Rêve de coucou 1 – Tamekou

reve de coucou 1 tamekou
Tamekou ためこう
ISBN: 9782368776254
Boy’s love IDP, 2018
ISBN: 9784396784294 (JP)
Shodensha, 2017 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

« Mon corps n’est rien d’autre qu’un réceptacle pour mon esprit. »

Tamekou sensei nous plonge dans une histoire complexe, pleine de suspense. Elle joue sur le doute jusqu’à la fin. Ainsi, l’incrédulité de Natsuka sur le changement de corps entre Hakushima et Seno perdure. La rationalité de l’étudiant homosexuel est constamment mise à l’épreuve. Au fil des chapitres, le lecteur remarque que les deux meilleurs amis ne se connaissent pas tant que cela alors qu’ils sont proches. En parallèle, l’auteure dévoile le contexte familial particulier de Shôgo, permettant de mieux comprendre son caractère renfermé et fuyant. Elle interroge sur les relations humaines et l’amitié. Elle invite le lecteur à réfléchir au sentiment amoureux. Qu’aimons-nous chez une personne: son physique ou son esprit? L’aimerions-nous de la même manière si il changeait de personnalité ou de physique? En se révélant à ce Hiro dans le corps de Yûji, Natsuka montre une facette différente de lui-même, espérant réaliser enfin son désir.

La mangaka a un trait épuré, léché mais légèrement anguleux. Elle porte attention aux regards et petits gestes. Elle varie beaucoup les trames et utilise donc avec parcimonie les trames d’ambiance pour ne pas surcharger. Comme les flash-back s’identifient immédiatement, cela facilite la lecture. D’ailleurs la mise en page est très dynamique, avec des angles de vue parfois originaux. Tamekou sensei ne censure pas les scènes érotiques mais ne sombre pas dans le voyeurisme pour autant.

En résumé

Natsuka Shôgo est amoureux de son ami Hakushima Hiro depuis le lycée. Mais de peur de briser leur amitié, il ne lui a jamais avoué son homosexualité ni ses sentiments. Il fréquente un sex friend, Seno Yûji, avec qui il se montre assez froid. Un soir, alors qu’il était avec lui, il reçoit un appel de Hakushima lui annonçant avoir besoin de parler. Il plante alors Seno pour rejoindre son ami. Toutefois, Hiro commence à critiquer son manque d’assiduité à l’université et ils finissent par se disputer. Natsuka appelle alors Yûji mais en chemin, ce dernier a un accident avec Hakushima. Tous deux finissent donc dans le coma à l’hôpital. Quand Seno se réveille, il semble perdu et dit s’appeler Hakushima…

En conclusion

Beaucoup de questions, de doutes, durant la lecture de ce récit merveilleux. L’auteure arrive à rendre tous ses personnages attachants, crédibles tout en amenant le lecteur à réfléchir profondément sur le sentiment amoureux. Impossible de rester indifférent! L’apprécierez-vous autant que moi?

Choco strawberry vanilla – Psyche Delico

choco strawberry vanilla psyche delico
PSYCHE Delico 彩景でりこ
ISBN: 9782368775363
Boy’s love IDP, 2016
ISBN: 9784812484074 (JP)
Takeshobo, 2013 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

« Les affres de l’amour à trois. »

Psyche Delico sensei développe un triolisme original avec deux amis d’enfance qui partagent tout, sans pour autant être amoureux, et initient « leur » nouveau partenaire. Elle alterne la narration entre Minegishi, Takeshi et Hiroi, partageant leurs réflexions. Ainsi, elle amène le lecteur à s’interroger sur l’amour exclusif. En effet, Hiroi assume pleinement son polyamour. Toutefois, l’incompréhension de sa sexualité différente par ses anciennes partenaires l’a fragilisé psychologiquement. Take a toujours suivi Hiroi sans réfléchir à ses goûts personnels mais son attirance naissante pour Mine l’amène à mieux cerner ses penchants sadiques. D’ailleurs, Mine fait l’effort de comprendre leur vision en acceptant d’apprendre à aimer ce qu’aime son partenaire. L’auteure joue sur les remises en questions de ses personnages et la relation conflictuelle entre Tada et Katsuya. Elle met parfaitement en scène les sentiments et les hésitations des trois partenaires. L’équilibre entre eux se construit donc difficilement.

La mangaka a un trait fin et épuré, presque dépouillé. Elle n’hésite pas à dessiner des jambes poilues. Une certaine blancheur se dégage de ses planches car elle privilégie les aplats noirs et utilisent peu de trames pour les ombres. De même, les trames d’ambiance se font également discrètes. Au premier abord, la mise en page semble classique avec des cadres délimités, pourtant il y a bien quelques ellipses et des absences de cadres. Par ailleurs, les angles de vue intéressants donnent un certaine dynamique. Psyche sensei censure à peine les scènes érotiques, avec de fines bandelettes blanches qui se fondent dans le dessin. Elle représente les trois protagonistes dans les illustrations en début de chapitre. Sous la jaquette, elle accompagne sa postface de deux planches conclusives sans trop montrer le nirinzashi.

En résumé

Depuis l’enfance, Kômoto Hiroi partage tout ce qu’il aime, objets comme humains, avec Tada Takeshi. A une soirée d’anciens élèves du lycée, il retrouve Minegishi Katsuya, un garçon taciturne et sombre avec qui il arrivait à converser. Ce dernier nourrit un amour secret pour lui depuis cette période. Hiroi lui propose alors de sortir ensemble après avoir couché ensemble. Mais lors de leur deuxième rendez-vous, il emmène avec lui Take. Surpris, Mine rejette d’abord sa proposition de faire l’amour à trois, mais quand son amant lui annonce qu’il le quitte s’il refuse son ami comme une extension de lui, il finit par céder. Difficile pourtant pour lui d’accepter cet intrus dans leur relation…

En conclusion

Ce one-shot a obtenu la cinquième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2014. La couverture est classée troisième et Minegishi Katsuya, deuxième personnage érotique. J’adore les threesome quand ils se font dans le consentement. Ici, Mine se fait un peu forcer la main au début et cela pourra déranger certains lecteurs. Cependant, comme à son habitude, l’auteure développe parfaitement son scénario en portant attention aux questionnements et à l’évolution des sentiments des personnages. Je trouve donc l’ambiance de ce drame moins sombre que les autres œuvres de la mangaka.

Comme un adieu 1 – Shimura Takako

comme un adieu 1 shimura takako
SHIMURA Takako 志村貴子
ISBN: 9782369747222
Akata, 2021
ISBN: 9784799734803 (JP)
Libre, 2017 (JP)
Titre original: さよなら、おとこのこ 1
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

« Au réveil, j’avais le corps d’un enfant… »

Shimura Takako sensei mélange à la fois le drame et le fantastique dans ce récit explorant « les méandres de l’âme humaine ». Elle alterne la narration entre Kanade et Yuhki, entrant petit à petit au plus profond de leur conscience. Elle remet en question les liens du couple, dévoilant au fur et à mesure leur passé. Ainsi, leur relation n’est pas aussi stable qu’elle ne paraît. De même, les héros s’interrogent sur leurs sentiments, leur homosexualité et la notion de famille. D’ailleurs, l’auteure met en parallèle l’univers du théâtre avec le rôle que joue un homosexuel pour se fondre dans la société. Elle dénonce également la prostitution adolescente. Avec Yûta, elle aborde aussi la question de la pédophilie, la complicité entre l’enfant et son frère l’intrigant. Le chapitre « Tamai, l’amour et l’amitié » narre une histoire à part avec un triangle amoureux entre deux demi-frères et une collègue de travail.

La mangaka a un trait épuré qui dégage à la fois de la douceur et une certaine rondeur. Malgré la finesse du trait, elle tire profit des pleins et des déliés pour marquer son style. Elle simplifie à l’extrême son trait dans les passages humoristiques. Les décors apparaissent dans les plans larges. Les trames d’ambiance illustrent les émotions. La mise en page est dynamique avec toutefois un cadrage très marqué. Dans les scènes érotiques, Shimura sensei évite de détailler les parties intimes sauf dans une case. Les éditions Akata ont effectué un travail magnifique sur la couverture avec un vernis en forme de fenêtre qui donne du relief à l’illustration. Cet effet fait également ressortir le titre sur le dos du livre.

En résumé

Kawata Yuhki (30 ans), chauffeur de bus, et Haijima Kanade (25 ans), cumulant petits boulots et participation à une troupe de théâtre, sortent ensemble. Mais un matin, Kanade se réveille avec son corps d’enfant. Tout d’abord surpris, son petit ami le reconnaît rapidement. Alors que Haijima semble prendre la situation avec calme et fatalité, Yuhki s’inquiète. Le chauffeur de bus s’empresse donc d’alerter leurs employeurs de leur absence, se faisant passer pour malades. Mais quand il achète quelques vêtements pour Kanade, il ressent un peu comme un instinct paternel. Cependant, le garçonnet est toujours excité par son partenaire et a encore envie de lui faire plaisir, malgré ses protestations. Mais Yûta (25 ans), le petit frère de Yuhki, débarque et demande à être loger quelques temps…

En conclusion

Ce tome a obtenu la dix-neuvième place du meilleur manga profond au Chill chill BL award 2018. La lecture demande un petit peu de concentration pour assimiler tous les détails mais également de prendre de la distanciation avec le récit. Par contre, certains lecteurs sensibles pourront être choqués par les thèmes abordés. Pour ma part, cette histoire est un véritable coup de cœur! J’aime beaucoup le parallèle avec le théâtre, le côté sombre des personnages qui remonte petit à petit et les émotions presque à fleur de peau que j’ai ressenties à la lecture. J’ai tellement hâte de découvrir la suite!

Two sides of the same coin 2 – Nishimoto Rou

two sides of the same coin 2 nishimoto rou
NISHIMOTO Rou 西本ろう
ISBN: 9782368777428
Boy’s love IDP, 2021
ISBN: 9784829686294 (JP)
Printemps shuppan, 2020 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: un peu

« Dites, vous savez ce que c’est, le bonheur? »

Nishimoto Rou sensei base maintenant la narration du point de vue de Kôsuke. Elle dévoile au fur et à mesure le passé traumatisant du boxeur tout en posant des indices sur son projet de vengeance. En parallèle, elle oblige son héros à s’interroger sur ses sentiments naissants mais immoraux. Yoshida Takahiro révèle son vrai visage, utilisant les deux garçons pour son profit personnel. Toutefois, Yûji qui s’est pris en mains, agit maintenant et se bat pour changer les choses. L’auteure continue à dépeindre la perversion du père qui s’avère être un véritable monstre violent, abusif et dont l’ego démesuré l’entraîne dans le déni total de ce qui l’entoure. Minase et Hishiya vont évoluer, mûrir suite aux chocs et aux décisions qu’ils vont prendre pour leur bonheur commun.

La mangaka a un trait magnifique. Elle varie beaucoup les expressions du visage jouant sur les nuances. D’ailleurs, les émotions de Kôsuke se devinent immédiatement. L’utilisation des trames est équilibrée. De même, les décors sont soignés. Nishimoto sensei ne censure pas les scènes érotiques. Elle les détaille même avec des coupes intérieures. Elle donne sa postface sous la jaquette avec une planche révélant ce que sont devenus les deux héros. Les couvertures du premier et du second tome mises côte à côte forment une seule illustration.

En résumé

Pendant son sommeil, Hishiya Kôsuke se souvient de son enfance. Il ne fait plus confiance aux gens depuis qu’il a failli se faire violer par un homme qui lui avait proposé le logis pendant que son père était avec sa mère. Le lendemain matin, Minase Yûji réitère encore ses sentiments envers le boxeur. Durant une pause sur le chantier d’archéologie, Miki aborde Kô et lui explique alors que l’étudiant, plutôt asocial, est souvent mis à part dans l’équipe. Sa présence étonne donc tout le monde car il est difficile d’obtenir un tel poste. Alors quand des élèves médisent sur son bienfaiteur, Kôsuke le défend. Mais, touché par la gentillesse de Yûji, il commence à culpabiliser de son rapprochement avec celui qu’il a pris en réalité pour cible…

En conclusion

Attention! Ce tome peut choquer car il est question d’inceste (avec un père abusif et une relation entre demi-frères). Sa lecture demande donc de prendre une certaine distance. Je suis émue par ce récit où deux familles sont détruites à cause d’un seul individu à l’ego démesuré. Les deux jeunes adultes ne peuvent que constater leur impuissance et cherche à évacuer leur sentiment de culpabilité en trouvant un bouc émissaire. Pourtant, en affrontant leurs peurs, ils vont réussir à évoluer et trouver enfin le bonheur.

Two sides of the same coin 1 – Nishimoto Rou

two sides of the same coin 1 nishimoto rou
NISHIMOTO Rou 西本ろう
ISBN: 9782368777411
Boy’s love IDP, 2021
ISBN: 9784829686287 (JP)
Printemps shuppan, 2020 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: un peu

« Quelle est cette force capable de rapprocher inexorablement deux êtres ignorants de leur existence mutuelle? »

Nishimoto Rou sensei narre un drame sentimental avec un étudiant passif, complexé par rapport à son père, mais qui évolue grâce à l’amour. La narration donne le point de vue de Yûji. Même si il apparaît au premier abord comme un fils modèle, il subit en réalité la pression de son paternel qui l’a rejeté depuis qu’il ne répond plus à ses attentes. De même, Kôsuke qui semble frivole et fort cache en réalité ses faiblesses. Son masochisme traduit sûrement un certain mal-être. L’auteure révèle au fur et à mesure le passé de Yûji ainsi que les liens qui relient ses personnages. Par ailleurs, elle pose des indices tout en maintenant le suspense. L’image du père de Yûji, parfaite aux yeux de la société, se dégrade au fil du récit. Son fils éprouve une attirance sans borne pour Kô même si cela n’est pas forcément réciproque.

La mangaka a un trait légèrement épuré assez réaliste. Elle dessine des personnages plutôt musclés. Elle travaille particulièrement les expressions du visage. Les trames d’ambiance se font très discrètes. De même, l’usage des trames est équilibré entre ombres et colorations. Par contre, les décors situent principalement l’action en restant tout de même assez précis. La mise en page simplement dynamique rythme la lecture et ménage le suspense. Nishimoto sensei ne censure pas les scènes érotiques. Elle les décrit même avec beaucoup de détails.

En résumé

Deux semaines après l’enterrement de sa mère, Yûji découvre que son père entretient une relation adultère. Comme sa mère s’est sacrifiée pour satisfaire ce commissaire autoritaire et soucieux de sa réputation, l’étudiant d’abord chamboulé, enrage. Il décide alors de rejoindre son senpai, Yoshida Takahiro, à une soirée. Dans sa précipitation, il bouscule un beau boxeur qui lui vole un baiser pour s’excuser. Mais après un verre d’alcool, Yûji sombre rapidement. Quand il reprend conscience, il réalise que la soirée entre étudiants a dégénéré en partouse. En plus, Yoshida le photographie en plein ébats. Redoutant les réactions de son père, il fuit. Mais en allant aux toilettes, il est embarqué de force dans un match de boxe illégal qui se déroule au sous-sol et se retrouve aux pieds de Hishiya Kôsuke. Est-ce un hasard?

En conclusion

Attention, certaines scènes peuvent choquer! Les relations ne sont pas forcément très consenties au début. En plus, la relation qui se lie entre Kô et Yûji n’est pas des plus saines au départ. Mais pour ma part, j’apprécie beaucoup le dessin de la mangaka, le récit et la tournure que prend les évènements. J’ai hâte de lire la suite. Nous avons heureusement la chance d’avoir les deux tomes publiés en même temps, comme au Japon.

A tes côtés… 1 – Yukue Moegi

a tes cotes 1 yukue moegi
YUKUE Moegi ゆくえ萌葱
ISBN: 9782368777510
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784796413213 (JP)
Kaiohsha, 2019 (JP)
Titre original: 白刃と黒牡丹1
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

L’amour obsessionnel d’un ami d’enfance qui ébranle même un yakuza.

Yukue Moegi sensei propose une romance adulte entre deux amis d’enfance. Elle met parfaitement en scène l’amour obsessionnel de Shirakaba qui se comporte comme un vrai stalker. Elle alterne la narration entre ce dernier et Kuroi, partageant leurs réflexions. Ainsi, Kengô semble bien gentil et protecteur pour un yakuza, même s’il sait se montrer menaçant quand cela est nécessaire. Tôma a une personnalité complexe : tenace, têtu, calculateur, patient mais surtout avide. Ainsi sa détermination paraît presque effrayante. L’auteure dévoile peu à peu la relation particulière qu’entretiennent ses deux héros depuis leur enfance. Elle dépeint avec finesse le rapport de force qui se joue entre eux. Le consentement n’est donc pas clair, le yakuza finissant toujours par se laisser faire face à l’insistance de son partenaire. Le subordonné Handa apporte une touche d’humour avec ses maladresses et sa naïveté.

La mangaka a un trait épuré avec toutefois des contours plutôt épais mettant en relief les personnages. Elle simplifie les expressions dans les passages humoristiques. Elle varie également les morphologies des personnages et marque bien la différence d’âge. Les trames d’ambiance, très discrètes, s’intègrent dans les fonds. Les décors sont soignés. Par ailleurs, l’agencement des cases et les angles de vue dynamisent la mise en page. Yukue sensei dessine des scènes érotiques sensuelles et viriles tout en évitant d’esquisser les détails des parties génitales. Cependant, cela reste assez explicite.

En résumé

A 37 ans, Kuroi Kengô est déjà premier lieutenant du clan Kuroguro. Son ami d’enfance, Shirakaba Tôma (37 ans), devenu avocat, lui déclare son amour à chaque instant. Mais le yakuza rejette toujours ses avances, voulant le préserver de son sombre milieu. Bienveillant envers ses subordonnés, il les invite un jour au restaurant chinois qu’il fréquentait durant son enfance. Au retour, il croise alors Shirakaba qui lui annonce être devenu conseiller juridique pour son clan.

En conclusion

Même si ce tome n’a pas été classé parmi les meilleurs mangas profonds au Chill Chill BL award 2020, l’amour obsessionnel de Shirakaba et l’amour pur de Kuroi ont touché les lecteurs. Avez-vous eu envie, vous aussi, d’encourager l’avocat dans sa conquête amoureuse? Sa planification pour devenir un soutien pour celui qu’il aime est presque incroyable. J’adore le style narratif de l’auteure. Et encore plus quand elle dessine des personnages mûrs. Je suis donc complètement conquise par cette romance. En début de tome, la mangaka propose de rechercher Busamen, le chat de Glare at you, because I love you dans les pages. Mais j’en ai trouvé seulement trois sur six.

Despicable – Psyche Delico

despicable psyche delico
PSYCHE Delico 彩景でりこ
ISBN: 9782368775370
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784801953819 (JP)
Takeshobo, 2015 (JP)
Titre original: 犬も喰わない
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

« Même un chien ne s’interposerait pas dans une querelle entre trois hommes insatisfaits. »

Psyche Delico sensei propose de suivre deux triangles amoureux avec des amours contrariés où la manipulation prend le dessus sur les sentiments. En parallèle, elle présente également l’aventure amoureuse d’un autre membre de l’agence de détectives, s’amusant sur la différence d’âge et le comportement inversé avec le lycéen qui se montre plus sensé que l’adulte. Comme à son habitude, ses personnages ont des penchants déviants, n’arrivent pas à exprimer normalement leurs sentiments et passent par des moyens détournés pour arriver à leurs fins, s’enlisant dans des liens toxiques. L’auteure met en scène des relations cyniques, maintenant un certain suspense sur les réactions des protagonistes. Néanmoins, dans le dernier récit, elle aborde différemment la narration, remontant les souvenirs pour dévoiler au fur et à mesure les différents liens entre les personnages.

La mangaka a un trait fin et épuré mais avec une petite touche réaliste, n’oubliant pas les rides naissantes des hommes mûrs. Néanmoins, elle simplifie ses traits dans les passages humoristiques. Parfois, elle dédouble certains contours, donnant un aspect croquis. Quelques trames d’ambiance renforcent les sentiments des protagonistes. De même, les décors sont soignés. La mise en page assez classique offre parfois des planches très dynamiques. Les scènes érotiques sont censurées par des hachures sur les parties génitales ou simplement par l’absence de traits. D’ailleurs, Psyche sensei évite de montrer trop de détails en jouant sur les cadrages et en écourtant les passages.

En résumé

Despicable: Utsugi travaille pour l’agence de détectives Nakashima Akira. Actuellement, il est en filature pour le professeur Yamashiro Seinosuke qui cherche des preuves sur l’infidélité de sa femme. En effet, l’épouse semble le tromper avec Okuzono Shûji, un professeur de la même université. Comme son client ne manifeste aucune surprise à cette annonce mais nie connaître ce collègue, le détective approfondit l’enquête et découvre que les deux hommes ont un passé commun depuis le lycée: Okuzono séduit systématiquement les conquêtes de Yamashiro. Cependant Utsugi connaît également Okuzono qu’il avait rencontré dix ans auparavant quand il travaillait dans un café. Il en était tombé amoureux mais l’homme l’avait rejeté, prétextant être prisonnier d’un amour sale et monstrueux. Alors, il propose à Yamashiro de le libérer de cette relation toxique.
Crise de la trentaine: Après sept ans de vie commune, la petite amie de Shôji (30 ans), Saito Mayumi, l’a quitté. Le détective déprime mais le lycéen Shiina Akane (18 ans), qui travaille dans l’agence, n’arrête pas de lui faire la morale. Un soir, l’adolescent le prend même en filature…
Photographie / Déclaration / Os: Otohiro est décédé seul dans son appartement. Ses deux amis de longue date, Daigo et Masaki, se retrouvent dans son studio à ressasser les souvenirs. Les langues se délient alors. En effet, depuis que Daigo avait épousé Katsuko, la sœur d’Otohiko, les deux amis ne se fréquentaient plus. Et Masaki entretenait également une relation secrète avec son ami décédé.

En conclusion

Ce recueil obtient la sixième place du meilleur manga original au Chill Chill BL award 2016. Cependant, comparé à sa série phare La cage de la mante religieuse, la noirceur de ce titre est plus légère. Le chapitre « Crise de la trentaine » introduit même une touche d’humour, dénotant avec le reste du tome. Malgré le format court qui ne permet pas d’approfondir le scénario, l’auteure arrive tout de même à transmettre l’essentiel. J’apprécie particulièrement la présence d’hommes mûrs. En revanche, les fans de ce genre risquent d’être un peu déçu par le manque de profondeur dans le drame psychologique.

The half of happiness – Yuuya

the half of happiness yuuya
Yuuya 祐也
ISBN: 9782368770399
Boy’s love IDP, 2013
ISBN: 9784796401913 (JP)
Kaiohsha, 2011 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

Deux hommes malchanceux qui se complètent.

Yuuya sensei narre une romance entre deux hommes plutôt malchanceux. Tandis que Chiharu évitait de provoquer les risques de malchance, il croise Kôichi qui accepte ses mésaventures avec philosophie. D’abord humoristique, le récit prend vite un ton un peu plus dramatique. En effet, suite à un accident, Katsura a développé des troubles de la mémoire. Avec une approche réaliste, l’auteure dévoile au fur et à mesure les symptômes et les conséquences de la maladie de l’étudiant. Elle met parfaitement en avant le combat journalier du couple pour maintenir leur amour et leurs souvenirs. Avec le petit frère Katsuya Yukihiro, paraplégique, elle ajoute quelques épreuves à surmonter pour le couple. De même, le rejet de l’homosexualité du frère de Chiharu augmente encore leur tragédie. Entre douleurs et peur de l’oubli, les deux amants devront faire preuve d’adaptation.

La mangaka possède un trait ferme parfois épais. Elle dessine des mentons pointus qui renforcent la courbe ovale des visages. Elle rend très bien le regard perdu de Kôichi, ses yeux étant grands avec de longs cils. Dans les passages humoristiques, discrets, les traits se simplifient et donne un côté mignon. Les trames d’ambiance appuient les émotions. De même, un fond noir permet de distinguer immédiatement les flash-back. Ainsi, la mise en page est dynamique. Yuuya sensei censure les scènes érotiques en occultant les traits et les détails des parties génitales.

En résumé

Hayama Chiharu (26 ans), plutôt malchanceux, a raté son train à cause d’une fuite d’eau. Dans le train bondé, il remarque un pervers tripoter une lycéenne. Toutefois, un beau jeune homme intervient. Mais l’étudiante, le confondant avec le criminel, l’emmène au poste de police. Chiharu arrive à arrêter le coupable qui fuit pour l’emmener au poste. Pour le remercier, Katsuya Kôichi (24 ans) l’invite au restaurant. Ce dernier étant encore plus malchanceux, tous deux sympathisent vite et se rencontrent tous les trois jours. Cependant, Kôichi semble bien étourdi, oubliant facilement. Un soir, alors qu’ils avaient rendez-vous, Chiharu croise le médecin Odagiri avec son ami, inquiet pour l’étudiant depuis un grave accident dont il subit encore les séquelles. Un peu ivres, les deux jeunes hommes couchent ensemble. Mais au matin, alors qu’ils rencontrent la lycéenne par hasard, Kôichi ne la reconnait pas…

En conclusion

Malgré le ton dramatique de ce one-shot, l’auteure arrive à conclure sur une touche positive. Elle met en scène des sentiments purs, profonds. Je trouve intéressant son approche où l’amour ne devient pas réellement le sauveur. A cause de la maladie, Chiharu devra persévérer, s’acharner à maintenir les souvenirs à la place de son petit ami. J’aimerais bien voir également la romance suggérée entre le docteur surprotecteur Ikuina et Yukihiro. Un récit agréable à lire qui ne laisse pas indifférent!

A stray dog in the night 3 – Nobara Aiko

a stray dog in the night 3 nobara aiko
NOBARA Aiko のばらあいこ
ISBN: 9782368776179
Boy’s love IDP, 2018
ISBN: 9784396784270 (JP)
Shodensha, 2017 (JP)
Titre original: 寄越す犬、めくる夜 3
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: un peu

Pour sauver un être cher ou juste pour un peu d’affection, tuer ou mourir ?

Nobara Aiko sensei offre quelques notes d’espoir avant de plonger encore plus violemment ses héros dans la déchéance. Elle dévoile un peu l’enfance malheureuse de Kikuchi, expliquant ainsi son attachement à Shintani, le seul à lui avoir témoigné de la gentillesse. De même, elle montre la détresse sentimentale de Sudô. D’ailleurs, les sentiments explosent entre Shintani, Kikuchi et le yakuza. Entre frustration, avidité, compassion, pitié, affection, dépravation, la douceur alterne avec la brutalité. L’auteure continue une narration « par petits bouts », néanmoins son récit avance beaucoup plus vite. Elle révèle un peu plus les réflexions de Shintani qui, en fin de compte, est tout à fait conscient de la malhonnêteté de ses sentiments. Les traumatismes de l’enfance de Sudô et Kikuchi influent de plus en plus sur leur caractère, les faisant accepter des conditions de plus en plus blessantes.

La mangaka apporte un soin à l’expression des visages. Toutefois, son style graphique brouille parfois la compréhension et demande un peu d’observation. Les trames sont équilibrées. Les décors sont présents sans être envahissants. Nobara sensei varie toujours ses angles de vue. Elle offre des mises en page dynamiques qui facilitent la lecture. Comparé au tome précédent, elle ne censure aucune scènes érotiques, les détaillant même dans des gros plans.

En résumé

Afin de liquider sa dette, Kikuchi Haruma a accepté la proposition de Saji. Il devra donc éliminer le chef du clan, malade et déclinant, Kiyokane Yoshitsugu. Ce dernier, sentant ses subalternes s’agiter, fait fermer le casino et demande à son amant Sudô de rester éloigné. Pour l’anniversaire de Miyuki, Kikuchi et Shintani vont acheter ensemble un cadeau. Après avoir fait la fête, la lycéenne sort au karaoke avec des amis. Kikuchi profite alors de ces derniers moments de bonheur, persuadé que son futur crime le plongera définitivement dans les ténèbres. En plus, il arrive enfin à déclarer ses sentiments à Shintani.

En conclusion

L’auteure présente un threesome à la fois dérangeant et touchant. Pourtant, ce tome n’a pas permis à la série de se classer dans le Chill Chill BL award 2018 mais les lecteurs le citent souvent, se demandant si il pouvait y avoir une échappatoire à la destruction finale. J’ai envie que ces trois désespérés trouvent enfin un équilibre amoureux. Malgré la violence et la débauche de malheurs, j’accroche complètement à l’histoire et souhaite même un happy end. Laissez-moi espérer!

A stray dog in the night 2 – Nobara Aiko

a stray dog in the night 2 nobara aiko
NOBARA Aiko のばらあいこ
ISBN: 9782368775462
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784396783877 (JP)
Shodensha, 2016 (JP)
Titre original: 寄越す犬、めくる夜 2
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: un peu

Les personnes les plus pitoyables font vibrer le cœur de Shintani.

Nobara Aiko sensei continue à dévoiler par parcimonie les mésaventures de son étrange triangle amoureux. Après un premier tome d’introduction, elle approfondit un peu plus le passé de chacun. Cependant, elle continue à maintenir le suspense en ne révélant pas tout, laissant le lecteur imaginer et deviner les détails. De plus en plus instable émotionnellement, Kikuchi s’enfonce encore dans le crime, sa rébellion et ses sentiments pour son bienfaiteur l’engageant dans les pires choix. Sudô Fumiya apparaît parfois pitoyable aux yeux de Shintani, l’excitant. D’ailleurs, l’auteure met en évidence le côté tordu de ce dernier, dont la gentillesse sert en fin de compte sa perversité. Elle développe donc une relation bancale, presque malsaine, où les sentiments deviennent une gêne. De même, Saji vient s’ajouter à l’image un peu exagérée du yakuza violent et pourri jusqu’à la moelle.

La mangaka a un trait doux et mélancolique qui contraste avec la violence de certaines images. Elle utilise un trait répété, non assuré, rappelant les ébauches et croquis. Les trames appuient fortement les ambiances, donnant parfois un aspect sombre aux vignettes. La mise en page est très dynamique. Nobara sensei censure à peine les parties génitales, se contentant de les rendre plus claires. Néanmoins, ses scènes érotiques sont tout de même assez détaillées. Et elle ne ménage pas non plus le lecteur en dessinant les scènes de viol.

En résumé

Sudô, de plus en plus dépendant des drogues, fait les caprices de Kiyokane Yoshitsugu pour avoir ses doses journalières. Le propriétaire du casino demande donc à Saji, directeur adjoint, de surveiller son directeur sans céder. Shintani Tôru et Kikuchi étant en congés, Miyuki leur propose d’aller faire du shopping. Mais ils se retrouvent dans une boutique discount. Kikuchi reste en observation devant la vitrine des armes de défense, rêvant d’en posséder pour attaquer son proxénète qui le violente. Miyuki, quant à elle, craque pour un bonnet lapin. Mais son frère reçoit un appel de Sudô lui donnant rendez-vous après sa virée familiale. La lycéenne se confie alors à Kikuchi, inquiète de déranger son frère qui l’élève depuis qu’elle a quitté sa mère remariée. Comme elle fond en larmes, ils rentrent rapidement à l’appartement. Le délinquant réalise alors sa maladresse pour exprimer simplement sa gratitude ou même son amour…

En conclusion

Ce tome permet à la série d’obtenir la dix-huitième place au Chill Chill BL award 2017. En fin de compte, l’univers décrit par l’auteure est tellement sombre, que ses yakuzas rappellent plus l’image un peu exagérée des films. A croire que tous les cas désespérés travaillent dans le même quartier ! D’un côté, cela permet de prendre un peu de distance avec le récit vraiment dur. Je me retrouve donc à tout de même apprécier les personnages, même les plus vénaux, et à espérer une amélioration pour ce triangle amoureux!

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