Pas touche au petit chat! – Ogawa Chise

pas touche au petit chat ogawa chise
OGAWA Chise 緒川千世
ISBN: 9782368775509
Boy’s love IDP, 2017
ISBN: 9784813031314 (JP)
Taiyohtosho, 2016 (JP)
Titre original: おいたが過ぎるわ子猫ちゃん
Manga
Ero-mètre: hot
Recommandation: un peu

« Quand le chaton inoffensif n’hésite pas à griffer le loup prédateur, quitte à lui faire (vraiment) mal! »

Ogawa Chise sensei offre une comédie romantique amusante avec un naïf lycéen maladroit et un capricieux trentenaire pervers. Elle joue beaucoup sur le comique de situation et de répétition sur le thème de « l’approche séductrice à ses risques et périls ». La narration donne d’abord le point de vue de Kyûta avant de laisser le mot de la fin à Etsurô. Les personnages ont tout de même une personnalité travaillée: Etsurô représente le dragueur lourd typique, mais fuit en réalité la souffrance de la solitude. De même, Kyûta s’avère moins naïf qu’il n’y paraît et réfléchit sérieusement à ses sentiments. Par la suite, l’auteure introduit l’entourage du lycéen, aussi bien à l’école que sa famille, pour faire évoluer ses sentiments et lui faire prendre conscience de la différence d’âge. Elle ajoute un chapitre abordant avec humour les difficultés à se déclarer auprès des parents quand la pression du mariage les inquiète.

La mangaka a un trait épuré avec un style reconnaissable, qu’elle simplifie pour les passages humoristiques. Elle détaille les décors, rendant le désordre de la vieille maison, le parquet grinçant, l’ancienneté de l’architecture du quartier. Elle utilise principalement les trames pour colorer ou ombrer. Les trames d’ambiance sont donc très rares. La mise en page est dynamique et accompagne parfaitement les chutes humoristiques. Les illustrations de début de chapitre présentent une scène du quotidien. Ogawa sensei ose même dessiner Etsurô aux toilettes! Elle censure à peine les scènes érotiques en traçant avec des traits discontinus et légers, les parties génitales. En plus, elle joue beaucoup sur les angles de vue pour cacher l’essentiel. Ainsi, certaines scènes dégagent de la sensualité.

En résumé

Komori Kyûta s’occupe régulièrement de son cousin au deuxième degré, Kasai Etsurô (35 ans), un calligraphe célibataire qui vit seul dans une ancienne maison depuis le décès de ses parents. Ce dernier, capricieux et coureur de jupons, passe son temps à taquiner le jeune homme avec des blagues salaces. Mais un jour, il lui évite de se faire renverser par un scooter dans la ruelle et finit avec le bras cassé. Se sentant responsable, Kyûta demande ce qu’il peut faire pour se faire pardonner. Alors Etsurô lui demande de s’occuper des tâches ménagères. Pourtant un soir, il embrasse le jeune homme pendant son sommeil. Kyûta, intrigué, interroge ensuite son cousin, enfin guéri, sur ses intentions. Le calligraphe commence donc à l’embrasser mais quand il cherche à aller plus loin, Kyûta se défend et lui casse une côte…

En conclusion

Ce one-shot a obtenu la dix-septième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2017. Après l’atmosphère plutôt pesante de ses séries comme par exemple Caste heaven ou même Le cœur de la méprise, l’auteure s’attaque à un tout autre registre: l’humour. Et elle arrive à maîtriser ce style tout en conservant ses particularités: des personnages plus profonds qu’ils ne paraissent, des sentiments parfois exacerbés, des relations d’abord tendues. La perversité d’Etsurô devient comique parce qu’il se laisse en fait mener par le bout du nez par Kyûta. Le couple devient alors attachant. Je me suis bien amusée en découvrant leurs aventures!

The story of never ending unhappiness – Ogawa Chise

the story of never ending unhappiness ogawa chise
OGAWA Chise 緒川千世
ISBN: 9782368774762
Boy’s love IDP, 2016
ISBN: 9784796407694 (JP)
Kaiohsha, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: juste ce qu'il faut
Recommandation: un peu

Nourrissant un amour à sens unique depuis huit ans pour son ami, Udô trouvera-t-il enfin le bonheur?

Ogawa Chitose sensei développe l’histoire d’amour douloureuse d’Udô Takayuki, le frère ainé de Ryûta, héros dans Le cœur de la méprise. Dans sa postface, elle précise que les évènements se passent un an plus tard. Elle s’attèle principalement à décrire les sentiments et l’état d’esprit de Takayuki, avec ses hauts et ses bas. L’étudiant est donc le narrateur principal. En outre, le contraste entre son paraître plein d’assurance et son réel caractère pessimiste en fait un personnage à la fois attendrissant et antipathique. Néanmoins, l’auteure a peu développé la personnalité de Kiyotake, qui passe pour un simple sportif probe. En introduisant le chapitre « Le cœur de la méprise », elle relie les différents évènements dans lesquels apparaissent Miki et Ryûta tout en concluant leur histoire. En fin de tome, un récit bonus présente l’enregistrement du drama CD.

La mangaka utilise un trait épuré plutôt simplifié et reconnaissable immédiatement. Elle exagère les expressions donnant une touche humoristique discrète. Elle alterne les décors et les trames d’ambiance. La variation des angles de vue dynamise la mise en page. Les scènes érotiques évitent de montrer les détails grâce aux cadrages. Et il y a toujours quelque chose pour obstruer la vue.

En résumé

The story of never ending unhappiness / Le début du bonheur: Udô Takayuki participe à un gôkon et y croise Kiyotake, un ami du collège qu’il n’a pas vu depuis huit ans. En réalité, il était amoureux de ce rival au basket-ball et, par dépit, lui avait piqué sa petite amie. Suite à leur dispute, Udô a préféré l’éviter allant même jusqu’à changer de lycée. Il constate alors que l’honnête Kiyotake apprécie toujours autant les filles petites aux longs cheveux, sympathisant très vite avec Natsumi. Mais de dernier ayant trop bu, Udô propose de le déposer en voiture. Son ami s’endort et l’étudiant profite alors de son inconscience pour coucher avec lui. Il espère ainsi en finir avec cet amour douloureux qui perdure. A son réveil, Kiyotake ne semble pas avoir de souvenir…
The heart of miscalculation – Le cœur de la méprise: Bien qu’en terminale, Miki Toshihiro profite avec insouciance des instants passés avec son petit ami Udô Ryûta. Mais sa mère, qui les a surpris, le sermonne, la période de révision pour les concours de l’université ayant débuté. Elle lui reproche donc de ne pas réfléchir à son avenir et lui interdit de fréquenter Ryûta. Même Udô Takayuki met en doute la pérennité de sa relation…

En conclusion

Ce manga a obtenu la onzième place au Chill Chill BL award 2016. Udô est classé douzième meilleur uke. Normalement, ce spin-off de Le cœur de la méprise concluait la série qui a débuté avec The world revolves around you. Mais Ogawa sensei a dessiné par la suite des petites historiettes publiées en 2018 dans un recueil, Love story of misfortune and miscalculations, regroupant également quelques dôjinshi aux éditions Libre. Il est intéressant de voir le manque de confiance d’Udô lui gâcher sa relation amoureuse, n’arrivant pas à croire à la concrétisation de son amour. Même si ce couple n’est pas mon préféré, j’ai apprécié leur romance. Je ne peux donc que leur souhaiter du bonheur!

Le cœur de la méprise – Ogawa Chise

le coeur de la meprise ogawa chitose
OGAWA Chise 緒川千世
ISBN: 9782368771563
Boy’s love IDP, 2014
ISBN: 9784796404303 (JP)
Kaiohsha, 2013 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: un peu

Quand la persévérance et la prévenance font palpiter le cœur.

Dans ce recueil, Ogawa Chise sensei questionne l’amour qui se développe face à la prévenance et la tendresse. La première histoire donne son titre au manga et occupe la moitié du tome. La narration débute avec Miki pour passer ensuite à Udô. L’auteure pointe les différentes expressions de l’amour comme la tendresse, la possessivité, la jalousie et la violence. Elle s’amuse en confrontant deux beaux garçons aux caractères opposés: Miki est frivole et considère l’amour comme un jeu alors qu’Udô est plutôt sérieux et aimant. Cependant, leurs sentiments amoureux dévoileront d’autres facettes de leurs personnalités. L’histoire bonus offre une anecdote amusante sur le couple mettant en avant le côté obsédé de l’uke. « Last summer blues » est une romance platonique s’intéressant à la limite entre l’attirance, l’admiration et la compassion. Le dernier chapitre offre une douce romance à ses débuts entre un salaryman maladroit qui fond pour quelqu’un de prévenant.

La mangaka a un trait épuré qu’elle n’hésite pas à simplifier dans les moments amusants. Par exemple, les yeux deviennent de simples points ou traits. Les trames d’ambiance sont discrètes et il y a peu de décors. Même si les trames servent principalement à la coloration et aux ombres, elles sont assez claires. De plus, le blanc domine sur les pages, Ogawa sensei jouant sur les ellipses et les cases vides. De même, la mise en page est dynamique. Les scènes érotiques évitent les détails, privilégiant les préliminaires. En outre, le jeu de cadrage permet d’en montrer le moins possible.

En résumé

Le cœur de la méprise / The date of miscalculation: Miki sort avec n’importe quelle fille du moment qu’il peut être satisfait sexuellement. Un jour, il surprend Udô en train de se séparer de sa petite amie, n’éprouvant aucun sentiment pour elle. Pour l’aider, il se fait alors passer pour son petit copain.
Last summer blues: Kuzumi est le meilleur lanceur de l’équipe de base-ball de son lycée. Malheureusement, il n’a pu mener son équipe au Kôshien, éliminée à la finale du tournoi régional. Depuis, il évite le club. Pourtant Ichigaya, son kôhai, grand admirateur et rival, tente désespérément de le faire revenir…
Un après-midi sans défense: Surnommé le chef-démon, Ômura a été promu dans la section planning et doit former les nouveaux, mais il n’aime pas le travail d’équipe. Tamachi, de la section vente, cherche à sympathiser avec lui mais, par inadvertance, il casse les lunettes de vue d’Ômura…

En conclusion

Il est amusant de voir le stoïque Udô craquer pour le capricieux et obsédé Miki. Les deux autres histoires sont mignonnes, sans scènes érotiques. Même si la psychologie des personnages est peu approfondie, on passe un agréable moment. Au Chill Chill BL award 2014, ce titre était placé quatorzième des meilleurs manga.

The world revolves around you – Ogawa Chise

the world revolves around you ogawa chise
OGAWA Chise 緒川千世
ISBN: 9782368771556
Boy’s love IDP, 2014
ISBN: 9784796404365 (JP)
Kaiohsha, 2013
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: si on s'ennuie

« Aime-moi et laisse-moi t’aimer. »

Dans ce recueil, Ogawa Chise sensei regroupe ses premiers récits réalisés à l’origine en dôjinshi. Elle va à l’essentiel dans ces formats parfois très courts. Ce gakuenmono confronte des seme entreprenants à des uke hésitants; le consentement n’est donc pas forcément clair. La première histoire donne son titre au manga et met en scène un amour manipulateur entre deux protagonistes complexés qui cherchent à exister à travers l’amour de l’autre. « Le manga du faux coiffeur » est le premier BL de l’auteure. Alors que Yûshi se montre possessif, Tadachika n’est pas honnête avec ses propres sentiments. Le récit suivant met en valeur Harumi qui se sent en fait hideux de l’intérieur bien qu’il a pleinement conscience de son charme. La quatrième histoire aborde vaguement les ravages des rumeurs mais s’attarde surtout sur le petit jeu qui s’installe dans le couple. Enfin, « Excellent dessert » est une comédie romantique entre deux beaux gosses dont l’un est très gourmand.

Le style de la mangaka se remarque déjà: des visages anguleux, des corps graciles. Les yeux paraissent un peu vide avec parfois de minuscules pupilles. Les uke sont toujours plus petits et semblent plus fragiles ou efféminés. L’humour est renforcé par la simplification des traits. Il y a peu de décors et de trames. Les cadrages sont assez dynamiques et abusent un peu des ellipses. Les scènes érotiques évitent la censure par le choix de cadrages ne montrant pas les parties intimes.

En résumé

Le monde tourne autour de toi / Le monde est dans tes bras: Complexé par la banalité de son visage, Maki Sôichi ne comprend pas pourquoi le beau Fukamachi le trouve mignon. De plus, ce dernier dit l’aimer et le poursuit de ses assiduités.
Le manga du faux coiffeur: Takada Yûshi souhaite prendre la suite du salon de coiffure de ses parents. Pour s’entraîner, il joue le coiffeur temporaire en salle de chimie et en profite pour se faire un peu d’argent. Son client préféré, Tadachika, le trouve beau mais est de plus en plus troublé par ses petits attouchements, jusqu’au jour où il l’embrasse.
Bête et beau: Harumi est beau mais bête avec, en plus, un mauvais caractère. Il emprunte souvent les notes de son ami Ryôhei qu’il remercie à chaque fois en l’embrassant. Alors que Ryôhei attire les gens par sa gentillesse, Harumi fait tout pour le garder auprès de lui, quitte à saborder les déclarations d’amour des filles que son ami reçoit.
Âme bon marché / Un avenir rayonnant: Quand son kôhai Mori Yôsuke lui annonce vouloir essayer de coucher avec un homme, Satomi accepte contre la somme dérisoire de 100 yens. Malgré les rumeurs tendancieuses qui circulent sur lui dû à son homosexualité, il est en réalité plutôt inexpérimenté. Un jeu s’engage alors entre les deux garçons.
Excellent dessert: Natsume a la côte auprès des filles et en profite pour avoir des friandises. Mais son rival Kaji lui vole la vedette. Pourquoi accepte-t-il alors de partager ses gâteaux?

En conclusion

Les formats trop courts ne permettent pas d’approfondir le scénario. Même si le graphisme de la mangaka est déjà reconnaissable, certains personnages se ressemblent, brouillant un peu la compréhension. Et ces seme qui privilégient la contrainte psychologique ou physique sont assez dérangeants. J’ai bien aimé « Âme bon marché » avec sa conclusion se déroulant quelques années plus tard.

Caste heaven 1 – Ogawa Chise

caste heaven 1 ogawa chise
OGAWA Chise 緒川千世
ISBN: 9782351809679
Taifu comics, 2016
ISBN: 9784799725436 (JP)
Libre, 2015 (JP)
Manga
Ero-mètre: soft
Recommandation: un peu

Le monde ne se résume-t-il vraiment qu’à manipuler ou être manipulé?

Ogawa Chise sensei dépeint la noirceur humaine à travers sa série en s’intéressant à différents couples qui se forment suite à un jeu imposant une hiérarchie. La narration varie selon le point de vue d’un personnage: pour ce premier tome, Azusa, Kusakabe et Kuze. L’auteure décrit parfaitement comment les brimades se mettent en place dans l’indifférence, comment les victimes peuvent se briser ou se rebeller et comment des sentiments contradictoires prennent forme avec l’effet de groupe ou l’isolement. De même, elle travaille la psychologie de ses protagonistes, même si certains ont des profils un peu clichés. Ainsi, Azusa, issu d’un milieu modeste, se retrouve confronté au privilégié Karino. De plus, les caractères de Kusakabe et Kuze s’opposent totalement: l’ancienne cible connaît les brimades et l’isolement bien avant le jeu et le beau gosse tire parti de son charme pour obtenir ce qu’il veut.

La mangaka possède un style graphique plutôt classique mais le traitement de ses visages simplifiés est assez reconnaissable. De même, ses uke sont typés: fins avec quelques traits efféminés. Les autres personnages ont des carrures variées. Sa mise en page est plutôt dynamique. L’équilibre entre les décors et les trames permet de jouer sur les clairs-obscurs et l’ambiance. La censure des scènes érotiques est discrète avec un jeu sur les angles de vue mais cela n’empêche pas de mettre une fine bandelette blanche. L’illustration de postface humoristique permet de détendre l’atmosphère plutôt lourde du récit.

En résumé

Dans ce lycée, le jeu des castes détermine la hiérarchie en classe. Organisé à l’improviste, chaque élève se doit de retrouver une carte cachée dans le lycée. La valeur de la carte confère un statut auquel ils doivent se conformer jusqu’à la prochaine partie. Celui qui ne respecte pas les règles devient automatiquement une cible, soit un souffre-douleur, désigné normalement par le Jocker. Azusa Yûya est un roi autoritaire qui manipule sans vergogne son courtisan Karino Kôhei. Il avait en réalité échangé sa carte de cible avec Kusakabe Atsumu. Lorsque le jeu est relancé, il pense profiter de l’affection de son sous-fifre pour conserver sa place. Cependant, il est poussé dans les escaliers avant d’être violé. Il réalise alors que Karino a décidé de se venger: devenu roi, le lycéen lui cède la carte de cible. Le cauchemar débute pour le roi déchu!

En conclusion

Ce manga a obtenu la dix-huitième place du meilleur manga au Chill Chill BL award 2016. Il dégage une certaine violence psychologique qui pourra déranger certains lecteurs. En effet, le viol sert avant tout à dominer et rabaisser. Ogawa sensei ne le remet pas en cause et Azusa semble de plus s’y habituer. Mais cela correspond au thème général. Par contre, j’adore le couple Kuze*Kusakabe.

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