Sora & Hara – Nakamura Asumiko

sora and hara nakamura asumiko
NAKAMURA Asumiko 中村明日美子
ISBN: 9782368775875
Boy’s love IDP, 2018
ISBN: 9784863492929 (JP)
Akaneshinsha, 2012 (JP)
Manga
Ero-mètre: pudique
Recommandation: un peu

Les déboires amoureux du professeur Hara.

Nakamura Asumiko sensei prend directement la suite de Sotsugyosei et s’intéresse aux amours du professeur Hara. Elle aborde les difficultés que rencontre un professeur gay: trouver un partenaire, le jugement extérieur plus sévère, surtout quand ce partenaire est jeune, la pression pour le mariage. En introduisant Sorano, elle vient chambouler les principes de l’enseignant intègre. Malgré leur 22 ans d’écart, les deux héros sont mutuellement attirés et ont connu une expérience amoureuse blessante qui a modifié leur vision de l’amour. De même, Arisaka Satoshi représente le modèle de l’homosexuel tentant de paraître normal, jusqu’à ce qu’il trouve le grand amour avec Sano Hibiki. En plus de ce couple, l’auteure élargit également le cercle des personnages secondaires avec l’ami gay de Hara, Komatsu, qui devient un peu leur guide et cupidon. Elle développe principalement l’évolution des sentiments et du rapport entre les personnages, la naissance du sentiment amoureux.

Le trait de la mangaka évolue: les têtes sont ovales et les nez sont plus marqués. De même, les traits sont moins anguleux. Nakamura sensei exagère les proportions de Sorano pour rendre sa grandeur, qui a donc une carrure carrément filiforme. Elle met particulièrement en avant les petits gestes et les regards, s’attardant sur les petits détails. De même, elle équilibre les trames. La mise en page est également très dynamique avec des angles de vue originaux. Hara refusant de toucher un mineur, il n’y a donc aucune scène érotique. Même les scènes de baisers deviennent amusantes. Sous la jaquette, deux planches concluent l’histoire.

En résumé

Le professeur de musique Hara Manabu (37 ans) est plus touché qu’il ne pensait par le départ de son élève diplômé, Sajô Rihito, pour qui il nourrissait un amour secret. Il décide d’oublier sa peine en allant dans un bar gay. Sur place, il croise un beau jeune homme mais après un baiser, troublé par les souvenirs, il préfère abandonner. Cependant, quelle n’est pas sa surprise de le retrouver le lendemain dans son lycée en seconde. Aoto Sorano (15 ans) semble toujours intéressé par son professeur mais Hara, ayant pour principe de ne pas toucher aux élèves, le recadre rapidement. Cependant, le lycéen remarque le regard que porte le professeur sur Sajô venu chercher son album souvenir. Après avoir récupérer les coordonnées de l’ancien élève, il les propose à Hara. Mais ce dernier refuse avant de changer d’avis. Alors Sorano décide de ne plus les lui donner.

En conclusion

Ce spin-off a obtenu la cinquième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2012. L’auteure obtient la sixième place du meilleur artiste. Ce tome est plus épais que les autres de la série. Pourtant, l’approche reste encore dans l’observation des personnages et de leurs aventures. Il y a beaucoup plus d’humour, les échanges entre Hara et Sora étant très dynamiques. J’adore ce couple.

Gelateria Supernova royal vanilla – Kitahala Lyee

gelateria supernova royal vanilla katahala lyee
KITAHALA Lyee キタハラリイ
ISBN: 9782368776636
Boy’s love IDP, 2019
ISBN: 9784801959958 (JP)
Takeshobo, 2017 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: beaucoup

Avoir d’abord une vie stable avant de s’installer ensemble. Oui, mais…

Kitahala Lyee sensei reprend la suite de Gelateria Supernova en axant principalement son récit sur le point de vue de Masada (alias Kio). Elle utilise les personnages secondaires pour faire évoluer ses héros. Elle a une approche assez réaliste, s’intéressant aux questions touchant un couple homosexuel. Ainsi, à voir leurs amis hétérosexuels se marier ou devenir parents, Tomoaki et Naoki réfléchissent davantage à la vie en couple et aux difficultés qu’ils pourraient rencontrer. D’ailleurs, le salaryman plutôt tactile s’amuse de la gêne de son partenaire. L’auteure met à l’épreuve les deux hommes avec une séparation de deux semaines, qui permettra aux sentiments de s’intensifier: Masada découvre donc la jalousie. En milieu de tome, elle insère des saynètes de quelques planches, mettant en avant les personnages secondaires ou donnant des anecdotes sur le couple. A part ce chapitre, les autres ont encore un titre reprenant des parfums de glace.

La mangaka dessine des visages allongés qui donnent un certain charme avec leur menton légèrement saillant. Elle utilise des trames d’ambiance très graphiques pour illustrer les émotions intérieures, n’hésitant pas à envahir parfois le dessin quand les sentiments dominent. Les angles de vue, les sorties de cadres, les emboitements de cases dynamisent beaucoup la mise en page. Dans les passages humoristiques, Kitahala sensei simplifie ses traits, synthétisant les visages en quelques traits. Elle porte également beaucoup d’attention aux expressions des visages. Par exemple, Tomoaki est trop mignon quand il boude. Elle censure les parties génitales en occultant quelques traits et en ajoutant de grandes hachures. Une illustration du parfum de glace rappelant le tire conclut chaque chapitre. Sous la jaquette, une anecdote mignonne présente l’intimité du couple. Par ailleurs, les couvertures avec un pot de glace en transparence se superposant au dessin couleur apporte une touche esthétique.

En résumé

Depuis deux ans, Masada Naoki sort avec Satoya Tomoaki. Avant, il perdait souvent ses partenaires, qu’ils soient homme ou femme, à cause de ses insomnies chroniques et sa manière d’être. En effet, il n’arrive pas à dormir avec quelqu’un et garde une certaine réserve. Pourtant, tout se passe très bien avec Satoya. Le salaryman a donc hâte de retrouver son amant dès qu’il a une soirée de disponible. Car pour l’instant, Tomo cherche du travail mais ils risquent d’avoir du mal à se voir une fois qu’il commencera à travailler. Alors il profite au maximum de leurs moments d’intimité pour rester à ses côtés.

En conclusion

Ce second tome obtient la sixième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2018. Je suis complètement subjuguée par ce récit qui donne un aperçu plutôt intime des réflexions d’un couple gay. Même si les sentiments sont là, le doute et la peur de la réaction des autres persistent. J’espère que d’autres œuvres de l’auteure seront encore publiées en France.

Gelateria Supernova – Kitahala Lyee

gelateria supernova kitahala lyee
KITAHALA Lyee キタハラリイ
ISBN: 9782368775356
Boy’s love IDP, 2016
ISBN: 9784801953307 (JP)
Takeshobo, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: beaucoup

Un amour au doux parfum de glace.

Kitahala Lyee sensei offre une romance douce-amère entre deux hommes ayant perdu foi en l’amour. Pour son premier manga au format poche, elle maîtrise déjà la structure de son récit. Les titres de chaque chapitre reprennent un parfum de glace, en parallèle d’un sentiment. La narration donne principalement le point de vue de Satoya sauf le dernier chapitre consacré à Kio. L’auteure maintient un certain suspense sur l’évolution de leur relation et ne dévoile leur nom qu’à la fin. Elle questionne principalement le manque de communication, la difficulté à se lier quand une relation commence uniquement par des ébats sexuels, la peur de s’attacher après plusieurs déceptions, le mal-être ressenti face à certaines discussions quand on cache son orientation sexuelle. Elle porte une attention particulière aux sentiments intérieurs de ses personnages. Satoya s’interroge sur la sincérité de ses sentiments naissants dans une relation purement charnelle. Les deux héros déjà blessés, préfèrent alors fuir des situations similaires.

La mangaka a un trait fin, légèrement épuré et anguleux. Elle dessine des corps sveltes qu’elle n’hésite pas à mettre en avant en faisant sortir ses personnages des cadres. De même, une certaine poésie se dégage de certaines planches, avec des fleurs envahissantes, des feuilles volantes. D’ailleurs, les trames d’ambiance font partie de la narration. Kitahala sensei joue beaucoup sur les clairs-obscurs. Elle varie ses trames pour colorer ou ombrer. La variété des angles de vue appuie le dynamisme de la mise en page. En outre, les flash-back sont intégrés au fil du récit. Dans les scènes érotiques, quelques trames floutent légèrement les parties intimes. Sous la jaquette, une planche donne une anecdote mignonne sur l’intimité du couple.

En résumé

Sato, étudiant gay, a rencontré Kio, un salaryman, grâce à un site de rencontres. Ils ne connaissent que leur pseudo mais entretiennent une relation purement charnelle depuis déjà six mois. Avant de coucher ensemble chez Sato, ils ont pris l’habitude de déguster une glace artisanale du glacier Supernova. Satoya prend toujours le parfum vanille tandis que Kio préfère changer à chaque fois. Mais à l’université, Satoya apprend que l’étudiante Sugai a des vues sur lui, même si elle ne l’aborde toujours pas. L’étudiant s’interroge alors sur les relations amoureuses en général et finit par en discuter avec Kio. Le salaryman se montre ensuite un peu plus possessif dans leurs ébats…

En conclusion

Ce manga a obtenu la dixième place de la meilleure création de nouvel auteur au Chill Chill BL award 2016. Les personnages sont attachants. Même si l’auteure n’approfondit pas leur passé blessant, il est facile de deviner l’essentiel avec les quelques indices qu’elle sème au gré des réflexions. L’histoire est contée par les protagonistes, renforçant l’immersion du lecteur. Le côté gêné de Satoya est en plus craquant. Et vous, quel parfum de glace préférez-vous ?

My hero’s dream 1 – Aomiya Kara

my hero s dream 1 aomiya kara
AOMIYA Kara 蒼宮カラ
ISBN: 9782375062005
Taifu comics, 2020
ISBN: 9784758073783 (JP)
Ichijinsha, 2015 (JP)
Titre original: おこさまスター 1
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: beaucoup

« J’aimerais que tu n’affiches cette expression que devant moi. »

Aomiya Kara sensei offre une comédie romantique entre deux lycéens aux caractères opposés un peu extrêmes. Elle concentre la narration principalement sur Honda. Ce dernier aime être le centre d’attention et nourrit rapidement une jalousie possessive envers son nouvel ami. Toutefois, il ne comprend pas les différents sentiments mitigés qui l’assaillent. De même, la timidité de Kaidô et sa gêne envers les gens contrastent avec son projet professionnel et son investissement dans sa passion. D’ailleurs, le comportement immature de Honda va fragiliser cette amitié naissante. Ainsi, l’auteure gère parfaitement l’enchainement des évènements. Elle décrit avec soin les différents sentiments et leurs évolutions dès la naissance des premiers émois amoureux. Elle ajoute aussi un soutien à Honda avec ses deux amis Fujita et Kawasaki.

La mangaka a un trait très épuré, avec quelques lignes épaissies. Elle exagère les expressions et même parfois les réactions, conférant un côté à la fois mignon et humoristique. D’ailleurs, les personnages ont de grands yeux expressifs. Par exemple, Kaidô rougit tout le temps. Les trames d’ambiance graphiques renforcent l’impact de certaines cases. De même, les décors s’estompent pour mettre en avant les protagonistes. L’enchainement de certaines actions et le jeu des clairs-obscurs accentuent le dynamisme de la mise en page. Aomiya sensei suggère pour l’instant les scènes érotiques par quelques cases dans le chapitre bonus présentant les deux héros devenus étudiants. Elle conclut ses chapitres avec des yonkoma présentant l’avis de Kaidô sur les évènements. Elle ajoute également d’adorables personnage en SD ou des fiches personnages. Sous la jaquette, la postface, en deux planches, donne des explications sur la création du manga.

En résumé

Au lycée, des rumeurs effrayantes circulent sur Kaidô Ryô, lui affectant une réputation de délinquant violent. Alors quand Honda Kyôsuke, venu aider sa mère qui travaille dans un parc d’attraction, le croise en costume de ranger à une convention de super-héros, le lycéen est surpris. Il découvre donc que son camarade de classe joue les cascadeurs et n’est pas si dangereux. Il sympathise même avec lui et l’invite à manger après le spectacle, impressionné par sa passion. Mais le lendemain à l’école, Kaidô lui demande de ne pas lui adresser la parole…

En conclusion

Ce premier tome a obtenu la sixième place du meilleur manga doux au Chill Chill BL award 2016. L’auteure prend son temps pour développer son scénario et s’attarde sur le développement de la relation. J’ai envie tout simplement d’encourager ce couple en devenir, qui découvre leurs sentiments, s’interroge, s’attire inexorablement malgré les maladresses. Et j’adore les « bouilles » de Kaidô! Même si le comportement de Honda donne envie de le corriger, comme Kaidô, vous lui pardonnez, non?

Dazzling lovers – Asai Sai

dazzling lovers asai sai
ASAI Sai 浅井西
ISBN: 9782368774861
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784796409049 (JP)
Kaiohsha, 2016 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: si on s'ennuie

Quand un nouvel amour naît grâce au réconfort.

Asai Sai sensei nous invite à partager les sentiments complexes de deux amis d’enfance prisonniers d’un triangle amoureux bancal. Elle se focalise sur l’évolution de leur relation, partageant les points de vue de Haruka et Akito. Malheureusement, elle n’approfondit pas vraiment son scénario, se contentant de rester dans une sensibilité romantique. Le revirement un peu rapide de Haru peut donc surprendre, surtout après avoir nourri un amour interdit platonique aussi longtemps. En plus, la psychologie des personnages est peu développée: le taciturne et patient Aki et Haruka qui cache ses sentiments derrière son sourire sauf pour son ami. L’auteure ajoute un peu se suspense en ne dévoilant pas immédiatement les évènements qui bouleversent leur vie. Elle complète son récit avec une aventure légèrement SM où le seme considère l’uke comme son maître, jouant sur les contrastes.

La mangaka a un trait épuré très shôjo, avec de grands yeux et des visages plutôt ronds. Elle utilise également tous les codes de ce style: des trames d’ambiance très présentes, des vides, des ellipses et des sorties de cadre mettant en valeur la beauté des personnages. Même les décors semblent participer à l’esthétique de certaines pages. Ainsi la mise en page dégage parfois de la poésie et du romantisme presque dégoulinant. Asai sensei censure peu les scènes érotiques, avec l’absence de quelques traits mais le choix des cadrages permet d’en montrer peu. Même « Mon cher maître » évite de s’attarder sur les détails alors que la relation est SM.

En résumé

Dazzling lovers / L’éveil du printemps / Bonus: Tachibana Haruka a beaucoup de succès au lycée mais refuse de sortir avec une fille car il est secrètement amoureux de son père. Son ami d’enfance, Sakai Akito, dans la confidence, lui déconseille de se déclarer même si cet amour devient de plus en plus pesant. En réalité, Aki est amoureux de Haru et attend patiemment, se contentant d’être à ses côtés. Mais un soir, son ami débarque chez lui en larmes…
Mon cher maître: Miki Shirô traite Ihara comme son larbin. Cependant, ce dernier accepte de faire tous ses caprices sans broncher. Les autres membres du laboratoire se demande alors s’il n’est pas masochiste. Mais un soir, Miki surprend Ihara en train de regarder un film pornographique gay sado-masochiste…

En conclusion

L’auteure offre une romance simple, sans questionnements où le réconfort de l’autre permet de s’ouvrir doucement à l’amour. Cependant, je ressens une petite gêne à un passage lorsque le père, avec son visage ombré et dramatique, répond au nouveau petit frère de son fils: c’est comme si la mangaka sous-entendait qu’il avait peut-être des sentiments pour son fils et a préféré se remarier pour fuir. J’aurais aimé que « Mon cher maître » soit plus développé car je trouve amusant que leur relation maître-esclave s’inverse pendant leurs ébats. Une lecture pour passer un bon moment.

Je brûle pour toi – noji

je brule pour toi noji
noji
ISBN: 9782368777244
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784865895537 (JP)
Fusion product, 2019 (JP)
Titre original: 焦がれて焦がして
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

Un amour à sens unique qui s’éveille avec de bons petits plats.

noji sensei offre une douce romance plutôt réaliste entre deux amis d’enfance qui s’étaient perdus de vue. Après avoir développé l’amour à sens unique de Yûji et ses complexes, elle dévoile au fur et à mesure les sentiments du tsundere Sôichi. Son scénario, ancré dans la réalité, s’attarde principalement sur les questions que se pose un couple gay: peur du coming out, de la réaction de la famille et des amis, du regard extérieur, de la première expérience sexuelle et la cohabitation. Néanmoins, Tsunegawa trouve pour confident le jeune et ouvert Nekohara et Furuyama est soutenu par sa collègue lesbienne Sagi. L’auteure s’attarde principalement sur les sentiments de ses héros. En introduisant Kumagai, elle les met face au doute. En revanche, leurs ébats se font toujours dans le consentement. Elle complète son recueil par une romance entre un étudiant et un lycéen entreprenant, ayant une grande différence d’âge.

La mangaka a un trait délié, parfois très fin et anguleux. Bien qu’il soit réaliste, elle le simplifie dans les passages humoristiques. Elle privilégie également des hachures pour rendre les ombres fortes. Son style conserve un aspect graphique peint ou à la plume, surtout au niveau des décors très présents et du travail des trames. La musculature de Yûji contraste avec la frêle grandeur de Sôichi. En revanche, noji sensei distingue discrètement les flash-back par des ellipses pouvant brouiller parfois la compréhension. Elle censure les scènes érotiques en cachant les parties intimes par des formes blanches. En fin de chapitre, elle présente des anecdotes amusantes en quelques cases.

En résumé

Je brûle pour toi: Furuyama Yûji croise par hasard dans un konbini son amis d’enfance, Tsunegawa Sôichi, qu’il n’a pas vu depuis longtemps. En réalité, il est amoureux de lui depuis le lycée et l’évitait pour l’oublier. Maintenant, il a quitté son métier de pêcheur pour prendre la direction du restau-bar Prèle. D’abord surpris, Sôichi renoue avec lui, incité par son collègue Nekohara qui connaît bien le restaurant. Trop débordé par le travail, il se contente de boire des jus de légumes en guise de repas. Quelques jours plus tard, quand Yûji le croise dans le parc encore plus amaigri et épuisé, il l’invite à déguster quelques plats. En voyant le salaryman pleurer en appréciant sa cuisine, il lui propose alors de le nourrir tous les jours…
Dans la forêt, ce jour-là: Otofuke Moegi trouve un homme affalé au sol dans la forêt. En réalité, Moritsue Takehito était en train d’étudier des champignons. La pluie arrivant, il demande alors au lycéen de lui donner l’adresse d’un hôtel. Ce dernier l’emmène donc chez ses grands-parents qui lui proposent le logis en échange d’un peu d’aide dans les champs.

En conclusion

Ce manga a obtenu la dix-neuvième place du meilleur nouveau venu au Chill Chill BL award 2020. Pour un premier manga, l’auteure maîtrise déjà bien son scénario et son style graphique dégage beaucoup de douceur. Ses personnages ont de la personnalité et je regrette presque que ce tome soit trop court pour en apprendre encore un peu plus sur eux. Même les seconds rôles ont de la consistance. J’ai donc hâte de découvrir d’autres de ses œuvres. Une lecture gourmande et tendre!

Le libertin et le piège de l’amour – Kyugo

le libertin et le piege de l amour kyugo
Kyugo 九號
ISBN:9782368777220
Boy’s love IDP, 2020
ISBN: 9784199608124 (JP)
Tokuma shoten, 2019 (JP)
Titre original: 放蕩息子と恋の穴
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

Un dragueur invétéré qui retrouve son premier amour.

Kyugo sensei narre les aventures d’un dragueur invétéré citadin qui accepte de vivre à la campagne pour y retrouver son premier amour. Contrairement au titre sulfureux, elle offre en réalité une comédie romantique plutôt réaliste pleine de tendresse. Elle s’intéresse aux difficultés d’être gay à la campagne, avec la solitude, les rumeurs, les railleries et la peur du rejet. Traumatisé suite à un incident à l’université, Minori cache constamment sa souffrance derrière son sourire et préfère fuir. Sôsuke, plutôt immature au début va analyser ses sentiments, s’interroger et montrer en fin de compte de la patience. En introduisant Makoto, le petit frère Kamise, l’auteure va permettre à ses personnages d’évoluer. Elle diffuse la tension entre le couple au fil des chapitres pour terminer sur un final intense.

La mangaka utilise des traits fins et n’hésite pas à les déformer et les simplifier pour renforcer les expressions. Les corps musclés dégagent beaucoup de virilité. On peut justement les admirer dans les illustrations de début de chapitre. Quelques trames d’ambiance renforcent les émotions, mais Kyugo sensei préfère soigner ses décors très présents et réalistes. De même, elle fluidifie la lecture grâce à une mise en page très dynamique et maîtrisée. Par ailleurs, elle intègre directement au récit les fantasmes de ses protagonistes, offrant ainsi quelques scènes érotiques supplémentaires. Ces dernières sont censurées par des formes blanches sur les parties intimes. La postface, toute en images, donne des précisions sur personnages secondaires.

En résumé

A force de draguer à tout va depuis leur installation à Tokyo, Takamiya Sôsuke s’est attiré les foudres de sa mère. Comme elle doit à nouveau travailler à l’étranger, elle lui propose de l’envoyer chez sa tante, Kamise Taeko, à la campagne dans le département de Hiroshima. Elle espère surtout qu’il réfléchira un peu à son comportement. A sa surprise, il accepte volontiers, pressé en réalité de retrouver Minori, son premier amour. A la gare, son cousin vient le chercher. Alors qu’il fantasme déjà sur sa cousine devenue professeure, il s’étonne de ne pas la trouver à la maison. Mais Minori s’avère être le jeune homme venu le chercher!

En conclusion

Même si l’histoire aurait pu être plus approfondie malgré le nombre de pages supplémentaires et les sujets abordés, l’auteure pense tout de même à mettre l’essentiel, donnant de la consistance à son récit. Et puis le graphisme est tellement agréable. J’adore la réaction de Sôsuke face à la babouk! J’aime également beaucoup l’oncle et la tante qui ont l’air très ouvert. Une lecture simplement agréable et amusante.

Si tu m’emmenais sur une île déserte – Yamada 2chome

si tu m emmenais sur une ile deserte yamada 2chome
YAMADA 2chome 山田2丁目
ISBN: 9782368775226
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784199606519 (JP)
Tokuma shoten, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

L’étrange lien que nouent Ichimori et Akagi, ainsi qu’Akiho et Hisakuni, incapables d’exprimer simplement leurs sentiments.

Yamada 2chome sensei propose deux romances simples mais efficaces, avec des personnages maladroits en amour. La première histoire donne son titre au manga et joue sur le suspense. La narration alterne entre Ichimori et Akagi, dévoilant au fur et à mesure les secrets et le passé par brides, comme si l’on construisait un puzzle. L’amour inavoué quand les héros étaient lycéens a traversé les années, intact. Le changement de comportement d’Ichimori, devenu prudent après avoir fait fuir Akagi, soit-disant par son côté autoritaire, est appréciable. Plus mûr, le couple communique mieux. Voir le timide et coincé salaryman s’épanouir sexuellement est attendrissant. Pour le second récit, l’auteure offre une mignonne comédie jouant sur la hiérarchie et des méthodes peu orthodoxes pour séduire et transmettre ses sentiments. La relation entre le cadre et son employé reste tendue, malgré les discussions, chacun n’aimant pas céder à l’autre.

La mangaka utilise un trait dédoublé qui donne un peu d’épaisseur, mais qui reste tout de même épuré. Ses hommes ont le visage ovale, légèrement anguleux, avec des yeux fins. Leur carrure est assez musclée, en particulier Ichimori qui est coach sportif. Les décors alternent avec les trames d’ambiance. La mise en page très dynamique joue sur les ellipses, les absences de cadre, la forme des vignettes coordonnée à l’action. Les illustrations en début de chapitre présentent le couple de manière tendre. Les scènes érotiques sont censurées par les angles de vue et les cadrages qui évitent de montrer les parties intimes.

En résumé

Si tu m’emmenais sur une île déserte: En rentrant, Akagi tombe par hasard sur Ichimori, un ancien ami du lycée. Ce dernier, jeté par sa copine, demande à loger chez lui quelques temps en échange des tâches ménagères. Le salaryman n’arrive pas à refuser, se sentant encore redevable. En effet, amoureux de son ami, il l’avait repoussé violemment alors que le judoka, très tactile, s’approchait. Se blessant à la jambe en chutant, Ichimori a ainsi dû abandonner son rêve de carrière sportive. A son contact, Akagi se sent de plus en plus troublé, les souvenirs du passé remontant peu à peu. En outre, Onoda, une ancienne connaissance du lycée qu’il a revu lors d’une réunion d’anciens élèves, se rapproche également pour lui proposer de financer un projet. Mais pourquoi Ichimori se montre-t-il aussi délicat avec le salaryman depuis qu’il a emménagé?
Mon maître est un enfant gâté: Depuis l’enfance, Akiho Kippei et Hisakuni ont une relation particulière, reproduisant le lien hiérarchique de leurs parents. En effet, le grand-père d’Akiho était le jardinier de la riche famille Hisakuni. Devenu secrétaire, il a encore tendance à prendre soin de son supérieur. Un jour, en voulant éviter que ce dernier ne chute alors qu’il changeait une ampoule, Akiho se casse le bras. Sous prétexte de l’aider, Hisakuni en profite pour le tripoter…

En conclusion

J’aime beaucoup ces deux histoires, même si elles ne sont pas abouties à cause du format un peu court. Je trouve que Yamada sensei maîtrise déjà bien ses scénarios, même si la psychologie de ses personnages semble un peu classique. J’adore particulièrement le graphisme d’Ichimori. Mais je trouve dommage que son petit ami soit un peu plus fade. Le style de l’auteure a encore évolué. J’espère donc que d’autres de ses titres arrivent un jour en France, surtout sa dernière série Tabetemo oishiku arimasen!

Therapy game 2 – Hinohara Meguru

therapy game 2 hinohara meguru
HINOHARA Meguru 日ノ原巡
ISBN: 9782375062098
Taifu comics, 2020
ISBN: 9784403666667 (JP)
Shishokan, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: hard
Recommandation: beaucoup

« Tu sais, Minato, c’est bête de rester seul par peur de souffrir. »

Hinohara Meguru sensei conclut la romance entre Shizuma et Minato en abordant de nouveaux thèmes: l’avenir, la difficulté à faire confiance, la communication. Comparé au premier tome, le couple communique beaucoup plus, même pendant les ébats. En effet Shizuma se montre à l’écoute du plaisir de son partenaire. Le consentement est donc primordial. D’ailleurs son comportement permet de s’interroger sur les relations entre bisexuel et homosexuel, les doutes et les peurs qui accompagnent leur relation. L’auteure s’intéresse également au poids des préjugés, aux réactions quand un couple gay s’affiche. Elle dévoile aussi le passé traumatisant et dramatique de la famille Kirigaya. Elle utilise les personnages secondaires pour bousculer gentiment nos deux héros.

La mangaka exagère ou déforme ses traits épurés pour renforcer l’expressivité des visages. Par exemple, elle dessine des têtes en SD ou très simplifiées trop mignonnes: la surprise de Minato quand il découvre le lien fraternel entre Shizuma et Shôhei est hilarante! Justement, elle offre une palette d’expressions variées et fortes rien que pour Minato, avec un travail particulier des yeux. L’humour s’exprime donc graphiquement. Les trames d’ambiance alternent avec les décors. Les flash-back sont bien intégrés. Le choix des angles de vue, variés, accompagnent beaucoup la mise en page dynamique. Ainsi, cela permet de mettre en avant les détails mais également les sentiments dans les scènes érotiques non censurées. Par ailleurs, une fiche sur les personnages apporte quelques renseignements complémentaires.

En résumé

Mito Itsuki conseille son petit frère Minato (23 ans) et l’encourage à retenter sa chance avec Ikushima Shizuma (24 ans). En effet, il a tendance à abandonner rapidement ses relations par peur d’être blessé plus tard. Mais Shizuma reste introuvable et ne répond plus au téléphone. A l’université, Minato reçoit l’aide des deux amis de l’étudiant, ainsi que celle de Yuka qui arrive à pirater le téléphone portable de Shizuma. Mito reconnaît immédiatement les photos de paysages récemment prises. En effet, Shizuma est parti dans la ville d’origine de son petit ami. Sur place, il découvre le passé dramatique de la famille Kirigaya. Minato part alors à sa recherche. En le trouvant sur la plage, il lui saute dans les bras…

En conclusion

La relation entre les deux héros est entrainante et pleine d’amour. J’adore comment Hinohara sensei dessine les yeux de ses personnages, effilés, avec l’ouverture changeant selon leurs émotions, et même complètement simplifiés dans les passages humoristiques. Je n’ai pas envie de les quitter. Et cela tombe bien car leur histoire continue actuellement dans Therapy game restart.

The story of never ending unhappiness – Ogawa Chise

the story of never ending unhappiness ogawa chise
OGAWA Chise 緒川千世
ISBN: 9782368774762
Boy’s love IDP, 2016
ISBN: 9784796407694 (JP)
Kaiohsha, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

Nourrissant un amour à sens unique depuis huit ans pour son ami, Udô trouvera-t-il enfin le bonheur?

Ogawa Chitose sensei développe l’histoire d’amour douloureuse d’Udô Takayuki, le frère ainé de Ryûta, héros dans Le cœur de la méprise. Dans sa postface, elle précise que les évènements se passent un an plus tard. Elle s’attèle principalement à décrire les sentiments et l’état d’esprit de Takayuki, avec ses hauts et ses bas. L’étudiant est donc le narrateur principal. En outre, le contraste entre son paraître plein d’assurance et son réel caractère pessimiste en fait un personnage à la fois attendrissant et antipathique. Néanmoins, l’auteure a peu développé la personnalité de Kiyotake, qui passe pour un simple sportif probe. En introduisant le chapitre « Le cœur de la méprise », elle relie les différents évènements dans lesquels apparaissent Miki et Ryûta tout en concluant leur histoire. En fin de tome, un récit bonus présente l’enregistrement du drama CD.

La mangaka utilise un trait épuré plutôt simplifié et reconnaissable immédiatement. Elle exagère les expressions donnant une touche humoristique discrète. Elle alterne les décors et les trames d’ambiance. La variation des angles de vue dynamise la mise en page. Les scènes érotiques évitent de montrer les détails grâce aux cadrages. Et il y a toujours quelque chose pour obstruer la vue.

En résumé

The story of never ending unhappiness / Le début du bonheur: Udô Takayuki participe à un gôkon et y croise Kiyotake, un ami du collège qu’il n’a pas vu depuis huit ans. En réalité, il était amoureux de ce rival au basket-ball et, par dépit, lui avait piqué sa petite amie. Suite à leur dispute, Udô a préféré l’éviter allant même jusqu’à changer de lycée. Il constate alors que l’honnête Kiyotake apprécie toujours autant les filles petites aux longs cheveux, sympathisant très vite avec Natsumi. Mais de dernier ayant trop bu, Udô propose de le déposer en voiture. Son ami s’endort et l’étudiant profite alors de son inconscience pour coucher avec lui. Il espère ainsi en finir avec cet amour douloureux qui perdure. A son réveil, Kiyotake ne semble pas avoir de souvenir…
The heart of miscalculation – Le cœur de la méprise: Bien qu’en terminale, Miki Toshihiro profite avec insouciance des instants passés avec son petit ami Udô Ryûta. Mais sa mère, qui les a surpris, le sermonne, la période de révision pour les concours de l’université ayant débuté. Elle lui reproche donc de ne pas réfléchir à son avenir et lui interdit de fréquenter Ryûta. Même Udô Takayuki met en doute la pérennité de sa relation…

En conclusion

Ce manga a obtenu la onzième place au Chill Chill BL award 2016. Udô est classé douzième meilleur uke. Normalement, ce spin-off de Le cœur de la méprise concluait la série qui a débuté avec The world revolves around you. Mais Ogawa sensei a dessiné par la suite des petites historiettes publiées en 2018 dans un recueil, Love story of misfortune and miscalculations, regroupant également quelques dôjinshi aux éditions Libre. Il est intéressant de voir le manque de confiance d’Udô lui gâcher sa relation amoureuse, n’arrivant pas à croire à la concrétisation de son amour. Même si ce couple n’est pas mon préféré, j’ai apprécié leur romance. Je ne peux donc que leur souhaiter du bonheur!

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