beast – Sachimo

couverture boss and the beast sachimo hana

Sachimo さちも
ISBN: 9782382762066
Hana, 2024
ISBN: 9784041124642 (JP)
Kadokawa, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: absolument

« Ma connaissance du monde est aussi étroite que mon anus. »

Sachimo sensei narre une romance dramatique entre deux hommes brisés par la vie qui développent pourtant un amour pur. Elle révèle leur passé au fur et à mesure, maintenant un certain suspense. De même, elle alterne la narration entre ses deux héros, partageant leurs interrogations. Après avoir vu le pire de l’humanité, Léo semble conditionné mais analyse ses nouveaux sentiments. Le boss, quant à lui, habitué a acheter la fidélité de son entourage, a du mal à comprendre son attirance. Les deux hommes d’abord déstabilisés, évoluent en se découvrant mutuellement. Les jumeaux apportent une petite note humoristique rafraîchissante dans cet univers très sombre. L’auteure interroge ainsi sur la « normalité » en jouant sur la dualité entre le bien et le mal. Elle aborde également le manque d’amour, la dépendance affective, le besoin d’être utile. Par ailleurs, elle construit une relation plutôt consensuelle dans ce monde violent.

La mangaka a un trait léché légèrement anguleux. Elle le simplifie dans les rares passages humoristiques. Elle donne un peu de relief grâce à des contours de différentes épaisseurs. D’ailleurs, son style graphique se reconnaît immédiatement avec ses yeux effilés caractéristiques et pourtant tellement expressifs. Les trames sont équilibrées tandis que les trames d’ambiance se font discrètes. De même, les décors situent principalement l’action. Les flash-back se repèrent à leur fond noir. La mise en page très dynamique rythme la lecture. Dans les scènes érotiques, Sachimo sensei censure les parties intimes par un cache blanc ou une forme tramée. Elle détaille pourtant certaines actions par transparence avec des coupes intérieures. Dans les illustrations en double page au début des chapitres, elle dessine le couple avec un indice sur le récit. Par ailleurs, la représentation esthétique de la violence conserve ainsi un impact sans pour autant choquer.

En résumé

Maltraité puis vendu par ses parents, Léonard est devenu un esclave sexuel jusqu’à ce qu’un jour, on l’abandonne roué de coups dans une rue enneigé. Soigné par le boss de l’organisation « Last home », qui accueille les laissés-pour-compte, il découvre le bonheur de manger trois fois par jour et de dormir sous un toit. Pour ne pas perdre ce nouveau confort, il cherche désespérément à se rendre utile et finit alors par offrir ses services aux jumeaux Rikuo et Kaito. Mais le boss interrompt ses deux sous-fifres et accepte de coucher avec Léo. Toutefois, il ne comprend pas pourquoi ce jeune homme qui refuse son argent l’intéresse autant.

En conclusion

Sachimo sensei maîtrise parfaitement le développement de son scénario, décryptant avec finesse la sensibilité vacillante de ses personnages. Ainsi, elle donne envie au lecteur de soutenir le couple. En plus, son graphisme magnifique devient très sensuel dans les passages érotiques. J’adore ce récit qui questionne indirectement sur le bonheur et l’amour. Je suis touchée par ce couple émouvant et par la pureté de leur histoire d’amour. Par ailleurs, j’adore les couples reversible. Un récit à ne pas mettre entre toutes les mains mais qui plaira aux amateurs d’amour pur dans un univers sombre. Pour moi, un énorme coup de cœur!

Touching your night – Mori Moyori

touching your night mori moyori

MORI Moyori もりもより
ISBN: 9782375064269
Taifu comics, 2024
ISBN:‎ 9784910526263 (JP)
Shucream, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: absolument

« Tu ne me verras plus jamais de la même façon en découvrant mon véritable moi. »

Mori Moyori sensei propose une tranche de vie mêlant drame, secret, tension et douceur. Elle infuse avec finesse les émotions contradictoires de ses personnages, alternant la narration entre eux. Elle maintient également le suspense sur le devenir de leur relation, détaillant au fur et à mesure leur passé et leur état d’esprit. Malgré une vie bien différente et des circonstances totalement opposées, Chinatsu et Kasumi se découvrent des points communs comme le sentiment de solitude, de culpabilité ainsi que le poids de la pression familiale. Ils s’interrogent sur leur attirance réciproque. Vivant tous deux dans un monde de ténèbres, ils partagent alors leurs ressentis. Ainsi, l’auteure joue sur le contraste entre l’innocence et la corruption d’une âme. Elle aborde la difficulté à se libérer de ses peurs, à trouver le courage. Satoshi, le petit frère de Kasumi, apporte également une autre vision de cet « emprisonnement » à cause de l’éducation.

La mangaka confère de la douceur à son graphisme par un trait légèrement épuré au contour épais, des visages plutôt ronds avec de grands yeux aux cils très épais. Elle renforce par ailleurs le côté sinistre de Chinatsu avec des cernes très marquées. Les trames équilibrées privilégient les contrastes noir et blanc. Pourtant, des hachures viennent en plus appuyer les ombres ou les rougissements. Les trames d’ambiance appuient les émotions. Par contre, les décors s’estompent en arrière-plan. Les flash-back se repèrent à leur fond noir, avec des vignettes parfois recouvertes d’une trame grise. La mise en page dynamique joue sur les ellipses et les sorties de cadre. Mori sensei s’attarde sur les détails en décomposant les mouvements pour transmettre les émotions cachées. Toutefois, elle censure les scènes érotiques en ne montrant pas les parties intimes grâce à un choix judicieux des cadrages.

En résumé

Le tueur à gages Sakaki Chinatsu est hanté par l’échec de sa première mission dans laquelle son frère Fuyuki a perdu la vie à cause de ses hésitations. Surpris par un jeune garçon mal voyant, ce dernier l’avait alors réconforté. Cinq ans plus tard, il recroise par hasard ce jeune homme, victime d’un voleur à la tire. Après avoir récupéré le sac volé, Chinatsu décide d’aider Mienishi Kasumi, dont la canne est cassée. Bien que conscient qu’il devrait pourtant garder ses distances, il n’arrive pas à couper cette amitié naissante entre eux…

En conclusion

Ce one-shot se classe quatrième meilleur venu au Chill chill BL award 2023. Pour son premier manga, Mori Moyori sensei maîtrise plutôt bien le déroulement de son récit, se concentrant sur l’évolution de la relation et les émotions. Malgré certains évènements facilement prévisibles, elle arrive à maintenir le suspense sur l’avenir de la relation jusqu’à la fin. Elle a par ailleurs un graphisme très expressif. Je fonds complètement pour cette romance emplie de tendresse. Une belle histoire touchante qui peut plaire à un large public.

Je te donne la moitié de moi – Arima Arashi

je te donne la moitie de moi arima arashi

ARIMA Arashi 有馬嵐
ISBN: 9782382762660
Hana, 2024
ISBN: 9784845859979 (JP)
Leed publishing, 2023 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

« Je suis sans doute le seul à trouver qu’il a un regard effrayant. »

Arima Arashi sensei narre une romance dramatique qui commence par une fuite puis une séparation. Elle aborde la maltraitance, la culpabilité qui se transforme en regret avec le temps, l’impuissance, la pédophilie. Ainsi, elle dévoile le passé de Shin par brides, maintenant un certain suspense. Les deux adolescents s’interrogent sur leur attirance et leur relation, à la limite entre amis et amants. Bien que Shiraki comprend vite son sentiment amoureux, il prend des précautions pour les exprimer à Kurokawa dont les émotions s’exacerbent avec la tension. Malgré une relation consensuelle, la culpabilité et l’impuissance perturbent l’harmonie du couple. L’auteure effectue un saut de le temps, suspendant les sentiments et analysant par la suite leur évolution. Elle s’attarde sur la différence des réactions et des émotions entre adulte et adolescent, qui changent en mûrissant. Par ailleurs, elle met en avant la difficulté à assumer son passé.

La mangaka a un trait épuré de style shôjo. Elle dessine de grands yeux expressifs et des hachures envahissantes pour les rougissements. Par ailleurs, elle simplifie parfois son trait à l’extrême dans les passages humoristiques. Les contours parfois plus épais donnent du relief. Les trames sont variées tandis que les trames d’ambiance renforcent les émotions. Les décors situent principalement l’action. Les flash-back se repèrent à leur fond noir. La mise en page est très dynamique. Dans les scènes érotiques, Arima sensei censure les parties intimes par un cache blanc. Elle joue également sur les cadrages et les angles de vue pour éviter de trop les montrer. Par ailleurs, elle ménage les lecteurs en ne détaillant pas les scènes choquantes. Les illustrations en début de chapitre offrent un instantané de la relation. Sous la jaquette, deux planches concluent le récit, à lire donc à la fin.

En résumé

Kurokawa Makoto conserve une certaine retenue face à Shiraki Shin qui attire pourtant l’admiration de toute la classe. Il est à la fois fasciné et intrigué par le sourire que ce dernier affiche constamment. Mais un jour, en rentrant des courses, il croise son camarade de classe à moitié nu, la chemise tâchée de sang, dans la rue. Surpris, il l’aide alors à fuir son poursuivant enragé. Shin lui révèle donc que sa mère le prostitue pour gagner de l’argent. Aîné d’une fratrie de six enfants et habitué à prendre soin des autres, Kuro décide par conséquent de fuguer avec lui. Mais jusqu’à quand tiendront-ils avec ses maigres économies?

En conclusion

Ce one-shot se classe septième meilleur manga profond au Chill chill BL award 2024. Arima Arashi sensei enchaîne un peu rapidement certains évènements. Néanmoins, elle dépeint avec finesse les émotions de ses personnages. En plus, son graphisme dégage une certaine douceur très agréable. Malgré les efforts de la mangaka pour ménager son public, certaines scènes peuvent toutefois choquer la sensibilité de certains lecteurs. J’ai été surprise par l’intensité du récit qui pourtant se suffit amplement à ce tome. Une lecture touchante! Mise à jour: Ce tome se classe septième meilleur manga profond au Chill chill BL award 2024.

Happy of the end 2 – Ogeretsu Tanaka

happy of the end 2 ogeretsu tanaka

OGERETSU Tanaka おげれつたなか
ISBN: 9782382762073
Hana, 2024
ISBN: 9784801976160 (JP)
Takeshobo, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

« Votre salon ressemble à un love hotel… »

Ogeretsu Tanaka sensei offre une parenthèse de douceur dans son récit, maintenant néanmoins une certaine tension, comme une épée de Damoclès prête à tomber sur ses deux héros. Elle s’attarde sur l’évolution des sentiments de ses personnages, Haoren se confiant de plus en plus à Chihiro et montrant également plus facilement son affection. D’ailleurs, le jeune homme expérimente de nouvelles émotions comme la jalousie, la peur de perdre un être cher. Ainsi, son passé se révèle par brides, laissant l’imaginaire du lecteur compléter les éléments les plus durs. Chihiro qui se montre compréhensif se prend également en main. L’introduction de Maya vient briser ce quotidien rassurant proche de la normalité. L’auteure aborde la difficulté à discuter et partager des souvenirs traumatisants, les dégâts causés par la drogue, la fuite presque impossible de son passé. Elle marque le passage du temps à travers divers évènements. L’histoire bonus apporte une note humoristique.

La mangaka a un trait léché. Elle le simplifie légèrement dans les passages humoristiques, exagérant les expressions. D’ailleurs, elle varie beaucoup les physionomies, rendant ses personnages facilement reconnaissables. Les trames très variées transcrivent les couleurs, les motifs, les ombres et même les dégradés. De même, les trames d’ambiance appuient les émotions. Par ailleurs, les décors soignés ajoutent une note réaliste, apparaissant dans les plans larges. Les flash-back se repèrent immédiatement à leur fond noir. La mise en page dynamique varie souvent les plans et s’attarde sur les détails. Ogeretsu sensei ne censure pas les scènes érotiques. Dans les illustrations en début de chapitre, elle fait poser les personnages devant un décor reprenant le thème principal du récit. Comme dans le tome précédent, elle présente deux autres personnages sous la jaquette.

En résumé

Kaji Ryôhei constate que Keito, alias Haoren, et Kashiwagi Chihiro transforment petit à petit leur intérieur en nid d’amour, vivant ensemble comme un couple. D’ailleurs lors d’une sortie au restaurant, Haoren officialise ses sentiments envers son partenaire. Il accepte même plus facilement de se déshabiller et d’exhiber son corps couvert de cicatrices durant leurs ébats…

En conclusion

Ce tome se classe huitième meilleure série au Chill chill BL award 2023. Ogeretsu Tanaka sensei maîtrise parfaitement le rythme de son récit, maintenant une tension constante et proposant quelques respirations romantiques ou amusantes aux lecteurs. Elle fait côtoyer avec finesse désespoir et petits bonheurs du quotidien. Son graphisme presque réaliste facilite l’immersion dans le récit. Une lecture pleine d’émotions qui nous invite à réfléchir sur le bonheur!

La cage de la mante religieuse 5 – Psyche Delico

le cage de la mante religieuse 5 psyche delico

PSYCHE Delico 彩景でりこ
ISBN: 9782382762714
Hana, 2024
ISBN: 9784396785413 (JP)
Shodensha, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

« Des destins brisés par la vie, la folie et la malchance. »

Psyche Delico sensei continue de révéler les secrets de la famille Tôma à travers le regard de Sachiko et Iida. Comme dans le tome précédent, elle plonge le lecteur dans la noirceur humaine, abordant le pardon, la folie, l’inceste et les manipulations. Elle interroge également sur la diversité du bonheur, la pression sociale ainsi que la construction d’une image d’un bonheur unique. En effet, bien que libéré de ses obligations, Ikurô continue à se sentier prisonnier, son amour déviant et sa vision du bonheur ne correspondant pas aux conventions sociales. Il a clairement conscience de ne pas se sentir à l’aise dans une vie « normale ». Sachiko, quant à elle, prend en main son avenir. Ranzô évolue également. Ainsi, l’auteure s’attarde sur la fragilité de l’estime de soi, la contiguïté entre bonheur et malheur, la difficulté à sortir d’une relation toxique et dépendante. Elle aborde également le sentiment de culpabilité.

La mangaka a un trait épuré. Elle le simplifie discrètement dans les passages humoristiques. Elle retranscrit l’ambiance dramatique du récit en jouant principalement sur les contrastes noir et blanc, en particulier avec les trames d’ambiance très sombres qui semblent envahir les espaces. En plus, un fond noir marque également les flash-back. Par ailleurs, les trames sont très variées. Les décors soignés qui apparaissent sur les plans larges ajoutent une note réaliste. Psyche Delico sensei propose une mise en page très dynamique, avec des superpositions, des sorties de cadres et des angles de vue variés. Dans les scènes érotiques, elle censure à peine les parties intimes mais utilise des contours discontinus et des cadrages pour limiter leur exposition.

En résumé

Iida Yukinari qui enquête sur l’affaire de corruption de Honda Kôzô, recueille en fin de compte Tôma Ranzô et Ikurô qui fuyaient leur manoir en flamme. Le journaliste se trouvait sur les lieux car son ami d’université semble impliqué dans l’affaire. Dans la voiture, Ikurô, complètement sonné, se souvient alors de ses sentiments ambivalents pour Miyama Norihiko. Il réalise qu’il apprécie les mains du majordome au point d’accepter que ce dernier lui donne la mort. Soudain, il panique de l’avoir repoussé dans la cage en flamme et cherche désespérément à le rejoindre. Pendant ce temps-là, au manoir, Nishimura Ken’ichi tente de sauver Norihiko qui a réussi à sortir de sa prison mais ce dernier le poignarde avant de disparaître…

En conclusion

Ce tome obtient la neuvième place du meilleur manga profond au Chill chill BL award 2023. Psyche Delico sensei conclut sa série avec brio en révélant les derniers secrets de la famille Tôma. Elle incite les lecteurs à s’interroger sur le bonheur et le déroulement de la vie en oscillant constamment entre espoir et noirceur. D’ailleurs, elle offre un tome très sombre dans lequel les moments les plus lumineux semblent soudain se détacher. Ainsi, son graphisme retranscrit parfaitement l’ambiance générale. Je suis subjuguée par le style narratif de l’auteure ainsi que sa capacité à créer de la curiosité envers des personnages aussi sinistres. Une lecture intrigante!

La punition 3 – Hinako

la punition 3 hinako

Hinako ひなこ
ISBN: 9782382764497
Hana, 2024
ISBN: 9784866536705 (JP)
Core magazine, 2022 (JP)
Titre original: 馬鹿とハサミ 3
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

« Je crois que j’aime bien ma vie actuelle, en fait. »

Hinako sensei fait évoluer la relation entre Sujima et Yôsuke qui montrent plus facilement leur affection l’un pour l’autre. Elle délaisse donc un peu le « dressage » pour installer une intrigue avec Ryûji. Ainsi, elle révèle au fur et à mesure ses manipulations et ses intentions, créant la surprise. De plus en plus honnête envers son partenaire et ses propres sentiments, Yôsuke continue tout de même à faire des cachoteries mais dans le but d’éviter les conflits. Sujima quant à lui, s’interroge de plus en plus sur son attachement pour son « chien » et ne cache plus sa possessivité. Makoto se montre toujours surprotecteur mais fait des efforts pour respecter les choix de son ami. Ainsi, l’auteure dévoile les derniers secrets autour de Takumi. Par ailleurs, elle développe un peu plus les sentiments des personnages. Elle apporte également une note d’humour discrète avec les personnages secondaires.

La mangaka a un trait léché et anguleux. Elle le simplifie légèrement dans les passages humoristiques. Elle dessine des personnages longilignes avec des visages ovales. Les trames sont équilibrées tandis que les trames d’ambiance accompagnent les émotions. Par ailleurs, les décors situent principalement l’action. La mise en page est dynamique. Dans les scènes érotiques, Hinako sensei censure les parties intimes par des languettes blanches, un contour blanc ou tout simplement l’absence de trames. Elle dessine également des coupes intérieures. Comme dans le tome précédent, elle fait poser les personnages dans les illustrations en début de chapitre.

En résumé.

Yôsuke décline la proposition de colocation de son ami Sawashiro Makoto, appréciant sa vie actuelle avec Sujima Takumi. Alors qu’il a apporté des hamburgers pour le dîner, le gérant d’établissement de prostitution le soupçonne d’abord de chercher de l’argent ou ses faveurs. Malgré la simple envie de faire plaisir de l’ancien gigolo, les deux hommes finissent tout de même par coucher ensemble. D’ailleurs, Yôsuke ne cache plus à son partenaire ce qu’il aime durant les ébats. Un soir, alors qu’il se rend dans un bar pour continuer à s’enivrer après avoir quitté ses amis, il est abordé par un jeune homme, Ryûji, avec qui il sympathise très vite.

En conclusion

Hinako sensei ajoute enfin un peu de sentiments entre ses deux héros. Elle maintient bien le suspense avec les intrigues de Ryûji, même si certains indices permettent au lecteur d’anticiper les révélations. Il y a toutefois encore quelques scènes choquantes (viol) pour le public sensible. J’ai l’impression de souffler un peu avec ce tome mais je suis toujours sous son charme. Je me délecte vraiment d’un peu de douceur dans ce monde de brutes.