Hand wich – Suzuki Tsuta

hand which suzuki tsuta
SUZUKI Tsuta 鈴木ツタ
ISBN: 9782351806685
Taifu comics, 2012
ISBN: 9784812464625 (JP)
Takeshobo, 2006 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

Un recueil d’histoires courtes sur le développement du sentiment amoureux.

Suzuki Tsuta sensei offre un recueil de plusieurs romances pour son premier manga publié. Elle se focalise principalement sur le développement des sentiments amoureux. Néanmoins, elle n’approfondit pas le sujet à cause du format très court. Les deux premières histoires s’intéressent à un groupe d’amis dans lequel des couples se forment, mettant en avant les questionnements sur l’attirance. En effet, Udaka et Kuroshima cachent plus ou moins leur homosexualité alors que Takada affirme clairement sa bisexualité. Sawazu va réaliser quant à lui la primauté des sentiments sur le genre. Dans « Un coeur déterminé » puis « Force d’attraction à 10 mètres de distance », développés en deux chapitres, l’auteure alterne les points de vue des protagonistes. Ainsi, elle met en avant des uke plutôt maladroits pour exprimer leurs sentiments. La quatrième histoire se dénote des autres récits, avec une relation plutôt ambiguë mais une excellente surprise au final.

La mangaka a un trait légèrement épuré et anguleux. Elle fait passer les expressions principalement par le travail des regards. Même si ses personnages rougissent facilement, ils dégagent une certaine maturité. Les décors situent l’action. De même, les trames d’ambiance se font discrètes. Suzuki sensei censure les scènes érotiques en jouant sur les angles de vue et les cadrages. Toutefois, les images restent assez suggestives. La postface en manga apporte une touche humoristique. Sous la jaquette, il y a un dessin sexy et au verso du livre, une étiquette amusante qui s’adresse aux lecteurs.

En résumé

Hand which: Lors d’une soirée de beuverie avec ses amis, Sawazu déclame haut et fort qu’il veut devenir gay après s’être fait plaquer par sa petite amie. Le lendemain matin, il se réveille complètement nu aux côtés de son discret ami Udaka…
Shake hand / Bonus: Kuroshima a toujours été le confident d’Udaka. Mais en réalité il est amoureux de lui. Maintenant que son ami sort avec Sawazu, il essaie d’oublier sa jalousie. Un soir, il invite Takada à dîner pour tromper sa peine. Mais son ami ayant deviné son secret, commence à l’aguicher…
Un cœur déterminé / Des paroles précises: Chikuba surprend un salaryman, qui vient de lui acheter un bento avec un air dégouté, en train de donner la viande à un chaton abandonné. Comme Tsuzuki est allergique aux chats, il lui propose alors de s’en occuper et lui offre en échange un autre repas. Mais le salaryman récemment divorcé est très difficile sur les aliments. Le traiteur décide donc de relever le défi de le faire manger.
Je m’en remets à vous: Iwata écrit des livres pour enfants mais passe ses nerfs sur Aono, qui s’occupe des tâches ménagères. Ce dernier, amoureux, commence même à apprécier les coups de l’écrivain…
Force d’attraction à 10 mètres de distance / 8 mètres en ligne droite: Hideaki est envoyé chez son voisin pour récupérer les sous-vêtements de sa mère qui sont tombés. Mais il surprend Kameoka Bunzô en plein ébat avec un homme.

En conclusion

Réalisé à ses débuts, on sent parfois quelques faiblesses dans l’enchaînement des scènes mais le graphisme déjà maîtrisé permet de se plonger sans problème dans ces histoires courtes. On retrouve déjà les bases du style de l’auteure: une pointe de comédie dans des récits dramatiques ou romantiques. Une lecture facile qui nous livre un agréable divertissement.

Un oisillon sur le rivage – Minaduki Yuu

un oisillon sur le rivage minaduki yuu
MINADUKI Yuu 南月ゆう
ISBN: 9782368773946
Boy’s love IDP, 2018
ISBN: 9784199607431 (JP)
Tokuma shoten, 2018 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: absolument

A force d’être poli par la mer, un tesson de verre se transforme en trésor.

Minaduki Yuu sensei présente une belle romance ayant pour thème la famille. Elle développe particulièrement bien la psychologie de ses personnages. Ainsi, une complicité naît entre Ryô et Ayumu. L’enfant taciturne et franc essaie de soutenir à sa manière son oncle qui a peur de ne pas être à la hauteur. Contrairement à son aspect mûr, Kurebayashi a parfois un comportement encore enfantin et se montre très possessif. Il cache derrière son sourire sa vraie personnalité blessée et sa solitude. L’auteure dépeint avec finesse l’évolution des sentiments et l’équilibre qui s’instaure entre les trois héros qui s’ouvrent peu à peu l’un à l’autre. Elle aborde également les difficultés de la famille monoparentale entre les reproches des collègues, les remarques blessantes. En introduisant Shimamura Kazuya et sa mère, elle montre comment les liens se forment facilement quand on a des points communs. La narration alterne entre Ryô et Yûichi.

La mangaka a un trait épuré et fin qui conserve tout de même une petite touche réaliste. Elle soigne les décors, très présents. Ainsi, dans la ville, les architectures contemporaines côtoient celles plus anciennes, renforçant le côté réaliste du récit. Les trames variées, servent avant tout à colorer et ombrer. Il y a tout de même quelques trames d’ambiance graphiques. La mise en page est très dynamique. Minaduki sensei censure discrètement ses scènes érotiques par des cadrages évitant d’exposer trop de détails. Sous la jaquette, elle offre une planche amusante avec Ayumu et Ryô se disputant une place au lit, comme des enfants. Il y a également la postface. Les images vers la fin reboucle discrètement sur le début du tome, laissant alors supposer que Ryô est en réalité le héros de ce récit.

En résumé

Depuis le décès de ses parents et de sa sœur, Tachibana Yûichi (28 ans) élève seul son neveu Okano Ayumu. Tous deux s’installent dans un petit appartement proche de la mer. Affamés, ils trouvent une épicerie fine, Beniya, qui vend des plats « maison » à emporter. Le gérant, Kurebayashi Ryô (28 ans), se montre très avenant avec son nouveau client et lui propose même de lui faire visiter la ville en échange de son aide. Le lendemain, ils terminent donc leur promenade au bord de la plage. Comme son oncle apprécie le verre poli par la mer offert par Ryô, l’enfant en ramasse alors chaque soir avec des coquillages, après l’école. Ryô, qui aime aussi passer du temps à la plage, lui confie qu’il a également perdu ses parents jeune et a été élevé par des proches. Quand Ryûichi vient chercher à manger, il ne lui cache également pas son intérêt.

En conclusion

Ce one-shot a obtenu la neuvième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2019. Il m’a complètement conquise. J’adore la douceur de la narration, les petits détails du quotidien et la relation qui se crée entre les personnages, même avec Kazuya et Mme Shimamura. Je ne me lasse pas de le lire et le relire. Allez-y sans peur!

The capricious love is moderate – Nohagi Aki

the capricious love is moderate nohagi aki
NOHAGI Aki 野萩あき
ISBN: 9782368775288
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784796408288 (JP)
Kaiohsha, 2016 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

Des amours capricieux avec des manipulateurs tout aussi surprenants.

Nohagi Aki sensei propose un recueil mettant en scène trois manipulateurs capricieux à la recherche de l’amour. Le format court ne permet pas d’approfondir les histoires, tout de même développée sur deux chapitres. L’auteure aime brouiller les pistes: les seme ne sont pas forcément ceux à qui le lecteur s’attendait. Par exemple, la première histoire narre les déboires d’un prétentieux dragueur qui se fait prendre à son propre jeu. Le seme très dominant l’entraîne donc dans des relations peu consenties, presque punitives. « Intérêt » met en avant la manipulation d’un uke narcissique qui plonge son partenaire dans une relation tordue presque SM. Le dernier récit présente un amour réciproque entre deux lycéens homosexuels qui se cachent. Tandis que Mizoguchi, le narrateur, évite tout contact, Sawahara joue les hétéros. Leur rencontre va leur permettre de dépasser leur peur du rejet et la douleur des paroles blessantes.

La mangaka utilise des traits fins et épurés, dans un style graphique assez classique. Certains de ses personnages ont malheureusement tendance à se ressembler. La mise en page est par contre dynamique. Et Nohagi sensei équilibre très bien les trames d’ambiance et les décors. Même ses trames d’ombres et de coloration donnent un certain naturel à ses pages. En plus, ses angles de vue sont recherchés dans certaines vignettes. Les illustrations de début de chapitre introduisent l’ambiance du récit à venir. Les scènes érotiques sont censurées en évitant de dessiner tout simplement les parties intimes.

En résumé

Jouer, mais pas trop / Après le jeu: Tanihana s’est lassé des femmes et souhaite essayer la sodomie avec un homme. Il insiste auprès de son ami et collègue Kinoshita pour qu’il lui présente un ami gay. Ce dernier lui propose de rencontrer Shimakawa qui travaille dans une boutique de costumes sur mesure. Ce dernier envoie balader le prétentieux fils de PDG. Mais cela ne fait que motiver encore plus le salaryman. Remarquant que le vendeur est amoureux de son patron marié, Tanihana le provoque mais la suite ne se déroule pas vraiment comme il l’avait calculé.
Intérêt / Je suis ton chien de Pavlov: Kishi est l’un des rares amis de Someya. En effet, ce dernier, narcissique, n’aime que lui-même. Après les cours, il a pris l’habitude de se soulager aux toilettes. Comme Kishi l’attend patiemment à l’extérieur, Someya lui propose un jour de se masturber ensemble. Kishi cache d’abord son trouble, mais il se demande de plus en plus ce qu’écoute son ami pendant sa petite affaire…
Ton parfum / Je ne peux pas vivre sans toi: Mizoguchi Yûsuke préfère rester tranquille et isolé. Il se contente d’apprécier les beaux garçons assis à côté de lui. Mais avec le dernier changement de places, le bruyant Sawahara Takuto se retrouve devant lui et entame à chaque fois la discussion. En outre, il met un parfum insupportable. Excédé, le lycéen lui fait la remarque. Découvrant que Yû apprécie son odeur naturelle, Taku réussit enfin à sympathiser avec lui.

En conclusion

« Ton parfum » est mon histoire préférée. Son ton plus réaliste et abouti et ses personnages attachants me touchent vraiment. De même, le couple de « Intérêt » suscite ma curiosité. L’auteure brouille parfaitement les pistes de dominant et dominé, avec la relation étrange qu’entretiennent Kishi et Someya. En effet, c’est le uke qui domine complètement son seme. Une lecture distrayante donc!

Drag-less sex – Enzo

drag-less sex enzo
Enzo エンゾウ
ISBN: 9782368776018
Boy’s love IDP, 2018
ISBN: 9784801956193 (JP)
Takeshobo, 2016 (JP)
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: si on s'ennuie

« Erotisme et sexe à haute tension. »

Dans ce recueil, Enzo sensei utilise un scénario prétexte à des scènes de sexe torrides. L’idée du syndrome des phéromones qui transforme les personnages en obsédés sexuels insatiables est sympathique mais le développement manque de subtilité. L’aventure entre Sugino et Hinoki s’étale sur trois chapitres qui permettent d’inclure un peu plus de sentiments dans ces relations charnelles. Deux autres histoires complètent ce volume. Le dernier récit se déroule sur deux chapitres et tourne en dérision un amour pervers obsessionnel. Sous la jaquette, l’auteur partage les secrets de fabrication et une histoire humoristique avec le couple de « Je veux t’aimer ». Elle voulait répondre au slogan du magazine de prépublication: « salement mature et douloureusement dramatique ». Un deuxième tome de Drag-less sex uniquement consacré au couple de Tatsumi et Inui a été publié en 2018 et a obtenu la seconde place du meilleur manga au Chill Chill BL awards 2019.

Le style reconnaissable de la mangaka avec des yeux cernés de noir, souvent tombants, est très expressif. Comme il y a peu de décors et de trames d’ambiance, ses pages sont assez blanches. Pendant les scènes érotiques, elle a tendance à abuser des gros plans. La censure cache de petits détails.

En résumé

Dragless sex (Sugino & Hinoki) / (Sugino & Hinoki #2) / (Bonus): Le salaryman Hinoki Tôru est atteint par le syndrome des phéromones. « Ceux qui sont touchés éprouvent du désir simplement en rencontrant quelqu’un qui est attiré par eux, indépendamment du sexe de la personne. » Malgré son traitement, il est troublé et excité par le vendeur de bentô Sugino Kôichi. Ce dernier le suit jusque dans les toilettes…
Dragless sex (Tatsumi & Inui): Atteint du syndrome des phéromones, Tatsumi ne prend pas son traitement et en profite pour coucher facilement avec toutes les femmes du lycée, dont les professeures. Dérangé en pleine action par l’otaku Inui, il remarque que ce dernier réagit à son odeur.
Dragless sex (Mura & Yakushiji): Le professeur Miura, génie en biochimie, n’arrive pas à convaincre ses mécènes de financer ses recherches sur le syndrome des phéromones, ces derniers exigeant la création d’un inhibiteur. Mais un des employés, Yakushiku, semble contaminé…
Un bon à rien: Moriyama se fait plaquer dans le restaurant où travaille son voisin, Mizukawa. Le serveur, entendant un grand bruit dans l’appartement voisin, découvre le salaryman effondré parmi des déchets. En effet, ce dernier ne participait pas du tout aux tâches ménagères. Apprenant que Moriyama était en fait marié, il décide de l’entraîner pour reconquérir son épouse…
Je veux t’aimer / Je veux t’aimer #2: Fujio et Masumi sont voisins et amis d’enfance. Ils sortent ensemble, mais Fujio a des penchants plutôt pervers…

En conclusion

Classé à la onzième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2017, ce recueil est comme un défouloir où tout est prétexte pour une partie de jambes en l’air. Certains passages de « Je veux t’aimer » peuvent même choquer certaines sensibilités. J’ai tout de même apprécié « Un bon à rien », qui dépeint une histoire un peu plus tendre que les autres, avec un homme en instance de divorce.