Internet love – Urino Kiko

couverture Internet love de Urino Kiko éditions Glénat

URINO Kiko 売野機子
ISBN: 9782344064696
Glénat, 2024
ISBN: 9784396785727 (JP)
Shodensha, 2023 (JP)
Manga
Ero-mètre: pudique
Recommandation: beaucoup

« Ma joyeuse vie de cyberstalker prit fin. »

Urino Kiko sensei narre une romance contemporaine entre un Japonais et un Coréen qui se découvrent d’abord via les réseaux sociaux. Elle analyse avec finesse les rapports qui se construisent à travers ce média, interrogeant sur l’identité virtuelle et celle réelle. Ainsi, elle aborde le jugement sur l’apparence, les risques d’Internet, la fuite du quotidien à travers celui d’un autre. Tenma, bien qu’entouré de ses collègues bienveillantes et de parents compréhensifs, est persuadé d’être trop banal pour plaire. De même, malgré une vie bien remplie, Eunho ressent de la solitude et recherche de la reconnaissance. L’auteure s’intéresse donc à l’acceptation de soi et de l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Avec les petites amies des deux héros, elle met en avant la pression d’une certaine conformité sociale. De même, elle montre avec humour les différentes techniques pour surpasser la barrière des langues.

La mangaka a un trait épuré avec un touche brute, rappelant le graphisme des shôjo des années 90. Elle le simplifie à l’extrême dans les passages humoristiques. Par ailleurs, elle utilise les trames avec parcimonie. De même, les trames d’ambiance accompagnent discrètement les émotions fortes. Les décors situent principalement l’action, apparaissant parfois uniquement tramés. Par contre, Urino sensei offre une mise en page très dynamique avec des cadres qui semblent tracés à la main, donnant l’impression d’un « couper-coller » fait main rassemblant des souvenirs. Elle ne développe pas les scènes érotiques, laissant libre cours à l’imagination du lecteur.

En résumé

Le nail artist Tenma Minori suit assidûment depuis cinq ans les publications du coréen Eunho qui partage sa vie sur les réseaux sociaux. Ses collègues s’inquiètent un peu de sa passion, proche d’un cyberstalker. Mais quand Eunho poste une photo de sa petite amie, l’univers « imaginaire » de Tenma s’écroule…

En conclusion

Urino Kiko sensei maîtrise parfaitement le format one-shot, allant à l’essentiel et laissant l’imaginaire des lecteurs construire leur réflexion sur l’usage des réseaux sociaux. Elle pointe certaines problématiques avec une note positive et rassurante. Ainsi, j’ai dévoré ce récit avec l’impression de mettre constamment un peu de baume autour de mon cœur. Les personnages sont tous attrayants. Le graphisme avec sa touche un peu datée pourra rebuter certains lecteurs. Personnellement, je trouve que cela ajoute une ambiance nostalgique très agréable et expressive. Une énorme coup de cœur!

Juste un rêve pervers? – Yoshimoto Senco

couverture juste un reve pervers yoshimoto senco taifu

YOSHIMOTO Senco 由元千子
ISBN: 9782375064368
Taifu comics, 2024
ISBN: 9784910526195 (JP)
Shucream, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: si on s'ennuie

« C’est si important que ça de ne se focaliser que sur une seule personne? »

Yoshimoto Senco sensei pose lentement son univers tout en plongeant immédiatement le lecteur dans l’érotisme. Elle crée des personnages assez simples dont l’objectif commun concorde. En effet, l’innocent incube Foni dépend de l’énergie vitale des humains qu’il consomme en rêve ou en couchant directement tandis que Harumi n’arrive pas à s’attacher exclusivement à un partenaire. Ainsi, sous prétexte d’apprentissage, le couple va d’abord construire une relation purement charnelle de nourrissage avant de réaliser l’évolution de leurs sentiments. De même, le démon qui se déprécie, va peu à peu prendre de l’assurance, encouragé par son hôte. L’auteure aborde donc la cohabitation, le manque de confiance en soi, la différence entre relation charnelle et relation amoureuse. En introduisant l’incube Rumi, elle pousse le couple à s’interroger sur leurs liens, ajoutant une note d’humour. De même, la candeur de Foni contraste avec son côté pervers.

La mangaka a un trait légèrement épuré et anguleux. Elle le simplifie dans les passages humoristiques, n’hésitant pas à transformer les personnages en SD. Les trames sont équilibrées tandis que les trames d’ambiance très graphiques, complètent les émotions. La mise en page est simplement dynamique. Dans les scènes érotiques, Yoshimoto sensei censure les parties intimes par un cache blanc ou en les fondant dans les trames. Elle offre pourtant une scène par chapitre. Sous la jaquette, elle donne quelques anecdotes sur les personnages. De même, il y a des croquis amusants en fin de chapitre.

En résumé

Un soir, Harumi qui travaille comme hôte dans un bar, est sollicité par un de ses collègues qui a trouvé un homme à moitié mort d’inanition. Il le recueille alors chez lui. Mais pendant qu’il dormait, le jeune inconnu apparaît dans son rêve et lui demande à boire son sperme. En effet, Foni se présente comme un démon des rêves, puisant sa force dans l’énergie vitale des humains…

En conclusion

Yoshimoto Senco sensei ne maîtrise pas le format one-shot, précipitant certains évènements qui font avancer l’intrigue un peu abruptement. Toutefois, elle construit un univers intéressant et un couple plutôt mignon. Les nombreuses scènes érotiques divertissent également. Un scénario en fin de compte simple qui permet de se détendre sans se prendre la tête.

Déqueuverte – Kitano Gumin

couverture dequeuverte kitano gumin hana

KITANO Gumin 北のぐみん
ISBN: 9782382764688
Hana, 2024
ISBN:‎ 9784864424202 (JP)
Tokyo mangasha, 2021 (JP)
Titre original: 珍好でぃすかばぁ
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: un peu

« Et dire que le propriétaire de ce formidable sexe ultime va à la même université que moi. »

Kitano Gumin sensei narre une comédie romantique axée sur l’obsession de Mari dans sa quête du sexe idéal. Ainsi, elle joue sur les interactions entre le cru Nagashiro et son prude ami d’enfance Nagayasu, confrontant leurs visions différentes de l’amour. Elle aborde avec humour la différence entre sex friend et couple, le jugement sur l’apparence ainsi que les limites de la perversion avec l’introduction d’Omota, qui n’hésite pas à harceler pour satisfaire ses désirs. En effet, malgré son attirance et sa curiosité pour les membres phalliques parfaits, Mari conserve une certaine innocence comparé à Omota et respecte les réserves de Kengo. Les deux étudiants construisent donc une relation assez consensuelle avec quelques jeux érotiques plutôt mignons, négociant et analysant leurs sentiments. L’auteure surprend constamment le lecteur en cassant les moments les plus romantiques et maintient même un certain suspense en ne montrant que l’essentiel.

La mangaka a un trait légèrement épuré et léché, au contour plus épais qui apporte du relief. Elle le simplifie dans les passages humoristiques, exagérant aussi les expressions. Les trames sont variées tandis que les trames d’ambiance, graphiques, renforcent les effets comiques. Par contre, les décors situent principalement l’action. La mise en page est très dynamique. Kitano sensei censure à peine les scènes érotiques, recouvrant les parties intimes de hachures. Par ailleurs, elle offre des coupes intérieures qui détaillent même les différents organes. Il y a d’ailleurs une scène par chapitre. Sous la jaquette, des fiches personnages apportent quelques anecdotes amusantes.

En résumé

Durant son adolescence, Nagashiro Mari complexait sur son physique androgyne jusqu’à ce qu’il réalise que son zizi le différenciait d’une fille. Depuis, il a développé une sorte de vision critique lui permettant d’évaluer les pénis. D’ailleurs, il a pris l’habitude de comparer discrètement ceux de ses camarades dans les toilettes. Mais un jour, il trouve enfin son idéal phallique. Toutefois, ce sexe parfait appartient à son ami d’enfance Nagayasu Kengo!

En conclusion

Pour un premier manga, Kitano Gumin sensei offre une comédie amusante, sans prise de tête, mais avec une dynamique intense entre les personnages. Elle enchaîne parfois maladroitement certains évènements mais cela ne gêne en rien le déroulement du récit. Le langage cru de Mari contraste avec son physique mignon, le rendant très attachant. En plus, la traduction de Jordan Mangeon, qui a trouvé d’excellents jeux de mots (Le titre est une pépite.), ainsi que sa sélection des synonymes de zizi, toujours bien placé dans les conversations, subliment l’impression d’une histoire à la fois érotique et pourtant innocente. J’adore!

Happy sugar share house – Momojiri Hibari

happy sugar share house momojiri hibari

MOMOJIRI Hibari 桃尻ひばり
ISBN: 9782382764923
Hana, 2024
ISBN: 9784575380866 (JP)
Futabasha, 2021 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

« Je veux être un homme populaire qui ne souffre pas, même s’il se fait larguer. »

Momojiri Hibari sensei narre une comédie romantique entre le séduisant mannequin Michael et le complexé salaryman Makoto. Elle met en avant l’ambiance chaleureuse de la colocation, l’entraide mais également les petits problèmes d’intimité. Les colocataires ont des caractères plutôt tranchés, en particulier Sakamoto Rinnosuke (21 ans), qui ajoute en plus quelques quiproquos. Au prétexte d’une formation, les deux héros vont apprendre à se connaître. Ainsi, le mannequin a tendance à faire passer le bonheur des autres en priorité, sa gentillesse portant alors à confusion, tandis que le salaryman, manquant de confiance en lui, se laisse porter. L’auteure construit d’abord une relation purement charnelle puis l’équilibre grâce aux sentiments. Par ailleurs, elle dénonce indirectement les préjugés basés sur des critères de beauté, l’influence des réseaux sociaux qui exacerbent les moqueries sur le malheur des autres. L’histoire bonus apporte une note à la fois mignonne et sexy.

La mangaka a un trait épuré de style shôjo, avec de grands yeux expressifs et des hachures envahissantes pour les rougissements. Elle le simplifie à l’extrême dans les passages humoristiques. Les trames sont très variées et équilibrées. Les trames d’ambiance très graphiques participent à la narration. Ainsi, Michael scintille constamment. Les décors soignés apportent une touche réaliste. Par ailleurs, la mise en page très dynamique met souvent en valeur la plastique des personnages. Dans les scènes érotiques, Momojiri sensei censure les parties intimes par un cache blanc ou une forme flou diffuse.

En résumé

Nakamura Makoto (33 ans) éclate en sanglots dans la rue car sa petite amie l’a quitté pour un de ses jeunes subordonnés. Le mannequin Mitsuteru Aoi (25 ans), surnommé Michael, à la beauté éblouissante, le ramène alors à sa colocation après qu’il se soit effondré dans ses bras. Le lendemain matin, Makoto se retrouve à déjeuner à la table des autres colocataires. Charmé par l’ambiance amicale, il accepte volontiers de rester quelques jours ici durant les vacances. Le soir, au cours d’un barbecue organisé par les autres colocataires, le salaryman charmé par Michael, lui demande alors des conseils de séduction. Mais ce dernier l’embrasse!

En conclusion

Momojiri Hibari sensei construit bien un amour maladroit, abordant ainsi différents sujets malheureusement pour certains juste survolés. En effet, le format one-shot l’oblige à enchaîner parfois abruptement certains évènements. De même, quelques rebondissements tombent à plat. Toutefois, le graphisme tout mignon rend la lecture très agréable. Et surtout, l’humour colle bien à l’ambiance du récit. Une lecture onctueuse comme de la crème, transmettant de belles émotions. A ne pas rater si vous aimez les récits de colocation!

88 rhapsody – Sorai Mone

88 rhapsody sorai mone

SORAI Mone ソライモネ
ISBN: 9782382762745
Hana, 2024
ISBN: 9784829686195 (JP)
Printemps, 2019 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: beaucoup

« Vivez les rêves et les sentiments qui viennent chambouler les membres du groupe Aldébaran! »

Sorai Mone sensei propose de suivre les romances de quelques membres du groupe Aldebaran. En plus de l’univers musical, elle s’intéresse aux différentes épreuves auxquelles se confrontent les musiciens comme la pression, la passion devenue douleur, la perte de confiance en soi, le traumatisme. Dans la première histoire, rapide mais efficace, elle analyse principalement les sentiments naissants dans une amitié ainsi que l’acceptation de soi. Par la suite, l’histoire de Miyata Kyôtaro (26 ans) et Agawa Ritsuki approfondit surtout la question de la gestion de la pression aussi bien extérieure (famille, enseignant, concurrence) qu’intérieure (course à la réussite, peur de l’erreur, trac), la communication nécessaire et les conseils avisés de personnes expérimentées. Malgré des sentiments réciproques, les deux hommes préfèrent se taire. Par ailleurs, l’auteure interroge sur l’avenir des musiciens et l’évaluation du talent. Elle base la narration d’abord du point de vue de Yodaka puis de celui de Miyata.

La mangaka a un trait épuré et anguleux, bien découpé, qui se ressent particulièrement à travers les ossatures saillantes et les corps plutôt maigres. Elle exagère les expressions dans les passages humoristiques. Par ailleurs, elle donne des anecdotes dans des fiches personnages à la fin des chapitres. Les trames bien que variées privilégient les contrastes noir et blanc. Les trames d’ambiance appuient les émotions tandis qu’un fond noir indique les flash-back. Les décors soignés situent principalement l’action et s’estompent parfois autour des personnages. La mise en page très dynamique s’attarde sur les détails, avec des angles de vue variés, des chevauchements et des sorties de cadres. Sorai sensei marque le passage du temps par des indices sur les saisons. Dans les scènes érotiques, elle cache les parties intimes grâce à des cadrages ou des bulles bien placées. De même, l’imagination des personnages s’invite dans les décors.

En résumé

Récemment transféré dans un nouveau lycée, Hoshikawa Yodaka ne supporte plus les rumeurs et les regards insistants sur sa cicatrice au visage. Il préfère écouter de la musique en dormant à l’infirmerie. Mais un jour, Fujise Anji s’infiltre par la fenêtre de l’infirmerie et lui demande de lui laisser une place dans son lit. Le lycéen très direct, joue de la guitare dans un groupe et lui offre donc une invitation à un concert. Intrigué par un compliment sur son visage, Yodaka sympathise vite avec ce nouvel ami, reprenant vite goût à l’étude. Il arrive même à se confier à lui…

En conclusion

Sorai Mone sensei offre une magnifique romance dont la sensibilité se ressent à travers les images et les paroles de ses personnages. Elle équilibre parfaitement l’humour et les intrigues, évitant de trop faire étalage des sentiments des personnages. Ainsi, les relations paraissent naturelles, parfaitement dépeintes avec les hésitations et les effusions. J’apprécie particulièrement le graphisme très expressif, au trait particulier et reconnaissable de la mangaka. Un petit coup de cœur!

Réaction chimique – Hitomi

reaction chimique hitomi

hitomi
ISBN: 9782382762653
Hana, 2024
ISBN: 9784801976689 (JP)
Takeshobo, 2022 (JP)
Titre original: キミイロメルト
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

« L’amour n’est qu’une réaction chimique, il faut arrêter de croire que c’est magique. »

hitomi sensei offre une romance au ton léger entre deux hommes aux caractères complètement opposés. Elle alterne la narration entre les deux héros. Ainsi, elle propose de suivre leurs analyses et leurs réflexions sur l’amour. En effet, la vision de l’attirance sexuelle purement scientifique et rationnelle d’Aranami se confronte constamment à celle plus sentimentale et romantique de Hôjô. Certaines de leurs répliques créent d’ailleurs un effet comique, brisant l’ambiance. Pourtant, les deux hommes font des efforts pour se comprendre, échangeant constamment. Leur passé se révèle au fil des discussions. L’auteure aborde donc le jugement sur l’apparence biaisé par les conventions sociétales, l’acceptation de l’autre avec ses qualités et ses défauts, la construction d’une relation solide autour d’une première émotion. Elle utilise les personnages secondaires pour étoffer son propos. Dans l’histoire bonus, elle montre le devenir du couple.

La mangaka a un trait léché et anguleux qui se simplifie et s’arrondit dans les passages humoristiques. Elle varie les trames, utilisant une large palette apportant une note réaliste. D’ailleurs, les ombres détaillées usent des dégradés et des différences de tons. De même, les trames d’ambiance accompagnent discrètement les émotions. Par ailleurs, les décors soignés apparaissent sur les plans larges. Un fond gris marque les flash-back. La mise en page est très dynamique. hitomi sensei ne censure pas les scènes érotiques. Elle dessine des corps bien musclés, pour notre plus grand plaisir. Au dos de la jaquette, les personnages apparaissent en de trop chou semi SD.

En résumé

Hôjô Haruma (25 ans), qui travaille dans une entreprise de transports de biens, récupère un manuscrit chez un célèbre écrivain, Aranami Akihito (31 ans). L’ancien scientifique qui ne croit pas en l’amour, persuadé qu’il s’agit simplement d’une réaction chimique, a par ailleurs la réputation d’être froid et insensible. Pourtant, il l’accueille en peignoir, sans gêne. Quand un homme à moitié nu le rejoint de la chambre, Hôjô, d’abord troublé par la beauté de son client, fantasme par la suite sur Aranami. Mais lorsqu’il se présente un autre jour pour une nouvelle livraison, il sympathise timidement avec l’écrivain en l’aidant à changer la sonnerie de son smartphone. Et si les rumeurs étaient fausses?

En conclusion

Dès la préface, hitomi sensei prévient que son scénario ne sera pas profond. Pourtant, je trouve qu’elle y insuffle beaucoup de questionnements intéressants et analyse à la perfection l’évolution des sentiments des deux héros. En plus, son trait sexy est un plaisir pour les yeux. Je trouve le couple tellement chou avec leur relation dynamique et entraînante. Les habitués de la mangaka pourront peut-être être un peu déstabilisés ou déçus. Pour ma part, je craque complètement pour cette adorable confrontation de points de vue. Une lecture sexy et amusante!

Après la pluie, Maru – Kuki Wakame

apres la pluie maru kuki wakame

KUKI Wakame 久喜わかめ
ISBN: 9782382764916
Hana, 2024
ISBN:‎ 9784801976306 (JP)
Takeshobo, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

« La rencontre inattendue de deux âmes solitaires qui vont devoir affronter leur passé! »

Kuki Wakame sensei narre la construction d’une relation solide entre deux hommes solitaires, prisonniers de leur passé. Elle alterne la narration entre ses deux héros, révélant leurs secrets au fur et à mesure. Ainsi, elle aborde entre autres la peur de la solitude, le manque de communication, la distinction entre pitié et affection. En effet, Kotarô, rongé par la culpabilité, a l’impression de manipuler celui qui l’attire tandis que Haruki s’adapte aux désirs de son partenaire de peur d’être abandonné. Grâce à leur cohabitation, ils vont redécouvrir la douceur de la chaleur humaine, compensant ainsi leur manque affectif, puis évoluer petit à petit. Avec Kaede et Taichi, l’auteure montre l’importance de certaines rencontres dans une vie. Par ailleurs, elle interroge sur la famille, l’amitié et l’amour. Elle met en avant les petits bonheurs quotidiens d’un foyer chaleureux et construit une relation respectueuse entre Yamamoto et Marui.

La mangaka a un trait épuré légèrement anguleux qui conserve un aspect croqué, avec un contour discontinu et dédoublé plus épais. Elle le simplifie, parfois à l’extrême, dans les passages humoristiques. Ainsi, elle transforme Maru en un adorable wanko, avec un trait plus arrondi. De même, les hachures envahissent les visages à chaque rougissement. Pourtant, les trames utilisent une palette restreinte, avec des ombres fortes marquées. De même, les trames d’ambiance se font rares et discrètes. Les décors situent principalement l’action. Les flash-back se repèrent à leur fond noir. La mise en page simplement dynamique joue sur l’absence de cadre et des angles de vue variés. Kuki sensei s’attarde néanmoins sur les détails des mouvements et des réactions. Elle ne censure pas les scènes érotiques, offrant même des coupes intérieures. En fin de tome, elle présente ses croquis de recherche.

En résumé

Un soir, sous une pluie battante, Yamamoto Kotarô (26 ans) trouve un homme complètement ivre dans un parc. Inquiet, il l’emmène alors chez lui. Mais l’ivrogne, le confondant avec un autre, lui fait des avances. Kota, gay, ne résiste pas à la beauté de Marui Haruki (32 ans) et couche donc avec lui. Le lendemain matin, Maru se confond d’abord en excuses avant de fondre en larmes en dégustant le délicieux petit-déjeuner préparé par Kotarô. Ce dernier lui propose alors de vivre avec lui en attendant.

En conclusion

Ce one-shot assez épais permet d’approfondir l’histoire correctement. Ainsi, Kuki Wakame sensei offre un récit empreint de sensibilité, analysant avec finesse les émotions et l’évolution de ses deux héros. Elle maintient un certain suspense tout en détendant l’atmosphère par des petits moments comiques dans le quotidien. Par exemple, la réaction de Maru devant les brocolis est craquante! D’ailleurs, j’adore quand il se transforme en wanko. J’apprécie également le style graphique en général, avec cette touche un peu simple mais forte en expressivité. Un coup de cœur!

Boss and the beast – Sachimo

couverture boss and the beast sachimo hana

Sachimo さちも
ISBN: 9782382762066
Hana, 2024
ISBN: 9784041124642 (JP)
Kadokawa, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: absolument

« Ma connaissance du monde est aussi étroite que mon anus. »

Sachimo sensei narre une romance dramatique entre deux hommes brisés par la vie qui développent pourtant un amour pur. Elle révèle leur passé au fur et à mesure, maintenant un certain suspense. De même, elle alterne la narration entre ses deux héros, partageant leurs interrogations. Après avoir vu le pire de l’humanité, Léo semble conditionné mais analyse ses nouveaux sentiments. Le boss, quant à lui, habitué a acheter la fidélité de son entourage, a du mal à comprendre son attirance. Les deux hommes d’abord déstabilisés, évoluent en se découvrant mutuellement. Les jumeaux apportent une petite note humoristique rafraîchissante dans cet univers très sombre. L’auteure interroge ainsi sur la « normalité » en jouant sur la dualité entre le bien et le mal. Elle aborde également le manque d’amour, la dépendance affective, le besoin d’être utile. Par ailleurs, elle construit une relation plutôt consensuelle dans ce monde violent.

La mangaka a un trait léché légèrement anguleux. Elle le simplifie dans les rares passages humoristiques. Elle donne un peu de relief grâce à des contours de différentes épaisseurs. D’ailleurs, son style graphique se reconnaît immédiatement avec ses yeux effilés caractéristiques et pourtant tellement expressifs. Les trames sont équilibrées tandis que les trames d’ambiance se font discrètes. De même, les décors situent principalement l’action. Les flash-back se repèrent à leur fond noir. La mise en page très dynamique rythme la lecture. Dans les scènes érotiques, Sachimo sensei censure les parties intimes par un cache blanc ou une forme tramée. Elle détaille pourtant certaines actions par transparence avec des coupes intérieures. Dans les illustrations en double page au début des chapitres, elle dessine le couple avec un indice sur le récit. Par ailleurs, la représentation esthétique de la violence conserve ainsi un impact sans pour autant choquer.

En résumé

Maltraité puis vendu par ses parents, Léonard est devenu un esclave sexuel jusqu’à ce qu’un jour, on l’abandonne roué de coups dans une rue enneigé. Soigné par le boss de l’organisation « Last home », qui accueille les laissés-pour-compte, il découvre le bonheur de manger trois fois par jour et de dormir sous un toit. Pour ne pas perdre ce nouveau confort, il cherche désespérément à se rendre utile et finit alors par offrir ses services aux jumeaux Rikuo et Kaito. Mais le boss interrompt ses deux sous-fifres et accepte de coucher avec Léo. Toutefois, il ne comprend pas pourquoi ce jeune homme qui refuse son argent l’intéresse autant.

En conclusion

Sachimo sensei maîtrise parfaitement le développement de son scénario, décryptant avec finesse la sensibilité vacillante de ses personnages. Ainsi, elle donne envie au lecteur de soutenir le couple. En plus, son graphisme magnifique devient très sensuel dans les passages érotiques. J’adore ce récit qui questionne indirectement sur le bonheur et l’amour. Je suis touchée par ce couple émouvant et par la pureté de leur histoire d’amour. Par ailleurs, j’adore les couples reversible. Un récit à ne pas mettre entre toutes les mains mais qui plaira aux amateurs d’amour pur dans un univers sombre. Pour moi, un énorme coup de cœur!

Les trésors de Takara – Suzumaru Minta

les tresors de takara suzumaru minta

SUZUMARU Minta 鈴丸みんた
ISBN: 9782375064313
Taifu comics, 2024
ISBN:‎ 9784403668241 (JP)
Shinshokan, 2022 (JP)
Titre original: タカラのびいどろ
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: absolument

« Ça veut dire que je peux essayer de faire en sorte que tu m’aimes à 100%? »

Suzumaru Minta sensei narre une belle romance entre deux étudiants qui se découvrent petit à petit en se fréquentant. Elle révèle au fur et à mesure leur passé. Ainsi, elle alterne la narration entre ses deux héros. Bien que Takara se montre froid au premier abord, il déborde de gentillesse. Il guide son nouvel ami à réfléchir précisément sur ses sentiments. Le naïf Taishin parle franchement et attire facilement la sympathie des autres. Malheureusement, avec ses grands yeux brillants qui lui donnent un petit air enfantin, il provoque également des malentendus. D’ailleurs, l’auteure joue sur les comparaisons avec le bonheur que procurent les billes. Elle s’intéresse au jugement sur l’apparence et aux rumeurs. Par ailleurs, elle construit une relation consensuelle, qui se développe grâce à la communication et aux partages des décisions. Le thème de la randonnée permet également d’aborder quelques plaisirs simples.

La mangaka a un trait légèrement épuré. Elle le simplifie à l’extrême dans les passages humoristiques, ce qui donne un aspect tout mignon aux personnages. Les trames sont très variées avec des ombres fortes bien marquées. Par contre, les trames d’ambiance, discrètes, soulignent principalement les passages comiques. Par ailleurs, les décors détaillés apportent une touche réaliste. Les flash-back se repèrent immédiatement à leur fond noir. La mise en page dynamique rythme la lecture. Bien que Suzumaru sensei ne censure pas les scènes érotiques, elle ne détaille pas les parties intimes en n’en dessinant que le contour. Elle joue également avec les angles de vue pour ne pas tout montrer. Par ailleurs, elle montre des moments tendres du couple dans les illustrations en début de chapitres comme dans celle en couleur en début de tome. Sous la jaquette, se trouvent des ébauches des personnages.

En résumé

Nakano Taishin a quitté sa province natale pour l’université de Tokyo, avec la ferme intention de retrouver l’étudiant de passage dans sa région qui l’avait gentiment consolé un an auparavant. Mais Shiga Takara se montre froid avec lui. Pourtant, les nouveaux amis de Tai l’encouragent à participer à la randonnée du club auquel appartient Takara. Ce dernier, conscient que sa beauté attire beaucoup de filles peu intéressées par ce sport, lui promet alors de l’écouter seulement une fois arrivé au sommet. Mais pourquoi Nakano tient-il tant à sympathiser avec lui, un simple touriste de passage?

En conclusion

Ce one-shot se classe à la troisième place du meilleur manga au Chill chill BL award 2023. Malgré un scénario au premier abord classique, Suzumaru Minta sensei introduit suffisamment de matière pour rendre le récit passionnant. D’ailleurs, elle maîtrise parfaitement l’enchaînement des évènements et le développement de la relation. Son magnifique graphisme met en valeur la beauté froide de Takara et la bouille trop mignonne de Taishin. J’ai adoré cette douce romance consensuelle qui se dévore d’une traite. Si vous appréciez la mangaka, foncez sans hésitation!

Touching your night – Mori Moyori

touching your night mori moyori

MORI Moyori もりもより
ISBN: 9782375064269
Taifu comics, 2024
ISBN:‎ 9784910526263 (JP)
Shucream, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: absolument

« Tu ne me verras plus jamais de la même façon en découvrant mon véritable moi. »

Mori Moyori sensei propose une tranche de vie mêlant drame, secret, tension et douceur. Elle infuse avec finesse les émotions contradictoires de ses personnages, alternant la narration entre eux. Elle maintient également le suspense sur le devenir de leur relation, détaillant au fur et à mesure leur passé et leur état d’esprit. Malgré une vie bien différente et des circonstances totalement opposées, Chinatsu et Kasumi se découvrent des points communs comme le sentiment de solitude, de culpabilité ainsi que le poids de la pression familiale. Ils s’interrogent sur leur attirance réciproque. Vivant tous deux dans un monde de ténèbres, ils partagent alors leurs ressentis. Ainsi, l’auteure joue sur le contraste entre l’innocence et la corruption d’une âme. Elle aborde la difficulté à se libérer de ses peurs, à trouver le courage. Satoshi, le petit frère de Kasumi, apporte également une autre vision de cet « emprisonnement » à cause de l’éducation.

La mangaka confère de la douceur à son graphisme par un trait légèrement épuré au contour épais, des visages plutôt ronds avec de grands yeux aux cils très épais. Elle renforce par ailleurs le côté sinistre de Chinatsu avec des cernes très marquées. Les trames équilibrées privilégient les contrastes noir et blanc. Pourtant, des hachures viennent en plus appuyer les ombres ou les rougissements. Les trames d’ambiance appuient les émotions. Par contre, les décors s’estompent en arrière-plan. Les flash-back se repèrent à leur fond noir, avec des vignettes parfois recouvertes d’une trame grise. La mise en page dynamique joue sur les ellipses et les sorties de cadre. Mori sensei s’attarde sur les détails en décomposant les mouvements pour transmettre les émotions cachées. Toutefois, elle censure les scènes érotiques en ne montrant pas les parties intimes grâce à un choix judicieux des cadrages.

En résumé

Le tueur à gages Sakaki Chinatsu est hanté par l’échec de sa première mission dans laquelle son frère Fuyuki a perdu la vie à cause de ses hésitations. Surpris par un jeune garçon mal voyant, ce dernier l’avait alors réconforté. Cinq ans plus tard, il recroise par hasard ce jeune homme, victime d’un voleur à la tire. Après avoir récupéré le sac volé, Chinatsu décide d’aider Mienishi Kasumi, dont la canne est cassée. Bien que conscient qu’il devrait pourtant garder ses distances, il n’arrive pas à couper cette amitié naissante entre eux…

En conclusion

Ce one-shot se classe quatrième meilleur venu au Chill chill BL award 2023. Pour son premier manga, Mori Moyori sensei maîtrise plutôt bien le déroulement de son récit, se concentrant sur l’évolution de la relation et les émotions. Malgré certains évènements facilement prévisibles, elle arrive à maintenir le suspense sur l’avenir de la relation jusqu’à la fin. Elle a par ailleurs un graphisme très expressif. Je fonds complètement pour cette romance emplie de tendresse. Une belle histoire touchante qui peut plaire à un large public.