Dancing colors – Furukawa Tasuku

dancing colors furukawa tasuku
FURUKAWA Tasuku フルカワタスク
ISBN: 9782368775516
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784396783716 (JP)
Shodensha, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

Une relation compliquée entre deux danseurs opposés.

Furukawa Tasuku sensei offre une romance passionnée dans l’univers des clubs de pole dance. Elle décrit ce milieu avec finesse, abordant la pression de la concurrence, le surpassement de soi, la gestion de carrière, l’exploitation et la forme artistique. La narration alterne entre les deux héros, mais ne dévoile pas pour autant tous leurs secrets. L’évolution de leurs sentiments tout en douceur et leur attirance beaucoup plus violente installent une certaine tension. Kô, prisonnier d’une promesse faite à son père, et Nagisa, sous-estimant ses capacités, vont s’ouvrir l’un à l’autre. Ainsi, ils développent mutuellement leur art, leur admiration réciproque les entrainant dans la passion. L’auteure arrive à transcrire parfaitement les sentiments des protagonistes, le désespoir qui les ronge mais surtout l’alchimie que les deux héros dégagent en dansant. Malgré un premier rapport au consentement flou, elle évite de romantiser ou de sombrer dans le mélodrame en insufflant suffisamment de regrets.

La mangaka a un trait fin et épuré. Elle dessine des yeux très effilés avec un petit iris et une minuscule pupille. Pourtant, en exagérant les expressions, elle arrive à transcrire parfaitement les émotions de ses personnages. La musculature des danseurs est bien rendue, ainsi que la sensualité de certains mouvements. Avec ses tenues extravagantes et ses expressions simplifiées, Shige apporte une touche humoristique discrète à ce récit plutôt sombre. La mise en page est d’ailleurs dynamique. Furukawa sensei apporte un soin particulier au travail des trames pour rendre le jeu des lumières et la brillance des costumes. De même, elle détaille les décors. Dans les scènes érotiques, elle censure les parties génitales par des formes blanches.

En résumé

Dans le club de pole dance Grand Blue, Hayami Kô est considéré comme le meilleur danseur même s’il dégage une certaine noirceur avec son cache sur l’œil. Ce métier est en fait l’héritage que lui a laissé son père, également danseur, décédé lors d’un tragique incendie. En difficulté financière, le gérant, Shige, a embauché un nouveau danseur populaire, Nagisa. Mais ce dernier ne prend pas beaucoup au sérieux son travail, ce qui lui attire les critiques de Kô. En plus, il finit toujours au lit avec son manager, Kazumi, un homme marié. Mais après avoir observé Kô danser, Nagisa met de côté sa vanité et lui demande un entrainement, conscient de ses lacunes. Les deux danseurs se rapprochent peu à peu et un soir, Kô le rejoint sur scène sans prévenir, ayant envie de danser avec lui.

En conclusion

Pour son premier manga, l’auteure maîtrise déjà son graphisme et son scénario, même si la sensualité des mouvements de danse n’atteint pas la qualité de 10 dance d’Inoue Satoh. Ce one-shot est agréable à lire et offre un couple attachant et émouvant. J’adore Shige qui détend un peu l’atmosphère, mais surtout, qui représente un manager honnête et à l’écoute.

Canis the speaker 2 – ZAKK

canis the speaker 2 zakk
ZAKK
ISBN:9782368775899
Boy’s love IDP, 2018
ISBN: 9784863496484 (JP)
Akaneshinsha, 2017 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: beaucoup

Les difficiles recherches de Samuel et Harold pour retrouver leur ami d’enfance.

Après Tadanobu dans le tome précédent, ZAKK sensei s’intéresse au passé de Samuel et Harold. Cependant, elle survole leur adolescence pour nous plonger directement dans une enquête à deux entrées, entre trafic d’enfants et recherche de leur ami. Les retrouvailles entre les trois amis d’enfance permettra de faire corréler les différents indices récoltés par chacun. Un nom se dégage alors: Rick Aldo. Même si leur adoption se passe en douceur, l’auteure décrit avec finesse les dégâts psychologiques qui touchent Sam, rongé par la culpabilité, et la rage intérieure qui dévore Har. Elle met en avant leur changement de personnalité qui s’opère petit à petit. Par ailleurs, elle tisse sa toile en semant des indices au gré des pages, invitant les lecteurs à réfléchir avec le trio, tout en ménageant le suspense. Le ton dramatique général semble aussi pesant que les détails des découvertes sur le trafic d’enfants.

Le trait de la mangaka devient encore plus réaliste. De même, elle utilise principalement les trames pour colorer ou ombrer. Certaines trames renforcent surtout l’effet de narration. ZAKK sensei joue beaucoup sur les détails graphiques pour transmettre les sentiments intérieurs des héros, s’attardant sur les regards en coin, les petits mouvements des lèvres ou les gestes discrets. La mise en page paraît plus sobres avec seulement quelques planches qui se démarquent par leur esthétique. Les scènes érotiques ne montrent aucun détail. Le récit se concentrant sur les sentiments entre les personnages, les retrouvailles dégagent plutôt de la chaleur et des émotions. L’illustration de la couverture a obtenu la huitième place au Chill Chill BL award 2018. Il faut dire que le jeu de lumière avec la fumée de cigarette et la pluie nimbant une partie du visage de Harold est fort esthétique.

En résumé

Samuel Murphy a intégré le lycée d’élite Stanley M. Gun et y a retrouvé Benjamin, un ancien de l’orphelinat. Harold Richardson a lui aussi rejoint un pensionnat réputé. Mais les deux garçons, encore amers de la disparition de leur ami Tadanobu, refusent les cadeaux que sœur Mary Ross leur envoie. Ils essaient donc, avec le peu de moyen qu’ils possèdent, de ne plus dépendre d’elle, exaspérés de n’entendre que des compliments sur la religieuse qui manipule en réalité les enfants comme des marchandises. En 1987, les deux lycéens arrivent enfin à reprendre contact lors d’un évènement éducatif. Ils décident alors de choisir un métier qui leur permettra de chercher Nobu: Har souhaite intégrer l’armée tandis que Sam se spécialise en économie…

En conclusion

L’auteure propose plutôt une enquête et une plongée dans l’univers de la mafia. Le lien entre les trois orphelins est tellement profond qu’il se transforme en une relation threesome, pour mon plus grand plaisir. J’arrive donc à être touchée par le destin de ces trois criminels…

Canis the speaker 1 – ZAKK

canis the speaker 1
ZAKK
ISBN: 9782368775882
Boy’s love IDP, 2018
ISBN: 9784863496095 (JP)
Akaneshinsha, 2017 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: un peu

Comment Tadanobu est devenu Kazumasa Iwaki.

ZAKK sensei aborde le passé de Tadanobu, Harold et Samuel qui vont se retrouver mêlés à un trafic d’enfants dans leur orphelinat. Elle suit d’abord les mésaventures de Nobu dans un soap land tenu par la mafia japonaise, entre prostitution et torture. Elle décrit les différentes techniques mafieuses pour engranger du chiffre et tenir le personnel sous son emprise : chantage, affaiblissement psychologique, menace. Après six ans de sévices, Tadanobu va se prendre en main et évoluer petit à petit pour survivre. L’auteure montre également les conséquences des dissensions entre chefs de clan sur le personnel considéré comme de simples objets : entre assassinat et redistribution à d’autres proxénètes. Ainsi, elle donne une image sombre de la pègre japonaise qui s’internationalise.

La mangaka a un trait plus réaliste, légèrement épuré et anguleux. Comparé à la série précédente, elle n’utilise pas de caricature. En plus, les paupières sont moins grandes et moins marquées. La mise en page, assez classique, propose quelques planches dynamiques. ZAKK sensei privilégie le jeu des clairs-obscurs pour transcrire l’ambiance et utilise donc avec parcimonie les trames d’ambiance. Par ailleurs, les scènes érotiques évitent les détails et se focalisent plus sur la violence subie.

En résumé

Février 1980. Harold, Samuel et Tadanobu (11 ans) partagent la même chambre à l’orphelinat. Comme ils sont très proches, ils aimeraient rester soudés à leur sortie quand ils travailleront. Après le départ de Makayla et Lucy, Nobu remarque qu’Aria n’est plus présente elle aussi alors qu’il devait lui rendre son crayon. La religieuse refuse de leur donner son adresse mais leur promet de le lui rendre. Cependant, Sam réalise que les goûters d’au revoir sont toujours fêtés pour deux enfants alors qu’ils sont trois par chambre et que le troisième enfant, souvent discret, disparaît lui aussi dans une maison inconnue. Pourquoi?

En conclusion

Bien que cité parmi les meilleures séries par les lecteurs au Chill Chill BL award 2018, ce volume n’est pas classé, laissant sa place au tome 2 pour le vote des meilleures couvertures. Parmi les trois orphelins, Nobu est mon préféré: ayant une personnalité discrète au départ, il est celui qui va le plus changer pour devoir survivre. Son côté froid et triste, mais avec tout de même une certaine douceur, est superbement rendu par l’auteure.

Canis Dear Hatter 2 – ZAKK

canis dear hatter 2 zakk
ZAKK
ISBN: 9782368774960
Boy’s love IDP, 2016
ISBN: 9784863495210 (JP)
Akaneshinsha, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: absolument

Est-ce que le passé de Ryô sera un frein à l’amour?

Zakk sensei développe un peu plus l’autre facette de Ryô, révélant son passé au sein de la mafia. Elle met en avant de nouveaux personnages comme le hackeur Chase, l’ancien boss Harold Aldo Hugues mais également d’autres stylistes. Ainsi, elle aborde encore un autre versant de la mode avec les collaborations, le réseautage. Les deux héros ne peuvent s’empêcher de penser l’un à l’autre, analysant alors leurs sentiments. Même si Kutsuna met du temps à admettre les siens, il se prend enfin en main. Entre réflexions et émotions, l’auteure décrit avec finesse l’évolution des sentiments de ses différents personnages. Avec humour et délicatesse, elle met en scène une relation consentie entre renseignements, discussion et tentatives. Un chapitre bonus final dévoile la rencontre du chapelier avec ses deux acolytes : Yuishima Eiko, alias Ako et Gazuo Ebena, surnommé Gabé.

La mangaka adoucit un peu son trait. Elle joue beaucoup plus sur les détails des mouvements et des réactions avec des gros plans. D’ailleurs, le style caricatural se fait plus discret dans les scènes humoristiques. Zakk sensei utilise quelques trames d’ambiance. Ses décors sont réalistes et plutôt présents. Sa mise en page reste toujours autant dynamique. Par ailleurs, les scènes érotiques ne montrent pas les détails grâce aux choix des cadrages et des angles de vue. Le verso de la couverture est dans la continuité de celui du tome précédent, offrant un beau diptyque résumant l’histoire.

En résumé

Kashiba Ryô a décidé de rester aux États-Unis. A peine arrivé au Japon, Kutsuna Satoru doit se rendre aux funérailles de sa chère grand-mère. Il y croise alors son ami d’enfance, et fournisseur de tissus, Yôsuke. En rangeant son appartement, il constate avoir pris plus que de raison des vêtements pour son colocataire temporaire. Cependant, les commandes affluent à l’atelier mais l’ambiance est lourde, le chapelier passant ses nerfs sur ses employés. Ako finit par craquer et même Gabé se blesse. Réalisant que tout ce qui lui fait penser à Ryô l’énerve, Satoru réfléchit alors à sa relation avec le jeune homme: qu’est-il vraiment pour lui ?

En conclusion

Ce tome obtient la onzième place du meilleur manga original au Chill Chill BL award 2016. J’adore l’évolution de ce couple avec une séparation qui leur permet de mieux se comprendre! Néanmoins, je ressens tout de même une petite frustration de voir Kutsuna proposer de devenir reversible pour son partenaire mais de ne pas en voir la conclusion!

Canis Dear Hatter 1 – ZAKK

canis dear hatter 1 zakk
ZAKK
ISBN: 9782368774953
Boy’s love IDP, 2016
ISBN: 9784863495128 (JP)
Akaneshinsha, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: pudique
Recommandation: beaucoup

Plongée dans l’univers de la mode!

ZAKK sensei continue Canis Dear Mr Rain. Elle nous plonge dans l’univers de la mode en décrivant le déroulement d’un défilé pour un chapelier de sa préparation à l’après, avec les démonstration pour décrocher des contrats ou commandes. Elle développe un peu plus les personnages secondaires autour de Kutsuna, en particulier Gabé et Ako qui travaillent à la boutique et l’ami d’enfance, Shimizu Yôsuke, qui fournit les tissus. La romance entre les deux hommes avance très lentement. Leur complicité galvanise leurs sentiments cependant, le chapelier préfère les nier. L’auteure s’intéresse particulièrement à Satoru, abordant avec justesse ses ressentis et difficultés de création. En effet, elle met l’accent sur les paroles blessantes de certaines personnes qui renient indirectement l’investissement dans un travail manuel en ramenant tout à la chance. Au contraire, Ryô, observateur et attentif aux besoins de son bienfaiteur, devient un soutien et même une source d’inspiration pour l’artisan.

La mangaka a un trait anguleux très agréable qui a légèrement évolué. Elle marque particulièrement les paupières. Les déformation caricaturales lors des scènes comiques, plus discrètes, restent très expressives. ZAKK sensei s’attarde sur les petits détails, les gestes. Elle n’abuse pas des trames d’ambiance. Elle privilégie même les aplats noirs, jouant plutôt sur les clairs-obscurs. Par ailleurs, les décors sont détaillés et réalistes. La mise en page est dynamique. En fin de tome, Ako donne des explications sur le plan de l’atelier.

En résumé

L’ami et rival de Kutsuna Satoru, Gotô, l’attend dans son atelier pour lui annoncer qu’il l’a inscrit à la prochaine Fashion week qui a pour thème les chapeaux. Kutsuna devra donc défiler à New-York tandis que Gotô participera au défilé en France. Mais le chapelier n’est pas du tout motivé. En effet, depuis qu’il s’est fait mondialement connaître il y a 4 ans en obtenant le premier prix du concours mondial des chapeliers amateurs en France avec un chapeau rouge, il a perdu confiance dans son talent. Il s’est rapidement lancé, poussé par son mentor alors qu’il n’était pas encore sûr de lui, et avait l’impression de n’exister qu’à travers son unique œuvre. Il confie alors ses peurs à Kashiba Ryô qui lui traduit gentiment les mails en anglais pour ce défilé…

En conclusion

L’auteure s’intéresse d’abord à la relation entre Kutsuna et Kashiba. Leurs échanges prennent parfois une tournure comique. Mais ce couple paraît tellement vivant. Justement, j’en oublie même que c’est un BL. Ce volume se termine en plein suspense, impossible de patienter pour découvrir la suite!

Canis – Dear Mr Rain – ZAKK

canis dear mr rain zakk
ZAKK
ISBN: 9782368774946
Boy’s love IDP, 2016
ISBN: 9784863493735 (JP)
Akaneshinsha, 2013 (JP)
Manga
Ero-mètre: pudique
Recommandation: un peu

Une rencontre entre deux hommes qui modifiera leur destin.

Pour son premier manga, Zakk sensei narre la rencontre entre deux hommes ayant des difficultés relationnelles à cause de leur caractère particulier. Elle maîtrise déjà parfaitement la narration. Par exemple, dans un chapitre, elle enchaîne les flash-back en alternant le passé de Kutsuna et de Kashiba grâce à un thème conducteur faisant la jonction entre les scènes. Elle s’intéresse surtout à l’éveil des sentiments de Satoru et Ryô: profondément blessés durant leur enfance, ils sont attirés l’un par l’autre. Devant l’obéissance aveugle de Ryô, le chapelier a tendance à le considérer comme son chien adoré Kotaro. Par ailleurs, l’auteure révèle peu à peu l’environnement et le passé des deux héros. Elle laisse tout de même planer le mystère sur le lien entre Kashiba et la mafia américaine. Un chapitre bonus présente le quotidien des deux hommes tout en révélant le caractère ambigu de Kutsuna et le côté innocent de Ryô.

La mangaka a un trait particulier, à la fois anguleux et rond. Dans les passages humoristiques, son trait se déforme et se rapproche même du style caricatural. De même, les corps deviennent longilignes. Les expressions et les réactions sont parfois exagérées. Les quelques trames d’ambiance se remarquent fortement car souvent graphiques. La mise en page est légèrement dynamique. D’ailleurs, Zakk sensei préfère jouer sur les détails et les effets de style. Comme elle s’attache à narrer les liens entre ses héros, il n’y a aucune scène érotique. Elle donne quelques crayonnés en fin de chapitre. En fin de tome, le plan de l’appartement permet de se repérer dans les décors.

En résumé

Le chapelier Kutsuna Satoru (29 ans) a encore fait fuir un de ses vendeurs la veille d’un évènement commercial. En effet, se montrant très exigeant, seul deux employés arrivent à supporter son caractère. Ayant essayé de trouver un remplaçant en vain, il tombe sur un homme inconscient dans le caniveau alors qu’il rentrait chez lui. Kashiba Ryô (19 ans), tombé d’inanition, vient des États-Unis. En échange du repas et du logis, il accepte donc d’aider l’artisan pendant ses deux jours libres. Mais au détour d’une conversation, le mystérieux jeune homme lui révèle être venu au Japon pour mourir…

En conclusion

L’auteure nous invite à simplement suivre les aventures d’un « homme à chapeau » et d’un « homme à parapluie ». Elle entremêle avec finesse l’univers de la mode et celui de la mafia new-yorkaise, présentant l’esprit familial des deux univers avec ses tensions et ses codes. Elle joue également sur le charme de ses personnages, malgré des caractères bien trempés. Ce tome devient une entrée en matière de la série qui va suivre. J’ai tout de suite apprécié le style graphique de la mangaka mais il pourra en rebuter certains. Ne vous arrêtez pas à cela, l’histoire est prenante et magnifiquement bien contée.

Un nom, pour nous deux 2 – Agata Ito

un nom pour nous deux 2 agata ito
AGATA Ito あがた愛
ISBN: 9782368777442
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784813032380 (JP)
Taiyohtosho, 2019 (JP)
Titre original: 僕等に名前をつけるなら 下
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: si on s'ennuie

« Je peux prendre ta première fois, grand frère? »

Agata Ito sensei continue sa romance incestueuse. Comme dans le premier tome, la narration donne principalement le point de vue de Toosaka. Cependant, le chapitre spécial et le chapitre bonus se concentrent sur Kaoru et permettent de découvrir un peu son passé. Contrairement à son aîné qui se sent homosexuel dès le départ, il s’interroge sur sa sexualité et ses sentiments envers son frère. De même, il patiente et respecte les hésitations d’Izumi, lui laissant le temps de prendre ses décisions en gardant une certaine distance et en n’imposant pas ses désirs. L’auteure analyse avec précision leurs émotions. En plus de leur relation particulière, elle ajoute les interrogations classiques du regard extérieur de la société sur les couples gay. Malgré l’interdit, les deux héros vont assumer leur relation.

La mangaka fait attention aux détails, aux petits gestes et aux regards fuyants. Par exemple, elle ajoute en commentaire avoir attaché beaucoup d’importance à la coloration des cheveux de Kaoru qui s’estompent, mais je trouve que le changement de trames est très discret et se remarque peu. En revanche, dans le chapitre spécial, ce détail permet de se repérer dans l’enchainement des flash-back. Par ailleurs, Agata sensei utilise beaucoup de trames différentes, assombrissant parfois les pages. Les décors sont toujours aussi présents. La mise en page reste classique. Dans les scènes érotiques, de fines bandelettes blanches censurent les parties intimes.

En résumé

Au petit matin, alors que Yano Kaoru déclarait ses sentiments à son grand frère tout en le touchant, il reçoit l’appel de Sekiya, une collègue de sa mère. Cette dernière a été conduite à l’hôpital suite à un accident. Inquiet, il décide d’aller la voir à Kyoto, son beau-père étant injoignable. Toosaka Izumi l’accompagne alors. Bien que voyant sa mère après tant d’années, l’aîné ne lui révèle pas son identité et culpabilise soudain de ses sentiments pour son cadet. Pourtant, elle semble le reconnaître. De passage à la maison familiale Yano, Izumi remarque alors que Kaoru a conservé précieusement leurs photos d’enfance. Se demandant pourquoi il ne lui avait pas transmis sa nouvelle adresse, son petit frère lui avoue avoir éprouver de la jalousie en le voyant dans la rue avec son ex petit ami. Il a alors tout fait pour le retrouver.

En conclusion

Bien que l’auteure aborde le sujet avec justesse, je trouve qu’il manque un peu de profondeur, en particulier sur l’avenir du couple. Le récit se termine sur un happy end. Néanmoins, alors que le déroulement semble tout de même relever du fantasme, l’approche réaliste brouille le message de la mangaka. Hormis leur situation familial, ce titre se résume donc à une simple romance lycéenne. Certains lecteurs risquent d’être choqués par la conclusion. Pour moi, cela reste tout de même une fiction agréable à lire.

Un nom, pour nous deux 1 – Agata Ito

un nom pour nous deux 1 agata ito
AGATA Ito あがた愛
ISBN: 9782368777435
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784813032373 (JP)
Taiyohtosho, 2019 (JP)
Titre original: 僕等に名前をつけるなら 上
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: si on s'ennuie

« J’aurais préféré ne pas savoir qu’il était mon frère… »

Agata Ito sensei propose de suivre un amour incestueux entre deux frères séparés depuis l’enfance qui se retrouvent dans la même chambre. La narration se concentre principalement sur Izumi, sauf dans le chapitre bonus qui partage les sentiments du jeune Kaoru après la séparation. Comme Yano est méconnaissable, son grand-frère, homosexuel, a le temps de tomber sous son charme avant de réaliser qui il est. Il se retrouve donc tiraillé entre ses sentiments, la peur de l’interdit, son complexe d’être homosexuel et le bonheur de retrouver un frère. N’ayant pu expérimenter les liens fraternels, il s’interroge énormément sur sa position par rapport à Kaoru : aîné, senpai ou amant. D’ailleurs, l’auteure joue sur cette frontière ténue. Elle essaie de donner un ton réaliste à son récit. Elle aborde avec finesse le sujet de l’inceste et le conflit intérieur que cela engendre.

La mangaka a un trait épuré assez classique rappelant le style shôjo. Néanmoins, son dessin est plutôt beau. Par exemple, la canine de Kaoru qui dépasse légèrement lui donne un petit air coquin. Les décors soignés sont très présents. De même, les trames très variées servent principalement à ombrer ou colorer. La mise en page reste sobre et classique avec quelques ellipses et fonds noirs. De fines bandelettes blanches censurent les parties intimes.

En résumé

A chaque rentrée, Toosaka Izumi rêve du dernier jour qu’il avait partagé avec son petit frère Kaoru avant que leurs parents divorcent. Il n’a plus de nouvelles de lui depuis déjà trois ans. Actuellement chef du dortoir dans l’internat de son lycée, il croise un futur résident venu en repérage. A sa surprise, Yano Kaoru se retrouve le lendemain affecté dans sa chambre. Homosexuel, Izumi avait eu une aventure avec son ancien colocataire mais leur relation n’a pu aboutir. En effet, il semble complètement bloqué au moment de passer à l’acte. Étrangement, il s’entend très bien avec Yano qui se montre tactile et prévenant. Pourtant, son ami Hibino lui fait remarquer que Kaoru est froid et distant avec les autres. Pourquoi ce traitement de faveur ? Et pourquoi le parfum du nouveau venu lui semble si familier ?

En conclusion

Ce tome a obtenu la troisième place du meilleur manga profond au Chill Chill BL award 2020. Alors qu’en France cette histoire peut sembler invraisemblable, c’est tout à fait plausible au Japon. En effet, en droit japonais, la garde alternée n’existe pas pour les divorces. De même, le droit de visite n’est pas respecté. Ainsi, beaucoup d’enfants de parents divorcés perdent tout contact avec leurs frères ou sœurs si ils sont répartis entre les parents. En plus, l’adoption de l’enfant par le nouveau conjoint se fait sans en informer l’autre parent biologique. D’où le changement de nom de famille de Kaoru suite au remariage de sa mère. Il est donc tout à fait logique qu’Izumi ne reconnaisse pas forcément son frère. Malgré un traitement du sujet sérieux, le récit semble assez classique. Mais le suspense de la fin du tome donne envie de vite découvrir la suite!

Passions réfrénées – Nagi Wataru

passions refrenees nagi wataru
NAGI Wataru 那木渡
ISBN: 9782368777404
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784801960268 (JP)
Takeshobo, 2017 (JP)
Titre original: 恋愛不行き届き
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: un peu

La peur d’une sexualité différente dépassant les sentiments.

Nagi Wataru sensei met en scène deux étudiants hésitants sur leur sexualité mais attirés mutuellement. Elle aborde différents sujets comme la difficulté à accepter son homosexualité, la peur des réactions des autres, la pression familiale, en particulier quand le père est une personne publique. En revanche, elle choisit des personnages plutôt clichés: Wakamiya cache son homosexualité, Kirishima oscille entre bisexuel et hétérosexuel, Chôko représente les travestis et Enomoto, l’homosexuel refoulé psychopathe. Tandis que Kurama redoute de briser l’avenir d’un fils héritier, Kento nourrit un amour obsessionnel incontrôlable. Ainsi, la narration alterne entre les deux étudiants. L’auteure joue sur le contraste entre leurs pensées intérieures et ce qu’ils disent en public. En se montrant un peu exhaustive, elle précipite certains passages qui auraient pu être poignants comme le coming out. Par ailleurs, le comportement de Kirishima entraîne une relation non consentie violente, avec un traumatisme suggéré mais malheureusement peu développé.

La mangaka a un trait dédoublé légèrement anguleux. Elle marque bien les muscles et dessine des corps masculins assez réalistes; son style est plaisant. Les trames d’ambiance discrètes chevauchent parfois les décors. En plus, la profusion des dialogues surcharge certaines pages. Néanmoins, Nagi sensei offre quelques vignettes esthétiques, en particulier les passages à la mer. Elle varie beaucoup les angles de vue, dynamisant la mise en page. De même, elle superpose les fantasmes à la réalité, brouillant la compréhension mais illustrant le ressenti des héros. Les scènes érotiques non censurées transcrivent en détails la violence de certains rapports. Il y a également des coupes intérieures. En fin de certains chapitres, une planche donne une anecdote amusante, détendant l’atmosphère.

En résumé

Wakamiya Kurama confectionne les costumes du club de théâtre et participe donc à leur stage dans un hôtel en bord de plage. En réalité, la couture lui permet de s’évader. En effet, il cache son homosexualité et actuellement, il fantasme sur Kirishima Kento, le fils d’un gérant de magasin de tissus, également propriétaire de l’hôtel qui les accueille. Le club de théâtre ayant pour tradition d’organiser une partouse, Kurama préfère fuir. Mais excité par ce qu’il a vu, il plonge dans la mer pour se rafraîchir les idées. Croyant qu’il tente de se suicider, Kirishima vole à son secours. Mais comme il ne sait pas nager, il finit par boire la tasse. Finalement, le couturier le sauve et ils se parlent enfin pour la première fois. Il réalise alors qu’il désire que Kento devienne son premier homme.

En conclusion

Ce one-shot a obtenu la quinzième place du meilleur nouveau venu au Chill Chill BL award 2018. En effet, l’auteure maîtrise déjà bien son graphisme. Cependant, elle s’intéresse à un sujet sérieux, cherchant à dramatiser les sentiments des personnages et à décrire la difficulté à atteindre le bonheur pour les homosexuels (hommes ou femmes). D’ailleurs, ses maladresses (de débutante?) se ressentent dans ce scénario un peu ambitieux. Le thème du viol aboutissant à une romance peut choquer certains lecteurs. Néanmoins j’apprécie beaucoup l’approche de la mangaka qui pense à représenter l’avis des différents genres et sexualités.

La cage de la mante religieuse 4 – Psyche Delico

la cage de la mante religieuse 4 psyche delico
PSYCHE Delico 彩景でりこ
ISBN: 9782368777138
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784396784829 (JP)
Shodensha, 2019 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

Réalisant les noirs desseins de son serviteur, Ikurô se prend en main.

Après les révélations du tome précédent, Psyche Delico sensei offre un volume intense en émotions où les évènements s’enchaînent. Elle met en avant le côté sombre de l’esprit humain exacerbé par la jalousie, la possessivité, le désespoir, la perte de confiance. L’amour retors de Norihiko entraîne simplement de la violence. Le plaisir qu’il éprouve en voyant les personnes pures se briser ne se focalise pas sur l’être aimé. Ainsi, il s’en prend à d’autres cibles avec plus ou moins de succès. L’auteure présente également les manipulations et les ambitions de la branche secondaire de la famille Tôma pour prendre le pouvoir dans l’entreprise, entre arrangements et trahisons. Elle continue à donner un regard extérieur sur ce milieu perverti à travers Sachiko et Iida. En fin de compte, avec la pureté de leurs sentiments, Sachiko et Ranzô semblent les plus humains.

La mangaka joue sur les traits dédoublés pour épaissir les lignes, ce qui donne une forte impression dans les gros plans dramatiques. Elle fait également attention aux regards et aux détails; par exemple, le sourire discret de Norihiko exprime clairement son plaisir malsain. Les clairs-obscurs remplacent majoritairement les trames d’ambiance. Les décors sont aussi très présents. La mise en page dynamique accompagne le rythme de lecture. Dans les scènes érotiques, l’absence de détails, les cadrages et le choix des angles de vue censurent les parties intimes.

En résumé

Juste après avoir observé Honda profiter du corps d’Ikurô, Norihiko prend violemment son maître. Le jeune héritier ne reconnaît plus son amant aux gestes brutaux et réalise enfin sa folie possessive et destructrice. Effrayé, après plusieurs jours d’abus sexuels répétés, il interdit alors son serviteur de le toucher. De son côté, Sachiko cherche à en apprendre plus sur la famille Tôma. Après avoir découvert la pièce où était enfermé Ranzô, elle rend visite au jeune handicapé mental. Constatant qu’il comprend tout de même ses questions, elle propose alors à Ken’ichi de lui apprendre quelques mots…

En conclusion

Non classé au Chill Chill BL award 2020, les lecteurs citent tout de même ce tome dans les meilleures séries au scénario captivant, appréciant le côté très sombre et l’ambiance de l’ère Shôwa. En effet, après des tomes haletants, Psyche sensei continue à surprendre le lecteur en faisant basculer son récit dans une certaine violence et laissant présager un avenir dramatique pour la famille Tôma. Pourtant, la conclusion de ce tome semble amorcer un peu d’espoir. Vivement la suite!

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