Hotaru mourra demain – Saikawa Fuyu

hotaru mourra demain saikawa fuyu
SAIKAWA Fuyu 斉川冬
ISBN: 9782382761052
Hana, 2022
ISBN: 9784813032243 (JP)
Taiyohtosho, 2019 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

« C’est parce qu’il ressemblait à Hotaru que je suis tombé amoureux de lui. »

Saikawa Fuyu sensei propose une romance lycéenne abordant l’amour pour un personnage de fiction. Elle base la narration principalement du point de vue d’Asada. Elle commence par un synopsis au premier abord simple, baladant le lecteur avant de le surprendre complètement sur la fin. Bien que conscient de son amour perturbant son jugement, Asada ne peut s’empêcher de s’attacher à toutes les ressemblances de Nimiya avec Hotaru, aussi bien le physique, le caractère, les goûts que des évènements se développant comme dans le roman. Il accepte petit à petit les dissemblances qui apparaissent, ses sentiments évoluant. L’auteure joue beaucoup sur les petits secrets de chacun des protagonistes. Par ailleurs, elle montre comment un amour se transforme avec la jalousie et la possessivité. En fin de tome, elle offre une histoire bonus révélant quelques secrets de l’ami de Nimiya, Ohno Yuuta.

La mangaka a un trait épuré. Elle utilise un graphisme très actuel mais qui se distingue peu. Elle met en avant la sensualité de ses personnages. D’ailleurs, certains passages deviennent très poétiques, utilisant des analogies et rappelant l’univers romantique. Par exemple, la mort d’une cigale accompagne symboliquement celle de Hotaru. Par contre, les décors très présents apportent une touche réaliste. Les trames sont équilibrées et les flash-back se repèrent à leur fond noir. La mise en page dynamique rythme la lecture. Saikawa sensei ne censure pas vraiment les scènes érotiques. Toutefois, elle utilise des angles de vue pour cacher les parties intimes.

En résumé

Saneatsu Asada est tombé amoureux de Hotaru, l’héroïne d’un roman. Cette lycéenne fictive a les cheveux roses, des piercings rouges, un grain de beauté au coin de la bouche et des yeux de chat. Il a beau savoir que cet amour est vain, il craque pour les filles ressemblant à ce fantasme, même s’il se fait rapidement plaquer. A la bibliothèque, Asada s’endort à force de réfléchir à cette attirance irrationnelle. Quand Nimiya le réveille, il est frappé par sa ressemblance parfaite avec son idéal. Subjugué, il l’embrasse alors puis, réalisant son geste, s’empresse de s’excuser. Pourtant, le lycéen accepte de devenir son petit ami. Asada ne contient plus sa passion en découvrant au fur et à mesure tous les points communs que possède Nimiya avec Hotaru. Un jour de pluie, il invite son petit ami chez lui et ils finissent par coucher ensemble, comme dans le récit du roman.

En conclusion

Ce one-shot obtient la quinzième place du meilleur nouveau venu au Chill chill BL award 2020. Le graphisme de Saikawa sensei évolue encore durant ce tome, perturbant un peu la reconnaissance des personnages. Toutefois, elle maîtrise plutôt bien son scénario avec une grande révélation peu avant la fin qui sublime ce récit au premier abord classique. Je me suis d’ailleurs complètement laissée happer par l’histoire.

Happy of the end – Ogeretsu Tanaka

happy of the end ogeretsu tanaka
OGERETSU Tanaka おげれつたなか
ISBN: 9782382761038
Hana, 2022
ISBN: 9784801973404 (JP)
Takeshobo, 2021 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: absolument

« Félicitations, t’es toujours en vie! »

Ogeretsu Tanaka sensei narre une romance dramatique entre deux hommes désespérés. Elle révèle leur passé douloureux par de courts flash-back, conservant à chaque fois un peu de suspense. Ainsi, elle aborde différents thèmes comme l’homophobie, le rejet familial, le manque d’affection et la pédophilie. Suite à plusieurs rejets affectifs, Chihiro vivote en se vengeant du monde, cherchant désespérément un peu d’amour. Keito, quant à lui, se contente du peu de bonheur qu’on lui offre, même factice. Les deux hommes vont développer leurs sentiments durant leur cohabitation, reprenant petit à petit goût à la vie. Ainsi, l’auteure s’attarde principalement sur la psychologie de ses personnages et décortique leurs émotions. Elle dépeint un amour désespéré, bancal mais qui s’équilibre petit à petit. Elle s’intéresse également à l’influence des mots et des comportements humains.

La mangaka a un trait légèrement épuré mais léché. Elle détaille les petits gestes, regards mais également les signes de négligence comme la barbe naissante, les tenues débraillées. Elle exagère les expressions dans les passages humoristiques. Il y a beaucoup de trames, renforçant le réalisme. De même, les décors sont plutôt présents et détaillés. Toutefois, quelques trames d’ambiance accompagnent les émotions. Et les fonds noirs indiquent les flash-back. Le découpage et la mise en page sont très dynamiques. Ogeretsu sensei suggère les scènes violentes en ne les détaillant pas. Par contre, elle ne censure pas les scènes érotiques. Sous la jaquette, elle présente ses personnages.

En résumé

Rejeté par sa famille, Kashiwagi Chihiro (23 ans) a perdu son logement quand son petit ami, Maeda Shun’ichi, s’est marié. Affamé et fauché, il ose même voler le sandwich d’un enfant dans un parc. Il se rend alors dans un bar en pensant escroquer un homme riche et sympathise rapidement avec le beau Keito. Mais à l’hôtel, sa cible l’agresse subitement puis le jette aux ordures. Toutefois, son agresseur le récupère plus tard car il recherche une carte noire que Chihiro aurait dérobée à une de ses victimes. Avec l’aide du chauffeur Kaji, il le ramène chez lui. Kashiwagi ayant jeté la carte, il le renvoie chez lui mais ce dernier lui avoue ne plus avoir de domicile.

En conclusion

Ogeretsu sensei nous plonge dans la noirceur humaine et la recherche du bonheur. Elle arrive à transmettre le désespoir des différents personnages et invite le lecteur à réfléchir sur la dureté de la vie, la déchéance qu’elle entraîne parfois ainsi que le droit à un peu de bonheur. Ce one-shot procure énormément d’émotions à la lecture et ne laisse donc pas indifférent. Mise à jour: Ce tome obtient la première place du meilleur manga profond au Chill chill BL award 2022.

Ne pleure plus, Hibari – Minazuki Akira

ne pleure plus hibari
MINAZUKI Akira ミナヅキアキラ
ISBN: 9782382762950
Hana, 2022
ISBN: 9784813032588 (JP)
Taiyohtosho, 2020 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: un peu

Une romance délicate entre un tuteur et un pupille.

Minazuki Akira sensei propose une romance entre un orphelin mineur et son tuteur tout en décortiquant les questions morales que cela implique. Elle aborde également le deuil, la culpabilité, le sentiment de responsabilité. La narration qui commence d’abord avec Kiyosumi, alterne ensuite avec Hibari pour enfin converger. Les deux protagonistes, conscient de leur situation particulière, refoulent d’abord leurs sentiments amoureux, cherchant à tout prix à préserver une ambiance familiale. Ainsi, l’auteure partage toutes leurs réflexions, en particulier la difficulté à distinguer amour familial et sentiment amoureux. De même, elle met en avant l’influence de l’autorité parentale sur un mineur. D’ailleurs, Sumi souhaite que Hiba arrive à s’en libérer. La relation entre le photographe et l’adolescent s’équilibre donc après quelques épreuves.

La mangaka a un trait épuré, légèrement anguleux, avec un style shôjo qui dégage beaucoup de douceur. Les trames sont abondantes et variées. De même, les trames d’ambiance se font discrètes, se fondant dans la case. En plus, les décors, soignés, ajoute une touche réaliste par leur présence. Les fonds noirs permettent de repérer immédiatement les flash-back. La mise en page dynamique joue beaucoup sur les ellipses et les détails. D’ailleurs, Minazuki sensei a tendance à décomposer les mouvements. Elle censure à peine les scènes érotiques. Toutefois, les angles de vue choisis évitent de montrer les détails des parties intimes. Les illustrations en début de chapitre jouent beaucoup sur les contrastes blanc et noir.

En résumé

Se sentant responsable du décès de son ami et assistant Misago dans un accident de moto, le photographe Kiyosumi recueille son petit frère Hibari. Mais le jeune orphelin devenu adolescent, garde une certaine réserve envers son tuteur. Un soir, il trouve Sumi endormi sur le canapé et en profite pour lui voler un baiser. Conscient des sentiments que Hiba nourrit à son égard, le photographe feint de les ignorer, voulant avant tout lui offrir une famille.

En conclusion

Enfin une romance entre un tuteur et un pupille qui aborde les questions de l’influence de l’autorité parentale! Le trait de l’auteure depuis Smoky nectar a embelli pour mon plus grand plaisir. L’évolution des personnages peut paraître un peu précipitée mais beaucoup de temps s’écoule en réalité, même si cela est peu perceptible. Une lecture plaisante!

Tout au bout du chemin – Jyanome

tout au bout du chemin jyanome
Jyanome じゃのめ
ISBN: 9782382762851
Hana, 2022
ISBN: 9784863498587 (JP)
Akaneshinsha, 2021 (JP)
Titre original: みちみちなるままに
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

Deux amis d’enfance, entre amour et haine.

Jyanome sensei mêle à la fois romance et drame psychologique où la séparation entre amour et haine se dilue. Elle met en scène une relation bancale polluée par le manque de communication et les comportements blessants. Par ailleurs, elle maintient le suspense en révélant, par flash-back, les circonstances de la séparation entre Minoru et Jô. Ainsi, le lecteur découvre les parties sombres des personnalités des deux héros. Les deux hommes n’arrivent pas à exprimer leurs sentiments: Takeda est trop centré sur lui-même et sa passion tandis qu’Osanai fuit constamment son mal-être. L’auteure alterne avec brio les émotions extrêmes telles que la rancœur, la jalousie, l’admiration. Elle met en avant des héros qui ont du mal à avancer dans la vie, prisonnier de leurs rêves et d’une promesse faite à leur professeur, Togashi. Ainsi, elle aborde la trahison, la peur du jugement extérieur, la difficulté à assumer son homosexualité.

La mangaka a un trait reconnaissable, fin et anguleux. Elle détaille les décors. Elle joue également sur l’esthétique des planches, utilisant diverses techniques pour les rendre expressives. Par exemple, dans les souvenirs flous, un visage est raturé avec un nom. De même, les pensées violentes envahissent les cases. D’ailleurs, le fond noir indique en général les réflexions intérieures. Ainsi, les flash-back se retrouvent directement intégrés au récit mais des indices graphiques permettent de les repérer (uniforme, taille, effet de flou) Les trames d’ambiance participent également à la narration. En effet, Jyanome sensei privilégie les clairs-obscurs et les angles de vue pour dynamiser ses pages. Par contre, elle ne censure pas les scènes érotiques. Par ailleurs, elle dessine des illustrations poétiques en début de chapitre, rappelant les thèmes artistiques.

En résumé

Takeda Jô est amoureux de son ami Osanai Minoru. Comme il ne sait comment lui avouer ses sentiments, il lit beaucoup de shôjo mangas pour se renseigner mais en fin de compte, il finit par oublier son objectif. Désirant devenir mangaka, il se laisse happer par l’inspiration et finit par envoyer une de ses créations à un concours de magazine. Minoru, quant à lui, s’adonne à la peinture, rêvant de devenir peintre professionnel, mais souffre de plus en plus pendant ses réalisations. Prenant un jour son courage à deux mains, Jô lui demande alors de sortir avec lui, désirant le soutenir dans ces moments difficiles. Mais leur histoire se termine par une trahison…

En conclusion

Comme à son habitude, Jyanome sensei offre un style narratif original qui happe le lecteur dans le récit. Elle arrive à nous faire changer de point de vue sur les protagonistes en dévoilant leurs petits secrets. En plus, le graphisme est toujours aussi agréable avec de beaux déhanchés et des angles de vue mettant en avant la sensualité des personnages. Attention toutefois pour les personnes sensibles, certains rapports ne sont pas pleinement consentis. Un coup de cœur pour moi!

10 ans de nos vies – hitomi

10 ans de nos vies hitomi
hitomi
ISBN: 9782382762868
Hana, 2022
ISBN: 9784801968653 (JP)
Takeshobo, 2020 (JP)
Titre original: 1人と一人の3650にち
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

Des amours douloureux non assumés.

hitomi sensei propose de suivre une romance dramatique entre deux amis d’enfance. Elle alterne la narration entre les deux protagonistes, mettant en évidence leur vision très différente de leur relation. Elle s’intéresse particulièrement à la difficulté d’assumer son homosexualité, à la peur du jugement extérieur ainsi qu’à la gestion des regrets. A cause de son sentiment de culpabilité, Katsumi s’inflige une punition en fréquentant des hommes violents. Maki essaie alors de sauver son ami dans sa démarche destructrice et dangereuse. Ils développent une relation bancale, sans partage de sentiments malgré un amour réciproque. Ainsi, l’auteure met en exergue la souffrance que peut ressentir un homme qui a du mal à accepter son orientation sexuelle. Elle reprend d’ailleurs ce thème dans une autre histoire, en fin de tome, avec une note plus tendre.

La mangaka a un trait léché. Elle dessine des corps finement musclés mais tout de même virils. Elle varie les morphologies, donnant une touche réaliste. Les décors, détaillés, sont très présents. De même, les trames sont variées et abondantes. En revanche, les trames d’ambiance, discrètes, accompagnent les émotions. La mise en page est très dynamique. Bien que le graphisme évolue un peu, hitomi sensei ayant dessiné son récit sur le long terme, on ressent déjà une maîtrise dans l’agencement des cases et les détails. Même si les scènes érotiques ne sont pas censurées, elle privilégie les sensations des personnages.

En résumé

10 ans de nos vies: Après la remise des diplômes, Maki Shûichirô déclare ses sentiments à son meilleur ami Hayase Katsumi. Mais ce dernier le rejette avec des mots très durs. Dix ans plus tard, ils se croisent par hasard dans une libraire, alors que Hayase venait commander un livre. Quand Maki l’appelle pour l’avertir de l’arrivée de sa commande, un autre homme décroche au téléphone. Par la suite, le libraire est encore plus surpris de découvrir que son ancien camarade fréquente un bar gay. Son ami Yama lui annonce même que ce dernier rencontre souvent des hommes peu recommandables. Inquiet, Maki décide donc de le suivre…
Nouveaux horizons / Nouveaux horizons: que sont-ils devenus?: Nojima Daiya, un pur citadin, s’installe à la campagne. Il sympathise rapidement avec son voisin Odagawa Yûsuke qui a à peu près le même âge. Ce dernier s’est installé également trois ans auparavant et lui enseigne comment vivre à la campagne.

En conclusion

Ce tome obtient la septième place du meilleur nouveau venu au Chill chill BL award 2021. Attention certaines scènes pourront choquer la sensibilité des lecteurs, avec une scène de viol et des rapports non consentis. Mais l’auteure les présente comme tel, montrant la souffrance du protagoniste, sans pour autant tomber dans l’exhibitionnisme. D’ailleurs, elle privilégie toujours les sensations et émotions de ses personnages. Avec un graphisme magnifique et un scénario bien construit, ce récit poignant me procure beaucoup d’émotions. La petite touche positive est bienvenue à la fin.

Nights before night – Natsume Kazki

nights before night natsume kazki
NATSUME Kazki ナツメカズキ
ISBN: 9782368776605
Boy’s love IDP, 2019
ISBN: 9784864423373 (JP)
Tokyo mangasha, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: absolument

Hanté par les fantômes du passé, Haru arrivera-t-il à trouver enfin le bonheur?

Natsume Kazki sensei développe l’histoire de Haru dans ce spin-off de Mods. Elle révèle au fur et à mesure son passé, ainsi que celui de Yukitaka, à travers des flash-back très bien insérés. Elle s’attarde un peu plus sur les sentiments et la psychologie de ses personnages. Yukitaka se comporte comme un gamin capricieux mais Haru ne le ménage pas. A force de se côtoyer, ils vont apprendre à s’apprécier. Les quelques apparitions de Shiro permettent de découvrir ce qu’il devient. L’ami d’enfance de Haru, Aki (33 ans), apporte un peu de « normalité » dans cet univers sombre. En effet, l’auteure aborde les liens entre les personnages, les guerres des clans, le chantage subi par les membres souhaitant quitter la pègre. Elle s’intéresse également à l’insomnie et au sentiment de culpabilité. Elle donne deux images différentes de Shigure: froide du point de vue des Ichijô, gentille pour Haru et Shiro.

La mangaka a un trait fin, épuré, anguleux presque parfois aiguisé. Elle dessine des nez longs et pointus. Elle simplifie son trait dans les passages humoristiques. D’ailleurs, Yukitaka affiche une tête très amusante dans ces moments. Il y a également beaucoup de personnes tatouées, et cela sublime même les muscles de Yuki. Les trames sont équilibrées. Les décors, présents, ancrent le récit dans la réalité. La mise en page est dynamique. Natsume sensei ne censure pas les scènes érotiques mais se focalise surtout sur l’intensité des sentiments et des sensations de ses personnages. Sous la jaquette, elle présente en détail les personnages.

En résumé

L’ancien yakuza Haru (33 ans) gère le club de gigolos Rain. Un jour, il trouve la porte de son bureau fracturée. A l’intérieur, Ichijô Yukitaka (26 ans) et son homme de main Tsukimori l’attendent. Sur les recommandations du chef du clan Yagami, Tsukimori lui demande de cacher le fils légitime du clan Ichijô car ce dernier a créé des problèmes en se bagarrant avec des jeunes membres de l’organisation Shidô. Guère enchanté, Haru comprend qu’on ne lui laisse pas le choix alors qu’il espérait arrêter son club et quitter définitivement ce milieu. En plus, le vaurien colérique, arrogant et égoïste ressemble beaucoup physiquement à son demi-frère ainé. Or, Haru était amoureux d’Ichijô Shigure mais depuis son décès, il est devenu insomniaque. La cohabitation forcée avec le jeune bagarreur au corps musclé recouvert de cicatrices s’annonce donc difficile.

En conclusion

Ce one-shot obtient la quatrième place du meilleur manga au Chill chill BL award 2019. Ichijô Yukitaka se classe neuvième meilleur seme et Haru troisième meilleur uke. Pour son troisième tome relié, l’auteure prend tout son temps pour développer un récit plutôt réaliste, offrant un tome volumineux mais complet. Elle donne suffisamment d’indices pour appréhender la psychologie des personnages. Comparé à Mods, Haru et Shigure prennent beaucoup de profondeur et deviennent très attachants. Natsume sensei joue encore sur les métaphores. En japonais, le prénom de Haru (春) s’écrit avec le kanji de printemps, d’où l’image poétique quand il dort sous les fleurs de cerisiers appréciée par Shigure. De même, le prénom de Yukitaka (雪鷹) s’écrit avec les idéogrammes de neige et de faucon, et son tatouage représente justement un faucon.

Mods – Natsume Kazki

mods natsume kazki
NATSUME Kazki ナツメカズキ
ISBN: 9782368775707
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784864422642 (JP)
Tokyo mangasha, 2016 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: absolument

L’amour peut être douloureux quand il s’accompagne d’espoir.

Natsume Kazki sensei développe une romance dans un univers très sombre. Elle distille des éléments du passé dans des flash-back plus long, équilibrant avec finesse les sauts dans le temps. Elle dépeint le côté funeste de la prostitution tenue par les yakuzas profitant des victimes d’incestes ou de pédophilie. Suite aux traumatismes subis depuis l’enfance, Shiro a peur d’aimer et même d’espérer s’en sortir. Nobutora s’interroge d’abord sur son attirance pour le prostitué alors qu’il est hétérosexuel, puis cherche à comprendre son comportement extrême. L’auteure s’attarde particulièrement sur les changements de ses héros, la douleur qui se développe en parallèle des sentiments. Elle apporte un peu de chaleur humaine avec le fantasque Shigure. Elle joue sur les contrastes et les métaphores, apportant une touche particulière à son récit.

La mangaka donne une touche brute à son trait épuré et anguleux. Elle esquisse ou simplifie les décors pourtant bien présents. Tora est finement musclé. Le jeu des trames installe des contrastes. D’ailleurs, les lumières et les éléments climatiques renforcent aussi les ambiances. Par exemple, la pluie apporte une touche poétique dramatique. L’agencement des cases, des vides et des angles de vue rend dynamique la mise en page. Natsume sensei censure à peine les scènes érotiques. Elle estompe quelques détails des parties intimes et dessine même des coupes intérieures. Sous la jaquette, elle présente les personnages avec sa postface.

En résumé

Afin d’éponger la dette contractée par sa sœur qui s’est fait arnaquer, Nakata Nobutora (23 ans) accepte de travailler comme chauffeur pour Rain, un établissement de prostitution masculine. Mais contrairement à l’annonce, il se retrouve à s’occuper également de Shiro (25 ans). En plus, Haru (32 ans), le patron ancien yakuza, n’hésite pas à modifier ses consignes. Alors que Tora n’a pas encore commencé à travailler, Shiro lui fait déjà des avances, bradant même ses tarifs pour l’amadouer. Le chauffeur n’est d’ailleurs pas au bout de ses peines car le prostitué n’ayant aucune limite, se retrouve souvent agressé par ses clients. D’ailleurs un soir, alors que le délai de la prestation était passé, Nakata trouve Shiro blessé dans la chambre. Pendant qu’il le soigne et l’interroge, une réponse du prostitué à une de ses questions retient toute son attention.

En conclusion

Ce one-shot obtient la sixième place du meilleur manga au Chill chill BL award 2017. Tanaka Nobutora est classé quinzième meilleur seme et Shiro neuvième meilleur uke. Pour son deuxième manga, l’auteure offre une narration jouant sur les contrastes. Par exemple, Shiro (homonyme de blanc en japonais) porte des couleurs claires mais a une personnalité aussi sombre que son enfance. Au contraire, Nobutora, habillé de couleurs sombres et aux cheveux noirs, semble immaculé par sa gentillesse. Ensuite, avec la chanson présente en introduction et en conclusion Memory of dear sky, Natsume sensei ajoute une touche poétique. Elle met encore en avant un homonyme de ciel en japonais avec le vrai prénom de Shiro. Attention, certaines scènes pourront choquer les âmes sensibles. Je suis complètement conquise par ce récit sombre mais qui apporte un petit peu d’espoir.

The dog and waning moon 3 – Unohana

the dog and waning moon 3 unohana
Unohana ウノハナ
ISBN: 9782382760499
Hana, 2021
ISBN: 9784864423823 (JP)
Tokyo mangasha, 2020 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

« Je suis le genre de personne à s’intéresser aux autres quand ils sont en couple. »

Unohana sensei conclut sa romance sportive sur la boxe. Suite au tome précédent, elle développe la rivalité entre Yanai et Kazuya et confronte leurs deux méthodes d’entrainement. En effet, l’ancien champion ne jure que par la puissance d’un club tandis que son rival préfère le choix du cœur en accompagnant son poulain. Alors que les deux entraineurs considèrent encore Kurogo comme un enfant, le jeune boxeur s’affirme peu à peu. En plus, le comportement et les sous-entendus de Kôji créent des tensions au sein du couple. Ainsi, l’auteure aborde les différentes formes de jalousie et les états d’âme des anciens sportifs comme le regret de certains choix qui se transforme en amertume, le report sur un nouveau prometteur de sa frustration. Par ailleurs, ce tome débute par une histoire bonus révélant les sentiments naissants de Gaku à 16 ans, peu après son arrivée au club.

Le trait épuré et anguleux de la mangaka conserve une petite touche croquée. Les décors détaillés, plutôt réalistes, situent principalement l’action. Par ailleurs, les trames sont équilibrées et variées. La mise en page dynamique permet de plonger le lecteur dans les combats. Unohana sensei ne censure pas les scènes érotiques. Elle donne des anecdotes amusantes en fin de chapitre avec un croquis.

En résumé

Kurogo Gaku a suivi Yanai Kôji en Thaïlande pour s’entrainer pendant deux semaines. Comme l’ancien champion souhaite le préparer aux combats internationaux, le jeune boxeur enchaine les combats dans un club de boxe. Il sympathise même avec certains membres qui aiment faire la fête après les entrainements. Mais remarquant sa fatigue, Yanai l’aide à refuser poliment une nouvelle invitation. Arrivés à l’hôtel, il lui propose un massage pour faire dégonfler son mollet. Mais en voyant des suçons au niveau de la cuisse intérieure du boxeur, il devine alors que ce dernier entretient une relation amoureuse avec Shôji Kazuya. Il n’hésite pas à le provoquer en feignant de vouloir le toucher plus intimement…

En conclusion

Quel plaisir de voir nos deux héros enfin jouer d’égal à égal dans leur relation. Malheureusement, Yanai se passe également de consentement. Mais j’apprécie cette romance adulte où la carrière sportive prime.

Comme un adieu 3 – Shimura Takako

comme un adieu 3 shimura takako
SHIMURA Takako 志村貴子
ISBN: 9782382120729
Akata, 2021
ISBN: 9784799747957 (JP)
Libre, 2020 (JP)
Titre original: さよなら、おとこのこ3
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: beaucoup

« Je veux qu’il sache tout de mon histoire empreinte d’égoïsme… »

Shimura Takako sensei invite les lecteurs à suivre l’introspection de ses héros qui remettent tout à plat. Elle dévoile encore des brides de leur passé. Par ailleurs, elle dilue les réponses aux questions soulevées dans le tome précédent, au fil des chapitres. Malgré une petite touche fantastique, le récit semble très ancré dans la réalité. Le mystère de la transformation résolu, Kanade et Yuhki réfléchissent à leur relation, à leurs sentiments et surmontent petit à petit tout ce qui les freinait. Tout en les accompagnant, l’auteure aborde l’acceptation de soi et de sa sexualité, la prostitution adolescente, le coming out et la fuite de la réalité. Elle met également en avant l’influence bienveillante de confidents ou de soutiens. De même, elle s’intéresse à la nécessité d’équilibrer une relation, surtout quand elle repose sur un lien déjà bancal. Ainsi, Haijima et Kuwata se remettent en question, discutent et reconstruisent leur personnalité.

Le trait épuré et léché de la mangaka apporte beaucoup de douceur. Elle le simplifie dans les passages humoristiques. Toutefois, la différence subtile entre les deux héros se faisant grâce à la forme des yeux, cela porte parfois à confusion. Les trames sont très variées. De même, le choix des trames d’ambiance joue beaucoup sur l’intensité des émotions à transmettre. Les décors apparaissent sur les plans larges. Les flash-back se repèrent immédiatement par leur fond noir. La dynamique de la mise en page rythme la lecture. D’ailleurs, Shimura sensei glisse des détails permettant d’anticiper certaines actions. Dans les scènes érotiques, elle ne montre pas les parties intimes. En plus, elles sont très sommaires, développées en peu de cases. Le vernis qui donne du relief à la fenêtre sur la couverture sublime l’illustration.

En résumé

Haijima Kanade a enfin retrouvé sa taille adulte. Il a réintégré la troupe de théâtre de Kawasaki Suzume en tant qu’apprenti. Recommençant à zéro, il travaille donc avec Kuwata Yûta, le petit frère de son petit ami. Yuhki, de son côté, a deviné qui était l’homme mystérieux que seuls Kanade et lui pouvaient voir. Grâce à Suzume, Haijima Joe prend discrètement des nouvelles de son fils…

En conclusion

La révélation de l’identité de l’homme mystérieux fait tomber à l’eau toutes mes suppositions. Mais quelle surprise et quel retournement de situation! Un récit instructif et intéressant. Certains passages pourront choquer la sensibilité de certains lecteurs. Par ailleurs je conseille de lire cette série à tête reposée, au calme pour pleinement l’apprécier.

A tes côtés… 2 – Yukue Moegi

a tes cotes 2 yukue moegi
YUKUE Moegi ゆくえ萌葱
ISBN: 9782382760581
Hana, 2021
ISBN:‎ 9784796413992 (JP)
Kaiohsha, 2020 (JP)
Titre original: 白刃と黒牡丹2
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

Est-ce de la pitié ou de l’amour?

Yukue Moegi sensei s’intéresse aux sentiments de Kuroi. Elle dévoile également l’origine de sa cicatrice, introduisant le futur lieutenant du clan Benio, Akabane Tokiya. Ce dernier vient perturber l’équilibre fraichement atteint du couple. En effet, ce chien fou aime relever les défis et répond aux provocations. Pour lui, l’amour devient surtout un simple jeu. Par ailleurs, Handa continue à apporter une touche humoristique. L’auteure s’intéresse à la différence entre simple voyou et yakuza. Elle montre aussi l’écart qui existe entre les jeunes recrues et les anciens, ainsi que la formation qui se fait par transmission. Par exemple, Akabane s’intéresse aux nouvelles technologies pour développer son business mais a du mal à trouver des soutiens dans le clan. La gentillesse de Kuroi entraîne des doutes, Shirakaba ayant clairement conscience que son amour obsessionnel l’a fait céder. Pourtant, le yakuza admet enfin ses sentiments et prend donc des initiatives.

La mangaka a un trait épuré et anguleux. Elle dédouble parfois les contours, donnant un peu de volume. Malgré un trait déjà sommaire, elle le simplifie encore plus dans les passages humoristiques, exagérant les expressions. Les corps musclés siéent parfaitement aux tatouages. Par ailleurs, le travail particulier des yeux, avec un point pour les pupilles, reste tout de même très expressif. Les décors s’estompent dès que les cadrages se resserrent, jusqu’à être réduits à l’essentiel. Les trames, équilibrées, ont une dominante claire. La mise en page dynamique joue beaucoup sur les angles de vue variés. Dans les scènes érotiques, Yukue sensei censure à peine les parties intimes en les détaillant peu et en usant de traits discontinus. Elle n’hésite pas à représenter Akabane en wanko. Comme dans le tome précédent, il y a un jeu pour retrouver Busamen. Les réponses se trouvent sous la jaquette, accompagnées de la postface.

En résumé

Kuroi Kengô réveille Shirakaba Tôma qui faisait un cauchemar. Sous la douche, l’avocat déborde de joie car ses sentiments sont enfin réciproques. Mais sa joie disparaît immédiatement pour laisser place à la peur de devenir trop étouffant. Même s’il manque d’endurance, il craque tellement pour le yakuza qu’il se relance dans une partie de jambes en l’air avec son amant. Toutefois, Kuroi essaie de connaître ce qui a perturbé son ami dans le cauchemar…

En conclusion

Je fond complètement pour ce couple. J’apprécie beaucoup le changement de Kuroi qui, une fois ses sentiments acceptés, fonce avec droiture et loyauté. La dynamique du couple prend le dessus sur l’histoire. L’auteure arrive clairement à transmettre leurs émotions. Du bonheur à lire tout simplement.

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