Rendez-vous à Udagawachou – Hideyoshico

rendez vous a udagawachou hideyoshico
Hideyoshico 秀良子
ISBN: 9782368775158
Boy’s love IDP, 2016
ISBN: 9784396783242 (JP)
Shodensha, 2012 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandantion: un peu

Pourquoi un garçon populaire au lycée s’habillerait-il en fille?

Hideyoshico sensei invite les lecteurs à réfléchir sur la beauté et le travestissement. Elle développe la relation entre deux lycéens qui découvrent leur sexualité et se confrontent à leurs sentiments. Tandis que Yashiro s’initie dans le doute au plaisir du travestissement, ayant du mal à assumer cette partie de sa personnalité, Momose s’interroge sur ses sentiments, ayant eu le coup de foudre pour le lycéen habillé en femme. L’auteure oblige ses personnages à se questionner sur leur sexualité, sur l’homosexualité, mais également sur leur comportement en les plongeant dans des introspections. Elle alterne la narration entre ses deux héros. Maladroit, grand et taciturne, Momose a du mal à communiquer et a tendance à imposer ses désirs. Grâce à Yashiro, il va apprendre à discuter et être plus doux. Car le travesti exprime clairement son non-consentement et la violence qu’il ressent quand on le force.

La mangaka a un trait épuré assez anguleux et particulier. Ses personnages sont plutôt longilignes. Par ailleurs, elle travaille les tenues. De même, les décors sont plutôt soignés mais se contentent de situer l’action. En outre, les trames d’ambiance alternent avec les vides et les blancs, donnant un style assez dépouillé. Les scènes érotiques évitent la censure grâce à ce style de traits simplifiés. Hideyoshico sensei glisse quelques touches graphiques humoristiques pour détendre l’atmosphère générale assez tendue du manga. Par exemple, une passante porte un chapeau à l’effigie de la célèbre série de robot Gundam. Elle donne également quelques anecdotes de création dans la postface sous la jaquette. Des photos de Shibuya séparent les chapitres. Et les illustrations en début de chapitre sont parfois intégrées à la narration.

En résumé

Dans le quartier de Shibuya, Momose Keigo croit reconnaître Yashiro Tomoya, un élève populaire de son lycée, habillé en fille. Plutôt introverti, il n’ose pas l’aborder mais s’interroge sur ses raisons. Après s’être informé sur le transgenre et l’homosexualité, il se pose alors de plus en plus de questions. Intrigué par le lycéen, il commence à l’observer en classe mais se fait remarquer. Et à force de l’observer, il commence à ressentir d’étranges sentiments. Alors, il se rend à nouveau dans le quartier pour en avoir le cœur net. Momose reconnaît immédiatement Yashiro malgré le maquillage et la perruque. Clairement subjugué par sa beauté, il lui propose alors de sortir ensemble…

En conclusion

Ce one-shot a obtenu la troisième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2012. L’auteure est classée troisième meilleure artiste et Momose Keigo sixième meilleur seme. Malgré le sujet intéressant, il manque un peu de profondeur pour pleinement apprécier ce récit. En effet, Keigo accepte vite Yashiro comme il est et ce dernier ne s’interroge pas plus sur ses propres sentiments réels, donnant l’impression de céder au harcèlement. Cependant, l’originalité du propos est rafraîchissant. Et j’aime quand le thème du travestissement est abordé simplement, sans se moquer!

Juste parce que je t’aime – Tokita Honoji

juste parce que je t aime tokita honoji
TOKITA Honoji ときたほのじ
ISBN: 9782368776407
Boy’s love IDP, 2019
ISBN: 9784865893922 (JP)
Fusion Product, 2017 (JP)
Titre original: ただただ好きというだけで
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

Une tendre romance entre un bon élève beau gosse et un yankee plus sensible qu’il ne paraît.

Pour son premier manga, Tokita Honoji sensei présente une romance assez classique entre un bon élève beau gosse et un délinquant. Elle s’intéresse principalement aux jugements sur l’apparence et à l’évolution de leur relation. Le couple prend son temps pour se découvrir, discuter, s’interroger sur l’amour et partager leurs sentiments. Il est donc dans une relation saine où le consentement est bien présent. Par ailleurs, l’auteure a une approche réaliste, mettant en scène des personnages plutôt lambdas. Par exemple, conscient de sa possessivité, Teo essaie de se contrôler. De même, Takeru est isolé à cause de son apparence effrayante, mais il s’avère être quelqu’un de gentil et juste maladroit en relations humaines. Alors qu’il change grâce à l’amour, il fait également preuve de motivation personnelle. Totoki est le narrateur principal mais Yoshizawa donne sa version dans l’histoire bonus de fin de tome.

La mangaka a un trait épuré un peu classique mais beau et agréable. Elle n’hésite pas à le simplifier pour renforcer les expressions. Elle se focalise particulièrement sur les regards et les petits gestes. D’ailleurs, ses personnages deviennent presque SD dans les scènes humoristiques. Des trames sombres appuient les moments dramatiques. Les décors situent surtout l’action et quelques trames d’ambiance illustrent les sentiments des protagonistes. Les actions des bagarres sont assez simples et plutôt statiques mais rendent bien la tension. Tokita sensei utilise des angles de vue classiques mais efficaces, avec une mise en page très dynamique. Sous la jaquette, elle donne des anecdotes sur les deux héros en deux planches. Elle censure à peine les scènes érotiques, esquissant les détails.

En résumé

Totoki Takeru est souvent impliqué dans des bagarres à cause de son regard noir. Au lycée, tout le monde l’évite, le prenant pour un délinquant et ayant peur de lui. Pourtant, Yoshizawa Teo remarque que son regard peut être différent quand il est avec lui. Curieux et intéressé, il lui propose alors de sortir ensemble, pour le plus grand bonheur de Totoki qui est en réalité amoureux de lui. Mais en entendant les mises en garde des amis de Yoshizawa, le délinquant se demande s’il ne ferait pas mieux de se séparer de peur qu’il n’arrive quelque chose à son petit ami. Yoshizawa l’arrête immédiatement, encore plus charmé par son regard en larmes.

En conclusion

Malgré les appréciations des lecteurs trouvant le pur yankee Totoki en larmes craquant, l’auteure n’a pu entrer dans le top du classement des meilleures nouvelles venues au Chill Chill BL award 2018. Sûrement parce que son sujet est trop classique, avec des personnages ordinaires. Mais c’est justement ce qui me fait adorer ce récit réaliste. Des héros communs dans une romance commune. Pas de personnes torturées ou traumatisées, juste deux lycéens qui tombent amoureux. De l’amour, de la tendresse, un peu de tension. Ne passez pas à côté de ce récit simple mais tellement attachant!

Bodysuit fetish – Yamasaki Uni

bodysuit fetish yamasaki uni
YAMASAKI Uni 山佐木うに
ISBN: 9782368775486
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784801955554 (JP)
Takeshobo, 2016
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

Derrière les combinaisons moulantes et les tripotages, une ravissante comédie romantique pleine de sentiments.

Yamasaki Uni sensei arrive, malgré le thème sulfureux du fétichisme, à narrer une comédie romantique débordant de sentiments et de positivisme. Alors que Kuroe, otaku de sentai, a une piètre opinion de lui-même, le talentueux Tôma assume pleinement son côté pervers et fétichiste. A partir d’un échange de bons procédés, la relation va évoluer en douceur, les deux garçons se découvrant au fur et à mesure. L’introduction des autres membres du club de cosplay, Kaneda Umi et Ayano Kyôichi, va permettre aux principaux intéressés de comprendre leurs sentiments profonds. L’auteure joue sur les contrastes entre ses personnages, et les écarts entre leurs ressentis et leurs sentiments. Elle met en scène un couple qui communique, cherche à se comprendre, attentif au plaisir de son partenaire. Elle arrive même à donner un aspect innocent au fétichisme pervers de Tôma. S’acceptant tels qu’ils sont, les deux étudiants s’inspirent mutuellement.

La mangaka a un trait fin épuré et anguleux dégageant pourtant de la douceur. Même si son style semble assez classique, elle soigne le traitement des vêtements. Le rendu des tissus est bien fait, en particulier sur les combinaisons moulantes. De plus, ces dernières mettent en valeur les personnages plutôt sveltes et légèrement musclés. Les expressions du visages sont également très travaillées. Yamasaki sensei alterne les décors et les trames d’ambiance. Elle conserve un certain réalisme dans le rendu des ombres et des couleurs. La mise en page dynamique rythme la lecture. Les scènes érotiques, surtout sensuelles, sont assez détaillées, mais des hachures censurent tout de même les organes génitaux en gros plan.

En résumé

Dans l’école de design de Mishima cohabitent un département informatique et un département mode. Kuroe Yôji, en première année d’étude graphique, travaille sur le character design des personnages d’un jeu vidéo indépendant pour son club. Envoyé au département de mode demander au club de cosplay de confectionner les costumes qu’il a dessiné, il aborde le beau et solaire Kishida Tôma, en 2e année. Ce dernier accepte volontiers de concevoir les costumes gratuitement à la seule condition que Kuroe devienne son modèle. D’abord inquiet, Kaneda Umi s’incline devant la détermination de l’otaku. Mais le week-end, après que Kuroe ait enfilé une combinaison moulante, Tôma demande l’autorisation de le toucher, révélant être fétichiste des vêtements. D’abord légèrement apeuré, Kuroe cède au magnifique sourire du designer puis ressent de plus en plus de plaisir au gré des attouchements…

En conclusion

Ce one-shot a obtenu la huitième place du meilleur manga érotique au Chill Chill BL award 2017. J’adore l’histoire, car malgré un thème sulfureux, le couple reste dans le consentement. En plus, en fin de tome, l’histoire bonus fait allusion à un possible reverse, donnant envie d’une suite. J’aimerais tant découvrir qui fait battre le cœur de Kaneda.

Void – Zariya Ranmaru

void zariya ranmaru
ZARIYA Ranmaru 座裏屋蘭丸
ISBN: 9782375060704
Taifu comics, 2017
Libre, 2016 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: absolument

Enfermé dans ses souvenirs et ses sentiments depuis sept ans, Maki va-t-il trouver la rédemption avec l’innocent Arata?

Zariya Ranmaru sensei nous plonge dans une romance torride et poétique où la vengeance et la rédemption se font dans la souffrance. Elle dévoile au compte-gouttes le passé de Maki et Ren, révélant des psychologies meurtries. Alors que Maki impose égoïstement ses hésitations et ses souffrances à Arata, l’humanoïde se montre encore plus humain et compréhensif. Tous deux ont parfaitement conscience de leur comportement déviant: les jeux pervers renforcent ainsi leur lien de domination et de soumission totale. Cependant, l’introduction de Yoshiaki, le frère de Maki, va précipiter leur relation vers un dénouement plus sain. Par ailleurs, la symbolique de l’oiseau, très présente graphiquement, se répercute également dans la narration. Arata est soumis à l’attachement comme les oiseaux à son réveil, il apprécie de les voir libre et le parallèle entre leur bonheur enfin construit et l’oiseau ayant trouvé refuge dans l’abri qu’il a fabriqué avec Maki est percutant.

La mangaka a un trait fin et réaliste: ses hommes ont une carrure masculine et musclée. Elle apporte un soin aux regards et aux gestes, suggérant principalement les émotions par le dessin. Elle détaille les décors mais utilise les trames d’ambiance avec discrétion. La mise en page dynamique joue sur les emboîtements, les vides et les suppressions de cadre. Zariya sensei transcrit graphiquement la superposition de l’image de Ren sur Arata. De même, elle crée toute une symbolique autour de l’oiseau, dont la présence joue un rôle narratif. Par exemple, chaque chapitre débute avec une cage ouverte où un oiseau passe, faisant un parallèle avec les sentiments des personnages. Il n’y a aucune censure dans les scènes érotiques. La transparence des personnages permet même d’apprécier tous les détails. En plus, il y en a presque à chaque chapitre, plus ou moins développées.

En résumé

Le chef de la division de protection des humanoïdes Rowen affecte de force un amant de compagnie à son ami et ancien collègue Maki. L’humanoïde illégal, Mizumori Arata, a été créé à partir des souvenirs et du physique d’une de ses connaissances, Amamiya Ren. Le rejetant au début, Maki finit par céder à Ren dont l’attachement, influencé par l’imprint, rappelle celui des canetons. Cependant, la présence de l’humanoïde fait remonter des souvenirs douloureux. Devant l’insistance d’Arata, prêt à accepter tout ce qu’on lui dictera pour pouvoir rester auprès de Maki, ce dernier finit par imposer une relation sexuelle perverse à son amant de compagnie.

En conclusion

Ce one-shot a obtenu la première place du meilleur manga érotique au Chill Chill BL award 2017. Pour moi, la touche poétique apportée par le symbole de l’oiseau libre une fois adulte transcrit à la fois l’amour et les sentiments enfin libérés du passé des personnages. En revanche, je ne sais pas si le manque de consentement au début est voulu pour rappeler le statut de poupée sexuelle d’Arata. Cependant, j’aurais aimé plus de scènes tendres et torrides comme celle de l’épilogue. Cela ne m’empêche pas d’être complètement conquise par cette romance profonde.

The secret of me and my boss – Kashima Chiaki

the secret of me and my boss kashima chiaki
KASHIMA Chiaki 嘉島ちあき
ISBN: 9782368775615
Boy’s love IDP, 2018
ISBN: 9784796409179 (JP)
Kaiohsha, 2016 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

Leurs secrets respectifs éventés, un chantage s’installe entre le supérieur Anezaki et son subalterne Mikado.

Kashima Chiaki sensei propose une comédie romantique entre un employé qui cache son côté otaku et son supérieur gay. Leur relation assez conflictuelle débutant par un chantage va peu à peu évoluer vers une amitié sincère puis des sentiments amoureux grâce à l’introduction d’Agatsuma, l’ancien amant d’Anezaki. Justement, les deux héros, qui alternent la narration, s’interrogent sur l’homosexualité. En effet, l’auteure, en présentant à la fois la vision de Mikado puis d’Anezaki, s’intéresse à la difficulté d’assumer sa sexualité différente, de construire une relation stable, de la peur des regards extérieurs. Comme Mikado accepte simplement l’homosexualité de son supérieur, ce dernier trouve enfin un confident avec qui parler librement. Le côté sans gêne du chef de bureau qui collectionne les aventures d’un soir est en réalité un moyen d’oublier son traumatisme et sa peur de tomber amoureux. L’histoire bonus en fin de tome présente avec humour le recrutement de Mikado.

La mangaka utilise des traits simplifiés et épurés. Comme elle les répète parfois, donnant un peu d’épaisseur, son style graphique garde un aspect croquis. De même, ses simplifications sont encore plus prononcées pour renforcer les expression de panique, de choc. Kashima sensei joue donc principalement sur les codes graphiques comiques. Elle n’hésite pas à exagérer les mouvements pour transcrire la précipitation, la vitesse. Par exemple, quand Mikado se précipite chez lui pour arrêter Anezaki, le taxi semble décoller et ses pas exagérément longs augmentent la force du mouvement. Les trames sont variées. Même si les angles de vue semblent assez simples, leur efficacité accompagne la mise en page dynamique. Les scènes érotiques ne sont pas vraiment censurées. Par contre, elles jouent sur les détails simplifiés.

En résumé

Mikado Junichirô est un otaku, fan de Kishi Meyko du groupe d’idole KKB. Il vient même de passer une nuit blanche à regarder son dernier clip. Dans le métro, il croise par hasard son supérieur qu’il ne supporte pas. En effet, Anezaki Misaki le traite comme un esclave: en plus de se servir dans sa réserve personnelle de nourriture, il lui donne toujours des documents à scanner au dernier moment. Il passe également son temps à séduire les belles employées. Un soir, alors que l’équipe fête la réussite d’un projet, Anezaki défie Mikado dans un concours d’alcool. L’employé s’écroule vite. Pourtant, il doit raccompagner son supérieur complètement ivre. Comme ce dernier n’arrive même plus à indiquer son adresse et qu’il commence à pleuvoir, il finit par réserver une chambre dans un love hotel. Mais en pleine nuit, son chef lui saute dessus et ils finissent par coucher ensemble…

En conclusion

Ce one-shot a obtenu la dix-huitième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2017. Il a même eu droit à une adaptation en drama CD. Même si le ton reste léger et humoristique, l’auteure aborde divers sujets sur la sexualité. Elle retranscrit assez bien le traumatisme d’Anezaki. Et la gentillesse de Mikado pour son supérieur rend ce couple attendrissant, même s’il démarre plutôt mal.

Le maître de maison est un alpha – Natsushita Fuyu

le maitre de maison est un alpha natsushita fuyu
NATSUSHITA Fuyu 夏下冬
ISBN: 9782368776414
Boy’s love IDP, 2019
ISBN: 9784865894783 (JP)
Fusion product, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

Comment construire son couple petit à petit quand on est deux seme, d’autant plus qu’il faut rapidement donner un héritier?

Dans ce one-shot, Natsushita Fuyu sensei met en avant la vie conjugale d’un couple d’alpha. Cet omegaverse interroge principalement l’égalité au sein du couple, les difficultés à définir les rôles entre deux seme, et la pression familiale de donner un héritier. D’abord hétérosexuels, les deux hommes doivent gérer à la fois leurs sentiments et leurs préjugés des rôles genrés. Ils se questionnent sur la domination, la pénétration, la conception. L’auteure a une approche assez originale, ne mettant pas en avant l’appartenance aux groupes alpha ou omega. Elle disperse des indices au fur et à mesure pour les lecteurs. En outre, elle présente un couple qui communique, se respecte et accepte d’ouvrir leur esprit. Le langage est parfois cru. Les quiproquos et les réactions excessives des personnages apportent une touche humoristique. L’épilogue à la maternité laisse espérer une orientation vers le reverse.

Les traits de la mangaka sont plutôt réalistes: ses personnages ont des visages ovales, des corps masculins musclés. D’ailleurs, les deux époux ont presque la même carrure. Natsushita sensei exprime les chaleurs par la contraction des pupilles. De même, elle met directement en image l’imagination débordante de Kazumasa. Les trames d’ambiance sont bien intégrées, les décors détaillés. La mise en page dynamique joue avec des angles de vue variés. Justement, le découpage parfois cinématographique des scènes érotiques donne beaucoup de détails. De plus, il n’y a pas de censure, à part dans les coupes intérieures. Les illustrations de début de chapitre présentent les protagonistes dans un instant pris sur le vif. Sous la jaquette se trouve la solution du jeu de recherche du symbole du chat à trouver dans chaque chapitre; il faut une loupe pour en repérer certains!

En résumé

Les familles Isaka et Tachigami ont organisé un mariage arrangé entre leurs fils alpha. Bien qu’amoureux de son mari, Tachigami Kazumasa n’arrive pas à passer outre ses appréhensions sur les rapports sexués de même genre. Bien que sa mère lui mette la pression pour donner rapidement un héritier, Isaka Takaomi, salaryman dans l’entreprise familiale, reste toujours à l’écoute de son époux. Ces deux seme prennent leur temps. Cependant, vexé de ne pas exciter son partenaire, Kazumasa décide de consulter un psychiatre, Tokihito Kyôwa, spécialisé dans la sexologie des couples. Cependant, ses méthodes ne sont pas très orthodoxes!

En résumé

Ce manga a obtenu la 5e place au classement du manga profond au Chill chill BL award 2019. En effet, il est à la fois sexy, érotique et tendre. Même si les méthodes du psychiatre peuvent gêner, on s’attache vite à ce couple qui privilégie respect et partage.

Le chien innocent et le chat hypocrite – Niyama

le chien innocent et le chat hypocrite niyama
Niyama にやま
ISBN: 9782368777152
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784801955172 (JP)
Takeshobo, 2016 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

Lorsque le masque de l’homme parfait finit par tomber à force de côtoyer l’innocence de la jeunesse…

Premier manga relié de Niyama sensei, ce one-shot s’intéresse à la naissance des sentiments durant une cohabitation, la différence d’âge et le sentiment de solitude, en particulier quand le rythme de travail du couple est décalé. Même si certaines coïncidences paraissent un peu exagérées, l’auteure développe la psychologie de ses personnages avec réalisme. Alors que Yagi fuit les problèmes, son comportement parfois enfantin le rend attachant. De même, le côté innocent de Tôru détonne avec son comportement légèrement sans gêne. Mettant en avant le contraste entre ce que pense et ce que dit Yagi, la narration donne principalement son point de vue. Cependant, un chapitre est consacré à l’avis d’Akasaka. Le couple partage ses sentiments avec consentement, même alcoolisé. D’ailleurs, il prend tout son temps.

La mangaka utilise des traits fins légèrement simplifiés. Ses personnages ont une carrure masculine avec de grands yeux expressifs. Pour les passages humoristiques, Niyama sensei n’hésite pas à simplifier ses dessins à l’extrême. Ainsi, le côté naïf d’Akasaka ressort bien graphiquement. Par contre, Yagi porte parfois des oreilles de chat quand il pousse à fond l’hypocrisie. Il n’y a pas de distinction entre les chapitres, peu marqués. La mise en page, plutôt classique, joue sur les ellipses et quelques angles de vue recherchés pour dynamiser la lecture. L’alternance entre les trames d’ambiance et les décors paraît naturelle. Sous la jaquette, la postface et deux illustrations permettent de découvrir la création du scénario. Parfois, quelques trames ou blancs censurent légèrement les scènes érotiques, plutôt détaillées.

En résumé

Yagi Naohito (39 ans) est invité par son ami Tajima Seiji (39 ans) à un gôkon. Ne cherchant pas à draguer, le salaryman s’isole à une table pour manger. Asakasa Tôru (24 ans) l’aborde et demande à s’installer à sa table. Comme le jeune homme entame immédiatement la conversation et parle sans filtre, Yagi n’est pas à l’aise. En effet, il affiche toujours un sourire conciliant, jouant les hypocrites pour plaire à tout le monde. L’alcool aidant, les deux hommes se confient assez facilement, le quarantenaire étant persuadé de ne jamais revoir son interlocuteur collant. Mais ce dernier s’avère être un employé d’un de ses clients. Un soir, le salaryman recroise l’ouvrier loin de son quartier. Asakasa lui apprend qu’un incendie a détruit son appartement et qu’il a perdu son porte-feuille. Devant tant de malchance, Yagi propose au jeune homme de le loger temporairement malgré son appréhension.

En conclusion

Cette histoire mignonne précède My pretty policeman et met en avant la romance du couple d’amis de Seiji. Le contraste entre Yagi qui fuit les relations alors qu’il a peur d’être seul et Asakasa qui s’attache facilement aux gens me touche énormément. J’adore l’évolution tout en douceur et dans le partage de ce couple.
Mise à jour: Ce one-shot a obtenu la treizième place du meilleur nouveau venu au Chill Chill BL award 2017.

A story of love – Hamada Kamome

a story of love hamada kamome
HAMADA Kamome 波真田かもめ
ISBN: 9782375061480
Taifu comics, 2019
ISBN: 9784799735169 (JP)
Libre, 2017 (JP)
Titre original: たとえばこんな恋のはなし
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: beaucoup

L’amour se construit petit à petit, en partageant à deux ses joies, ses peines et ses désirs.

Ce one-shot de Hamada Kamome sensei est basé sur une histoire vraie. En décrivant la cohabitation entre un homosexuel et un hétérosexuel tombé amoureux de lui, l’auteure questionne la construction d’une relation et les sentiments. Elle offre donc une vision de l’amour simple et pure. D’abord platonique, la relation entre Akira et Masaru évolue doucement: les deux hommes apprennent à se connaître et se rapprochent petit à petit entre disputes, efforts et compromis. Le comportement de Masaru peut paraître ambigu et déconcertant: bien que fou amoureux et sérieux, il a un côté assez coincé et maladroit. Son manque de tact égaye un peu cette romance tendre et mignonne. En fin de tome, une interview de Yanagi Kento, qui a servi de modèle pour Akira, permet d’en découvrir un peu plus sur le couple. Il y a aussi la recette du hamburger maison.

La mangaka utilise des traits assez épais, superposés, donnant un aspect croquis. Son style est assez proche du shôjo. Les visages sont plutôt ronds, avec des traits simplifiés. L’équilibre entre les décors et les trames d’ambiance est maîtrisé. La mise en page reste assez classique. Les illustrations en début de chapitre mettent en scène le couple dans leur quotidien. Sous la jaquette, il y a le plan de l’appartement. Les scènes érotiques se concentrent sur les sentiments et ne montrent donc pas de détails. La couverture a obtenu la seizième place au Chill Chill BL award 2018.

En résumé

Au lycée, Takamori Akira récolte les cannettes pour se faire un peu d’argent et offrir un CD au garçon qu’il aime secrètement. Mais ce dernier, gêné, refuse. Pour combler sa peine, le lycéen prépare énormément de bons plats pour les assistantes et sa mère mangaka. Devant ce festin, l’une d’elle l’incite à poster ses recettes sur Internet. Le jeune homme lance alors son blog, s’affichant comme un garçon aimant les garçons et passionné de cuisine. Mais un jour, il reçoit un commentaire blessant lui demandant si son homosexualité influence son don pour la cuisine. Bien que rude au premier abord, le blogueur sympathise avec Nanjô. Enfin à l’université, Akira reçoit, un soir, un appel de Nanjô Masaru qui a débarqué à Tokyo. Puis quelques semaines plus tard, ce dernier s’installe chez l’étudiant tout en lui annonçant qu’il l’aime…

En conclusion

Une très belle histoire d’amour construite par la discussion, les compromis et de petits gestes tendres. Il est touchant de voir Masaru briser ses propres barrières, coincé malgré ses forts sentiments. Comme un témoignage sur la vie à deux, on a envie d’appliquer leurs conseils pour entretenir la flamme. Une lecture pour tous les couples, qu’ils soient gay ou non!

Memento Scarlet – Kusabi Keri

memento scarlet kusabi keri
KUSABI Keri 楔ケリ
ISBN: 9782368776926
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784801965812 (JP)
Takeshobo, 2019 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

Entre meurtres et drogues, une enquête réunissant un détective obsédé et un ancien policier.

Ce one-shot de Kusabi Keri sensei propose de suivre deux enquêteurs au sein d’une cellule un peu spéciale sur les traces d’un trafiquant de drogue mêlé à de mystérieuses affaires de meurtres. L’histoire a un ton plutôt réaliste, avec un humour très discret, souvent graphique. L’auteure développe avec précision la psychologie de ses personnages, assez complexe: Tetsuo a touché le fond, obnubilé par son passé. La relation d’abord ambiguë entre les deux coéquipiers évolue rapidement, le côté sado-masochiste de Kairi devenant presque un élément salvateur. Les scènes érotiques ne sont pas forcément gratuites et s’intègrent bien à l’enquête. Par contre, les sentiments du couple prennent finalement l’aval sur le récit.

Les traits de la mangaka sont fins, légèrement simplifiés. Il se dégage beaucoup de sensualité des visages des personnages. La mise en page est dynamique. La maîtrise des angles de vue facilite la lecture. Kusabi sensei laisse quelques indices graphiques tout en maintenant le suspense. Elle utilise les trames pour colorer ou ombrer. Les décors sont très présents. Les souvenirs de Tetsuo, qui possède une excellente mémoire photographique, sont justement illustrés par des images en négatif. En milieu de tome, un organigramme représentant les protagonistes permet de se situer dans l’histoire. Par ailleurs, des fiches détaillées sont disponibles en bonus en fin de volume. Comme les scènes érotiques ne sont pas censurées, certains passages peuvent paraître un peu violents, mais cela correspond à l’ambiance.

En résumé

Le lieutenant Amane Kairi (30 ans) fait partie de l’élite de la police même s’il est plutôt violent. Enquêtant sur la drogue « maze », il n’hésite pas à utiliser des moyens peu conventionnels pour obtenir des aveux ou des renseignements. Un soir, dans un bar, il se rapproche d’un certain Kanô Tetsuo (28 ans) en lui proposant une drogue. Ils finissent alors à l’hôtel. En réalité, il cherche à recruter cet ancien policier qui a quitté son service deux ans auparavant, suite à une affaire traumatisante. Les voilà donc à devoir faire équipe au sein de la cellule spéciale du Bureau d’investigation, où d’anciens criminels officient, pour retrouver l’homme « à la capuche rouge »…

En conclusion

Malgré les 292 pages, j’ai dévoré ce tome d’une traite. J’aime beaucoup la relation qui se lie entre Tetsuo et Kairi, d’abord charnelle puis, peu à peu, complétée par des sentiments avec une approche vers la guérison. Pour moi, c’est un véritable coup de cœur! Par contre, certains lecteurs pourront être gênés par les ébats plutôt violents et le côté bitch de Kairi.
Mise à jour: Ce titre a obtenu la sixième place du meilleur manga érotique au Chill Chill BL award 2020.

Inside full bloom – Kuki Wakame

inside full boom kuki wakame
KUKI Wakame 久喜わかめ
ISBN: 9782368776995
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784801964105 (JP)
Takeshobo, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: un peu

« La mélancolique histoire d’amour de deux jeunes hommes profondément blessés qui, ensemble, vont apprendre à se reconstruire. »

Pour son premier manga, Kuki Wakame sensei offre un one-shot au ton poétique et dramatique. Elle met en parallèle le langage des fleurs avec les sentiments de ses personnages. Comme une fleur qui s’épanouit jour après jour, Kana et Keigo, profondément blessés, s’ouvre douloureusement l’un à l’autre. Leur relation d’abord conflictuelle contrecarre tout consentement. Malgré une compatibilité sexuelle, leur caractère s’oppose. Ainsi, l’auteure aborde deux approches différentes: Kana préfère le secret alors que Keigo affirme ouvertement son orientation sexuelle. Pourtant leurs traumatismes influent énormément sur leur relation amoureuse. Même si des sentiments se développent au fil des discussions, leurs ébats, souvent forcés et parfois gratuits, occultent tout romantisme, brouillant un peu l’appréciation de l’histoire. Le scénario pêche donc légèrement par manque d’expérience mais se tient parfaitement.

La mangaka a un trait fin et épuré, assez anguleux. Elle a tendance à utiliser des touches et des lignes peu liées, donnant un aspect encore croquis pour les yeux ou la bouche. De même, elle se focalise sur certains détails comme les regards et tient compte du mouvement des cheveux. Elle maîtrise déjà son graphisme, beau et aéré, n’hésitant pas à simplifier et caricaturer les traits pour les passages humoristiques. Elle utilise peu de trames d’ambiance. Ses décors permettent de situer les actions. Ses cadrages et quelques angles de vue recherchés dynamisent la lecture. Les scènes érotiques ne sont pas censurées et plutôt détaillées. Sous la jaquette, il y a deux illustrations présentant Kana et ses amis.

En résumé

Saitô Kanaru est invité par ses amis Oshibu et Ono à un gôkon. Peu motivé, il accepte malgré tout, espérant passer une simple soirée à boire. Mais les étudiantes arrivent à deux accompagnées d’un garçon, Miura Keigo, qui remplace une fille qui s’est désistée. Au fil de la conversation, ce dernier annonce ouvertement qu’il est gay. Surpris et troublé, Kana se raffraîchit aux toilettes mais Keigo l’a suivi, ayant deviné que l’étudiant cachait son orientation sexuelle. Alors que Miura commence à lui faire des avances discrètes, Saitô boit plus que de raison et finit par perdre conscience. Il se réveille plus tard en plein ébats avec Keigo. Le lendemain, de retour chez lui, il s’effondre, ne pouvant contenir ses souvenirs traumatisants de l’époque du lycée.

en conclusion

Kana et Keigo pansent leurs blessures intérieures dans la douleur. Certains lecteurs pourront être gênés par les scènes non consenties. Personnellement, mes sentiments sont mitigés: j’ai apprécié cette vision de l’amour assez sombre, mais je trouve dommage que Keigo ne trouve de solutions qu’à travers la soumission sexuelle. D’autant plus que j’adore particulièrement le personnage de Kana. Placée 20ème au classement des nouveaux venus du Chill Chill BL award 2019, j’attends avec impatience de voir les prochaines œuvres de Kuki sensei.

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