Happy shitty life 5 – Harada

couverture de Happy shitty life 5 de Harada, éditions Hana

Harada はらだ
ISBN: 9782382765012
Hana, 2025
ISBN: 9784801981706 (JP)
Takeshobo, 2023 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: absolument

« A défaut de cerveau, les pénis ont-ils une conscience? »

Harada sensei offre une présentation rapide de tous les personnages secondaires à travers le regard critique et innocent de Hiyori. Elle développe un peu plus Yokoshima, révélant quelques secrets croustillants sur l’origine de sa rivalité avec Kasuya. Elle introduit deux nouveaux personnages, renouvelant ainsi les sujets abordés au fil du récit: le mangaka Kuriyama Kukuri et Yurikawa, l’amie d’enfance de Leo et Kuzuya. Les deux idiots continuent à se lancer des défis débiles, résistant mieux aux manipulations car se connaissant de mieux en mieux. Le pouvoir du Dieu, à double tranchant, crée la surprise en chamboulant à chaque fois les prévisions du lecteur. Ainsi, l’autrice aborde avec humour les problèmes de voisinage lorsque des ébats sont trop bruyants, la difficulté à consulter un spécialiste médical lors de la perte de libido, les quiproquos faciles qui naissent au travail. Elle joue sur les clichés des films policiers.

La mangaka a un trait légèrement épuré au style facilement reconnaissable. Elle exagère les expressions dans les passages humoristiques. Elle soigne l’expressivité des personnages. Par exemple, Hiyori a de grands yeux noirs sans pupille qui renforce ainsi son air candide. Les décors alternent avec les trames d’ambiance. De même, les autres trames utilisent une palette variée, en aplat, avec quelques ombres fortes. Un fond noir indique les flash-back. Comme dans le tome précédent, la mise en page paraît classique mais Harada sensei maîtrise parfaitement l’agencement dynamique, insérant respirations et sorties de case. Par ailleurs, elle ne censure pas les scènes érotiques et dessine même des coupes intérieures.

En résumé

Hiyori Yui (20 ans) travaille à mi-temps dans le restaurant de Yajima Botan et Leo. Efficace, elle a néanmoins beaucoup de préjugés. En plus, elle a tendance à prendre le moindre compliment pour de la drague. Alors elle se méfie de son pervers collègue, Kuzuya Yoshiyuki, qui a essayé de s’introduire dans le vestiaire pendant qu’elle se changeait. Mais surtout, elle ne comprend pas comment ce grossier serveur puisse s’entendre et vivre avec le poli et agréable gentleman Kasuya Kyôtarô.

En conclusion

Ce tome se classe onzième meilleure série au Chill chill BL award 2024. Harada sensei arrive encore à nous surprendre avec des délires complètement loufoques tout en abordant des sujets d’actualités. Son graphisme très expressif et efficace devient plus sensuel durant les scènes érotiques, mettant en valeur la beauté des personnages. J’adore ces deux idiots qui ne pensent qu’à arriver à leurs fins, qui retournent leur veste immédiatement pour leur propre intérêt et qui se compliquent en fin de compte la vie en cherchant pourtant la simplicité. Des éclats de rire garantis!

Anti romance 2 – Hidaka Shoko

couverture anti romance 2 hidaka shoko hana

HIDAKA Shoko 日高ショーコ
ISBN: 9782382764886
Hana, 2024
ISBN:‎ 9784344851276 (JP)
Gentosha, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: absolument

« Au final… tu vas encore me laisser tout porter, alors… »

Hidaka Shoko sensei mène à son paroxysme la tension entre Ryô et Hiroki. Comme dans le tome précédent, elle analyse le déni et la fuite des deux amis face à leurs sentiments. Ainsi, elle met en parallèle les relations presque similaires de Towada Astushi avec Junichi et Misono avec Sakuma. Alors que Kakitani choisit d’oublier cet amour à sens unique, Suô réalise enfin son comportement abusif et égoïste. Les deux hommes effectuent une introspection salvatrice qui leur permet de mettre à plat l’ambiguïté de leur relation. L’auteure ajoute des notes d’humour à travers les remarques de l’entourage du couple qui devine l’aveuglement de ce dernier face à leur amour réciproque. Elle interroge sur les limites de la réconciliation, Hiroki devenant presque un stalker. Par ailleurs, elle met en avant l’évolution nécessaire de chacun pour accepter ses sentiments, ses peurs et dépasser les barrières que l’on se crée.

La mangaka a un trait épuré et léché utilisant les pleins et déliés. Elle le simplifie dans les passages humoristiques. Les trames variées ont une dominante claire tandis que les trames d’ambiance alternent avec les décors. De même, les flash-back se repèrent à leur fond noir. La mise en page simplement dynamique est efficace, rythmant la lecture. Dans les scènes érotiques, Hidaka sensei censure les parties intimes avec un cache blanc. Elle fait poser les personnages dans les illustrations en début de chapitre. Elle annonce dans la postface dessiner maintenant en numérique mais la différence ne s’aperçoit pas du tout.

En résumé

Depuis l’enfance, Suô Hiroki et Kakitani Ryô sont inséparables. A la maternelle, quand Hiroki s’était teint les cheveux lui-même en imitant sa mère, coiffeuse, il comprit rapidement que son « anormalité » leur causait du tort. Il décida alors de toujours correspondre aux attentes de la société. A partir du collège, Ryô, quant à lui, a commencé à faire des activités différentes de son meilleur ami. Il cachait ainsi désespérément ses sentiments, conscient de son homosexualité.

En conclusion

Ce tome se classe dixième meilleur manga profond au Chill chill BL award 2023. Hidaka Shoko sensei conclut avec délicatesse sa romance, analysant les différents sentiments de ses personnages. Malgré un scénario classique, elle approfondit son sujet et alterne tension et humour ajoutant même une touche de suspense. Ce dernier tome est d’ailleurs plus épais que la moyenne. J’ai adoré découvrir les tribulations de Ryô et Hiroki. En plus c’est un couple reverse. Si vous aimez les tranches de vie et les amours naissants d’une amitié, foncez! Une lecture prenante, réaliste et adulte.

Boss and the beast – Sachimo

couverture boss and the beast sachimo hana

Sachimo さちも
ISBN: 9782382762066
Hana, 2024
ISBN: 9784041124642 (JP)
Kadokawa, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: absolument

« Ma connaissance du monde est aussi étroite que mon anus. »

Sachimo sensei narre une romance dramatique entre deux hommes brisés par la vie qui développent pourtant un amour pur. Elle révèle leur passé au fur et à mesure, maintenant un certain suspense. De même, elle alterne la narration entre ses deux héros, partageant leurs interrogations. Après avoir vu le pire de l’humanité, Léo semble conditionné mais analyse ses nouveaux sentiments. Le boss, quant à lui, habitué a acheter la fidélité de son entourage, a du mal à comprendre son attirance. Les deux hommes d’abord déstabilisés, évoluent en se découvrant mutuellement. Les jumeaux apportent une petite note humoristique rafraîchissante dans cet univers très sombre. L’auteure interroge ainsi sur la « normalité » en jouant sur la dualité entre le bien et le mal. Elle aborde également le manque d’amour, la dépendance affective, le besoin d’être utile. Par ailleurs, elle construit une relation plutôt consensuelle dans ce monde violent.

La mangaka a un trait léché légèrement anguleux. Elle le simplifie dans les rares passages humoristiques. Elle donne un peu de relief grâce à des contours de différentes épaisseurs. D’ailleurs, son style graphique se reconnaît immédiatement avec ses yeux effilés caractéristiques et pourtant tellement expressifs. Les trames sont équilibrées tandis que les trames d’ambiance se font discrètes. De même, les décors situent principalement l’action. Les flash-back se repèrent à leur fond noir. La mise en page très dynamique rythme la lecture. Dans les scènes érotiques, Sachimo sensei censure les parties intimes par un cache blanc ou une forme tramée. Elle détaille pourtant certaines actions par transparence avec des coupes intérieures. Dans les illustrations en double page au début des chapitres, elle dessine le couple avec un indice sur le récit. Par ailleurs, la représentation esthétique de la violence conserve ainsi un impact sans pour autant choquer.

En résumé

Maltraité puis vendu par ses parents, Léonard est devenu un esclave sexuel jusqu’à ce qu’un jour, on l’abandonne roué de coups dans une rue enneigé. Soigné par le boss de l’organisation « Last home », qui accueille les laissés-pour-compte, il découvre le bonheur de manger trois fois par jour et de dormir sous un toit. Pour ne pas perdre ce nouveau confort, il cherche désespérément à se rendre utile et finit alors par offrir ses services aux jumeaux Rikuo et Kaito. Mais le boss interrompt ses deux sous-fifres et accepte de coucher avec Léo. Toutefois, il ne comprend pas pourquoi ce jeune homme qui refuse son argent l’intéresse autant.

En conclusion

Sachimo sensei maîtrise parfaitement le développement de son scénario, décryptant avec finesse la sensibilité vacillante de ses personnages. Ainsi, elle donne envie au lecteur de soutenir le couple. En plus, son graphisme magnifique devient très sensuel dans les passages érotiques. J’adore ce récit qui questionne indirectement sur le bonheur et l’amour. Je suis touchée par ce couple émouvant et par la pureté de leur histoire d’amour. Par ailleurs, j’adore les couples reversible. Un récit à ne pas mettre entre toutes les mains mais qui plaira aux amateurs d’amour pur dans un univers sombre. Pour moi, un énorme coup de cœur!

Happy shitty life 4 – Harada

happy shitty life 4 harada

Harada はらだ
ISBN: 9782382762325
Hana, 2023
ISBN: 9784801978805 (JP)
Takeshobo, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: absolument

« Entre péripéties du quotidien et grandes découvertes sexuelles, la vie de merde continue. »

Harada sensei continue de détourner les clichés des romances. Elle aborde entre autres, avec humour, les techniques de dragues lourdes, la concurrence agressive et la hiérarchie tyrannique en entreprise, le poids des normes sociales. Kasuya et Kuzuya découvrent réciproquement de nouvelles facettes mais continuent de nier l’évolution de leurs sentiments, nourrissant constamment leurs rivalités dans des défis de plus en plus idiots. L’introduction de nouveaux personnages permet d’ajouter quelques tensions mais aussi de développer d’autres comportements déviants. Ainsi, l’illustrateur Shirimojirifuguri n’assume pas sa passion pour l’ero-guro de peur de perdre son public. Les collègues de Kasuya, Tani Yûji, Uzumaki et Yokoshima, s’avèrent être une épée de Damoclès sur la tête du salaryman. L’auteure pousse les fantasmes des deux héros dans des délires complètement loufoques. Comme dans le tome précédent, elle développe encore les personnages secondaires.

La mangaka a un trait légèrement épuré au style reconnaissable. Elle exagère les expressions dans les passages humoristiques. Elle dessine des corps finement musclés, mettant parfois en avant la plastique de ses personnages. Les trames d’ambiance alternent avec les décors. Les autres trames sont variées. La mise en page au premier abord classique est en réalité très dynamique et au service de l’humour. De même, des respirations apparaissent plus souvent lorsqu’il y a beaucoup de dialogue. Harada sensei ne censure pas les scènes érotiques. Elle utilise d’ailleurs les mosaïques uniquement à des fins humoristiques. Sous la jaquette, elle présente Koma Kotarô (30 ans).

En résumé

Depuis qu’ils sont en colocation, Kasuya Kyôtarô et Kuzuya Yoshiyuki ont pris l’habitude de réaliser leurs fantasmes chacun leur tour via l’application du dieu sur leur smartphone. Mais comme sa présence manque aux deux compères, ils décident de construire un petit autel avec une petite statuette du dieu. En sortant du magasin de bricolage, Kasuya réalise que la tenue de Kuzuya n’est vraiment pas soignée et décide alors de le relooker. Mais cela ne se passe pas vraiment comme il l’avait espéré.

En conclusion

Harada sensei arrive encore à renouveler ses gags et imagine des délires de plus en plus improbables mais tellement hilarants. Son graphisme efficace s’adapte immédiatement à l’ambiance du récit entre humour et sensualité. Nos deux idiots préférés qui agissent sans réfléchir et se font parfois des coups bas nous incitent pourtant à réfléchir sur des problématiques actuelles. Un humour qui ne plaira pas à tout le monde mais une véritable performance narrative pour les lecteurs qui y adhèrent. A découvrir absolument!

Happy shitty life 3 – Harada

happy shitty life 3 harada

Harada はらだ
ISBN: 9782382761519
Hana, 2023
ISBN: 9784801975477 (JP)
Takeshobo, 2022 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

Une occasion de revanche pour Kasuya et une opportunité pour Kuzuya.

Harada sensei développe un peu plus les personnages secondaires. Ainsi, elle révèle quelques secrets sur Sakura et met en avant Yajima Botan et Leo. D’ailleurs, le violeur prend enfin conscience de ses erreurs mais son caractère borné ne lui permet pas de changer de comportement pour autant. La relation entre Kuzuya et Kasuya évolue doucement. Toutefois, les deux hommes continuent de nier leur attachement. En effet, leurs caractères égoïstes et leurs obsessions à réaliser leurs fantasmes créent constamment des tensions entre eux. Après avoir plongé ses héros au fond du trou, l’auteure leur offre de nouvelles opportunités. Comme dans le tome précédent, elle tourne en dérision leurs délires érotiques tout en détournant les clichés des romances. Par ailleurs, elle aborde les environnements toxiques en entreprise avec le poids des rumeurs, le harcèlement moral, le jugement sur une mauvaise impression.

La mangaka a un trait léché mais épuré. Elle exagère les expressions dans les passages humoristiques. Elle dessine des corps musclés. Les trames sont équilibrées. Par contre, les trames d’ambiance participent aux effets comiques. De même, les décors soignés apportent une touche réaliste. La mise en page dynamique est également au service de l’humour. Harada sensei ne censure pas les scènes érotiques. D’ailleurs, elle les détaille avec des gros plans et des transparences. Sous la jaquette, elle présente Yajima Leo (30 ans).

En résumé

En froid avec sa fille Tsubaki, Shime Takihiko se rend à la campagne avec la ferme intention d’anéantir définitivement ses sentiments pour Kasuya Kyôtarô. Tombé dans une rizière, il est recueilli par Kuzuya Yoshiyuki qui l’emmène chez son voisin. Le président directeur général de Kurosugi entreprises demande alors à son employé de démissionner, d’autant plus qu’il l’a encore surpris dans une situation perverse et compromettante. Kasuya accepte d’abord pour redorer la réputation de son ex-petite amie mais sombre ensuite dans le désespoir…

En conclusion

Ce tome toujours aussi délirant que les précédents contient tout de même quelques thèmes un peu plus sérieux. Mais les réactions imprévisibles de nos deux héros naïfs provoquent toujours surprises et éclats de rire. Harada sensei nous suggère au passage qu’une « vie de merde » peut être aussi joyeuse ou difficile à la campagne qu’à la ville . Je veux garder espoir pour le changement de Leo, laissez-moi rêver un peu! Mise à jour: Ce tome se classe à la quatrième place de la meilleure série au Chill chill BL award 2023.

Au fond de l’océan – Jnnkleche

au fond de l ocean jnnkleche
Jnnkleche じんにくれーちぇ
ISBN: 9782382763117
Hana, 2022
ISBN: ‎9784773062045 (JP)
Kasakura, 2021 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

« Un amour défendu et passionnel dépassant les frontières de la mort dans un univers fantastique plein de surprises. »

Jnnkleche sensei narre une romance avec une touche fantastique et légèrement horrifique. Elle s’intéresse à l’amour par-delà la mort, aux sentiments dépassant l’apparence physique. En parallèle, elle développe une petite enquête autour des mystères de la grotte du village des requins. La narration alterne entre les deux héros. Suite à plusieurs évènements traumatisants, le passif Wakashio va pourtant prendre de l’assurance pour se rebeller tout en aidant le village dont il se sent responsable. L’insouciant Yakaze continue de le soutenir à sa manière. Les deux amoureux apprennent alors à travailler en équipe. L’auteure incite les lecteurs à réfléchir à la vie et la mort quand un des partenaires d’un couple décède. Elle ménage également son public en ne détaillant pas les scènes trop violentes. Elle présente le passé des deux héros dans l’histoire bonus.

La mangaka a un trait légèrement épuré. Elle dessine des personnages musclés, ajoutant une touche réaliste qui contraste avec les éléments monstrueux. Elle ne détaille pas les transformations, ni les passages sanglants et renforce le côté inquiétant en utilisant beaucoup de teintes sombres. Son style dégage pourtant un effet esthétique. Pour les flash-back, une trame sombre recouvre les vignettes. De même, le peuple des requins a une peau halée et des tatouages. Comme les pages sont surchargées, les cadres très épais se détachent ainsi du fond. D’ailleurs, Jnnkleche sensei utilise énormément de trames. Par contre, elle alterne les trames d’ambiance avec les décors. La mise en page très dynamique joue sur les superpositions, les sorties de case et les petits détails. Dans les scènes érotiques, un cache blanc et des languettes censurent les parties intimes. Pourtant, il y a des coupes intérieures et même des effets de transparence.

En résumé

Wakashio est le plus jeune fils du chef du village des requins cannibales, un peuple vivant de pillages et du commerce d’esclaves, au bord de la mer. Il est tombé amoureux de Yakaze, un jeune marchand itinérant d’un village forestier. Le couple se retrouve souvent en secret dans une grotte, un ancien cimetière considéré maintenant comme un passage vers l’au-delà. Bien que le marchand essaie de convaincre son bien-aimé de fuir avec lui, Wakashio redoute la réaction de sa famille qui ne s’exprime que par la violence. Mais un jour, son frère, Sakashio, découvre leur liaison, tue Yakaze puis le jette à la mer. Il viole ensuite Wakashio pour le punir, dans l’indifférence de leur père, avant de partir en expédition. Alors que Wakashio se morfondait dans la grotte, Yakaze apparaît pour l’emmener dans la mort avec lui…

En conclusion

Jnnkleche sensei surcharge tellement ses pages qu’on a parfois l’impression d’une surcouche qui brouille un peu l’image. Néanmoins, elle a un magnifique graphisme sublimé quand il est en couleur. Par ailleurs, elle maîtrise plutôt bien son scénario. Ce tome comporte des scènes pouvant choquer la sensibilité des lecteurs (viol, inceste, violence). De même, ceux qui n’apprécient pas les tentacules et les relations avec des monstres passeront leur chemin. Pour ma part, j’apprécie beaucoup l’évolution du couple vers un reverse, même s’il est assez particulier. J’aime beaucoup plus l’enquête que la romance pourtant emplie de sentiments.

Happy shitty life 2 – Harada

happy shitty life 2 harada
Harada はらだ
ISBN: 9782382760468
Hana, 2021
ISBN: 9784801971448 (JP)
Takeshobo, 2020 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

« On n’a pas à juger des préférences sexuelles des autres. »

Harada sensei continue à présenter avec humour les frasques de Kasuya et Kuzuya en perpétuelle recherche de satisfaction de leurs fantasmes. Elle joue sur le contraste entre leur libido débordante et les difficultés pour la satisfaire à la campagne. Un certain équilibre s’installe entre eux grâce au partage de pratiques et d’idées farfelues. Toutefois, l’évolution de leurs sentiments reste plutôt absente. Leurs délires s’enchaînent, exacerbés par leurs caractères égoïstes et pourtant naïfs. L’auteure tourne en dérision les fantasmes que l’on retrouve dans les œuvres érotiques. En introduisant Koma Kotarô, qui aime l’ero-guro, elle aborde indirectement les difficultés des minorités sexuelles, dénonçant au passage le jugement du regard extérieur très critique. Par ailleurs, elle brouille la limite entre réalité et fantastique avec les interventions autour du dieu.

Le trait fin et léché de la mangaka est immédiatement reconnaissable. Elle joue sur les pleins et déliés donnant une forte expressivité à son trait. Dans les passages humoristiques, elle exagère les expressions accentuant l’effet comique. Les trames sont très variées. En plus, les trames d’ambiance accompagnent également les émotions. De même, les décors sont très détaillés avec par exemple, la texture des tatamis. Les paysages ajoutent aussi une touche réaliste. Ainsi, les contrastes sombres et clairs ressortent particulièrement. La mise en page dynamique joue surtout sur les variations d’angles de vue et des ellipses bien intégrées. Harada sensei ne censure pas ses scènes érotiques. Sous la jaquette, elle présente Kasuya Kyôtarô (30 ans).

En résumé

Kasuya Kyôtarô, n’arrivant pas à faire du bondage tout seul, demande de l’aide à son voisin Kuzuya Yoshiyuki. Il le trouve également en train de se soulager seul devant une vidéo. Après l’avoir bien attaché, Kuzuya remarque alors qu’il manque des piles dans la télécommande du vibromasseur et va immédiatement en chercher en abandonnant son ami encore ligoté. En chemin, il croise une jeune femme tombée dans une rizière. Tsubaki est venue voir son ex que son père l’a forcée à plaquer. Le jeune homme l’emmène donc au bar de Sakura pour qu’elle puisse emprunter des vêtements secs mais les deux jeunes femmes se connaissent. Elles fêtent donc leurs retrouvailles en compagnie de Kuzuya en papotant autour d’un verre…

En conclusion

Ce tome obtient la cinquième place de la meilleure série au Chill chill BL award 2021. Kasuya Kyôtarô est classé dix-neuvième meilleur seme. Une histoire toujours aussi amusante et délirante! Par contre, comparé au tome précédent, je trouve que l’humour a un peu moins de mordant. Pour ma part, j’ai beaucoup ri sur l’élevage des vers et cela m’a même donné envie d’en découvrir un peu plus sur l’espèce. J’apprécie beaucoup l’approche saugrenue de l’auteure pour traiter néanmoins en profondeur différents sujets.

Happy shitty life 1 – Harada

happy shitty life 1 harada
Harada はらだ
ISBN: 9782368777282
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784801967960 (JP)
Takeshobo, 2019 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

La vie de merde de deux uke unis par un fantasme commun.

Harada sensei offre une comédie hilarante entre deux uke un peu idiots. Elle enchaîne les situations burlesques avec les délires de ses personnages au premier abord antipathiques: Kasuya transpire la vanité tandis que Kuzuya se laisse complètement vivre. Elle joue beaucoup sur les contrastes, jusque dans les jeux de mots; son récit pourrait avoir pour thème la dépravation, le déchet et la merde au sens figuré. En effet, bien que ses deux héros s’affirment hétérosexuel, ils n’ont qu’un seul but commun: satisfaire leur fantasme de se faire prendre par une femme sadique. Pourtant, ce couple yuripple trouve toujours un compromis pour se satisfaire mutuellement, développant une certaine complicité. Cependant, l’auteure occulte toute possibilité de sentiments amoureux. En introduisant Leo, elle ajoute même un sentiment contradictoire en faisant rire sur des situations dérangeantes comme le non-consentement et le viol. Par ailleurs, elle rappelle les difficultés d’être gay à la campagne.

La mangaka a un trait un peu anguleux qui semble légèrement acéré. Elle les simplifie en exagérant les différentes expressions, déjà hilarantes graphiquement. Par exemple, la tête dégoûtée ou envieuse de Kasuya reste inoubliable. De même, ses regards sont toujours aussi intenses. Les trames d’ambiance alternent avec les décors, plutôt soignés. La patte habituelle de Harada sensei se retrouve aussi dans le traitement des contrastes noir et blanc. Ainsi, elle utilise discrètement les trames mais travaille en revanche avec précision les ombres. Elle varie les angles de vue, portant toujours attention à des petits détails. Les scènes érotiques ne sont pas du tout censurées, avec parfois des gros plans. Dès le début, des fiches personnages et un diagramme expliquent les différents liens entre les protagonistes. Sous la jaquette, une illustration de Kuzuya le met en valeur avec classe.

En résumé

Suite à un scandale sexuel dans son entreprise, Kasuya Kyôtarô est muté à la campagne. Seulement une semaine qu’il est là et il ne supporte déjà plus son voisin chômeur, Kuzuya Yoshiyuki (30 ans), qui passe son temps à essayer de monter un gode sur un ventilateur. Un soir, alors que Kasuya désespère de se refaire vite avec des supérieurs passant beaucoup plus de temps à chasser les insectes, son patron Tagami l’invite à boire au bar de la belle Sakura. Mais il découvre que tout le village est au courant des détails de sa rétrogradation: une photo de lui en extase alors que la fille du patron le sodomise avec un strap-on. Alors qu’il fond en larmes, il est encouragé par l’assemblée, en particulier Kuzuya qui fantasme également sur la pénétration anale par une femme sadique. Complètement ivres, les deux voisins finissent par coucher ensemble!

En conclusion

Ce tome a obtenu la cinquième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2020. L’auteure arrive à nous faire rire de tout avec subtilité. Pour vous prouver son génie, je pourrai introduire ainsi « vulgairement » l’histoire: Kasuya, qui ne se prend pas pour de la merde, s’est mis dans la merde jusqu’au cou et a rencontré à la campagne Kuzuya qui mène une vie de merde depuis l’enfance. Je m’amuse de leurs joutes pour définir qui sera uke ou seme et de leur obsession. Et je me mets à espérer un peu de sentiments entre eux. Vivement la suite!

Shinjuku lucky hole 2 – Kumota Haruko

shinjuku lucky hole 2 kumota haruko
KUMOTA Haruko 雲田はるこ
ISBN: 9782368776919
Boy’s love IDP, 2019
ISBN: 9784396784638 (JP)
Shodensha, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

Un nouveau clan de yakuza étend son influence à Shinjuku. Que va devenir la société Lucky hole?

Six ans après le premier tome, Kumota Haruko sensei reprend le cours de son récit. Elle s’intéresse au devenir de la société Lucky hole prise dans une lutte de clans de yakuza. A chaque chapitre, elle présente l’histoire d’un des personnages tout en suivant à la fois un fil conducteur en rapport avec la crise d’influence de la mafia. D’ailleurs les derniers chapitres comportent plus d’actions. Les personnages continuent d’évoluer: Saiki (28 ans) et Lenny (26 ans) s’ouvrent à d’autres activités, Sakuma et Hiyama partagent plus facilement leurs sentiments même s’ils se font beaucoup de cachoteries, Ryû (24 ans) garde son côté enfantin même s’il a mûri. Sur fond d’espionnage, l’auteure mélange à la fois suspense, tension, romance et scènes sexy. Elle donne quelques indices au compte-gouttes.

La mangaka utilise des traits fins et des déformations qui rendent les expressions facilement éloquentes. Elle travaille avec soin les visages vieillissants et les regards, renforcés par des gros plans. Une fiche personnages en début de tome permet de se remémorer les différents intervenants. La mise en page est discrètement dynamique. Il y a peu de décors, seulement quelques trames d’ambiance. Kumota sensei n’abuse pas des trames d’ombres et de couleurs, aérant ainsi ses pages. Les illustrations de début de chapitre reprennent encore les héros du récit. Il n’y a pas de réelle censure des scènes érotiques mais les cadrages et les angles de vue cachent les détails des parties trop intimes.

En résumé

Après un baiser torride, Hiyama Kumi (38 ans) était partant pour passer une chaude nuit avec Sakuma (46 ans). Mais son amant le plante et préfère rentrer chez lui. Frustré, l’ancien acteur commence alors à se soulager seul sur le canapé quand le nouvel assistant, Chan, apporte le matériel pour le tournage de demain. Embauché depuis une semaine, ce dernier s’avère être en réalité un jeune mafieux qui fait du chantage, cherchant à prendre sous sa coupe la société Lucky hole. Kumi lui donne rendez-vous le lendemain soir, espérant régler l’affaire sans y mêler Sakuma. Mais au moment fatidique, son amant arrive légèrement éméché, réclamant un gros câlin…

En conclusion

Au Chill Chill BL award 2019, les lecteurs ont beaucoup cité ce tome dans les meilleures séries palpitantes, hors classement. Entre tournages chauds, trahisons, lutte de clans mafieux, cette suite mieux équilibrée est toujours aussi prenante. Quel bonheur de retrouver les membres de la société Lucky hole! Mon cœur palpite à chacune de leurs péripéties. Alors n’hésitez pas à vous jeter sur ce tome.

Shinjuku lucky hole 1 – Kumota Haruko

shinjuku lucky hole 1 kumota haruko
KUMOTA Haruko 雲田はるこ
ISBN: 9782368775141
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784396783211 (JP)
Shodensha, 2012 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

L’univers du porno gay abordé de manière décomplexée où l’amour a une place particulière.

Kumota Haruko sensei présente, par tranche de vie, le quotidien de la société de production de films pornographiques gay Lucky hole. Chaque chapitre permet ainsi de découvrir un des membres de la société. Ses personnages ont une psychologie assez complexe. Kumi, qui était suicidaire, entretient un lien assez particulier avec l’ancien yakuza Sakuma, presque au bord de la dépendance affective. Les deux otaku, le monteur Saika et l’acteur Lenny, quant à eux, développent une romance contrariée apportant un peu de tendresse dans ce tome. Tous font clairement la distinction entre sentiments et sexe. D’ailleurs, l’auteure apporte une certaine sensibilité au traitement de ses protagonistes, les rendant tous attachants.

La mangaka a son propre style facilement reconnaissable, avec des traits épurés, simplifiés et expressifs. D’ailleurs, elle n’hésite pas à déformer les visages, rappelant le style graphique des manga comiques. Ses personnages prennent alors des mimiques amusantes, même pendant leurs ébats. Quelques poils et quelques rides apparaissent également. Kumota sensei utilise beaucoup les aplats, même pour ses trames représentant les ombres ou les couleurs. En outre, ses décors sont assez présents. La mise en page est plutôt dynamique. Les illustration de début de chapitre mettent en avant le héros du récit. Les scènes érotiques évitent de montrer les détails des parties intimes en jouant sur les angles de vue, les cadrages ou en occultant les traits, ne laissant qu’une ombre tramée.

En résumé

Ancien acteur porno, Hiyama Kumi codirige maintenant la société Lucky hole, spécialisée dans les films pornographiques gay. Son collègue, un ancien yakuza qui s’occupe de rabattre des acteurs potentiels, lui a envoyé un jeune salaryman un peu désespéré et sans emploi. Comme Katagiri semble pur et innocent, Kumi lui passe une de ses vidéos pour le rassurer. Rapidement excités, ils finissent donc par coucher ensemble…

En conclusion

J’adore le style graphique de l’auteure et la manière de narrer ses histoires. Même si elle ne développe pas aussi bien l’univers du cinéma pornographique comparé à Jita sensei dans Incitant porno, elle dessine avec justesse les sentiments de ses personnages. En plus, il y a un couple reverse. Ce titre a obtenu la sixième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2012. Mais j’aimerais tant que sa série phare My lovely like a cat soit un jour traduite en français.